Édito
Emmanuel Macron est-il en train de préparer son retour... en 2032 ?

Emmanuel Macron cherche à garder la main sur l’après-2027. Ne pouvant, de par la Constitution, pas se présenter lors du prochain scrutin présidentiel, l'actuel chef de l'État laisse planer le doute sur ses intentions pour 2032.

Article rédigé par Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron a fait une apparition au meeting des dix ans des Jeunes avec Macron, le 5 juillet 2025. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)
Emmanuel Macron a fait une apparition au meeting des dix ans des Jeunes avec Macron, le 5 juillet 2025. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Emmanuel Macron pense-t-il déjà à la présidentielle de 2032 pour revenir sur le devant de la scène ? Ce ne sont plus des cailloux, ce sont des pavés que jette l'actuel président de la République. Samedi 5 juin, il s’est invité au meeting des dix ans des Jeunes avec Macron, renommés pour l’occasion les "Jeunes en marche". Si son nom disparaît du mouvement, le chef de l’État a voulu montrer qu’il faudrait encore compter avec lui, et pour longtemps. "Je suis venu vous dire que ça n’était pas fini. J’aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans !" a presque imploré Emmanuel Macron. Pas question pour lui de perdre cette posture tutélaire vis-à-vis de ces jeunes à qui il doit tant.

Ce n’est pas la première fois que le chef de l’État laisse planer l’idée d’une troisième candidature à la présidentielle. Récemment sur TF1, Emmanuel Macron a refusé de dire qu’il excluait de se représenter en 2032, malgré la question de Gilles Bouleau. Il a aussi semblé déplorer le fait d’être "le premier président de notre Histoire qui n’a pas le droit constitutionnellement de se représenter". Cette règle, qui limite à deux les mandats présidentiels successifs et qui lui barre la route de 2027, Emmanuel Macron l’avait qualifiée de "funeste connerie" à l’été 2023.

Éviter l'effacement 

S'il remet ce sujet sur la table dès maintenant c'est d'abord parce qu'un homme politique sans élections, c’est comme un champion d’échecs sans tournois, un compositeur sans inspiration, un soliste sans public. C’est la mort politique qui le guette. Pour Emmanuel Macron, rappeler qu’il pourrait être candidat en 2032 lui permet de tenter de contrer ce qui ressemble à son inexorable effacement. Il s’adresse aussi aux macronistes. À ceux de ses anciens fidèles qui font comme s’ils ne lui devaient rien, et déjà comme s’il n’existait plus. Dans le viseur d’Emmanuel Macron, il y a Gabriel Attal, qui a fait un pas de plus vers 2027, samedi, en disant vouloir proposer un chemin aux Français. "À trop parler de cette échéance, à trop être dans les calculs, personne n’ira nulle part !", a sèchement recadré le président de la République, qui l’a ostensiblement snobé pendant tout le meeting.

Emmanuel Macron a une dent contre Gabriel Attal. Fin 2024, le chef de l’État a tenté d'empêcher son ancien Premier ministre de prendre la tête du parti Renaissance, de peur que la machine lui échappe… en vain. Aujourd’hui, Emmanuel Macron cherche à écarter les successeurs qui lui déplaisent — ou qui lui ressemblent trop, peut-être. Contrôler 2027, c’est aussi tenter de dégager la voie… pour 2032. Paradoxalement, le président s’efforce de conjurer les conséquences d’une situation politique qu’il a lui-même accélérée en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale.

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