Bétharram : le lanceur d'alerte Alain Esquerre déplore l'absence de création d'une "structure ad hoc" pour une meilleure protection des victimes
Alain Esquerre a été lanceur d'alerte dans l'affaire Bétharram qui a secoué la France en février 2025. Il poursuit son combat, car, selon lui, les victimes et les lanceurs d'alerte ne sont toujours pas assez protégés.
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Le 15 février 2025, à Pau, François Bayrou rencontrait le collectif de victimes du collège-lycée de Notre-Dame de Bétharram. Une réunion lors de laquelle le premier ministre réaffirme n'avoir jamais entendu parler de sévices sexuels, du temps où il était ministre de l'Éducation nationale. L'entretien va durer 3h30. À la sortie, dans le hall de l'Hôtel de ville, le président du collectif de victimes, Alain Esquerre, prend alors la parole. "Monsieur le Premier ministre, harangue-t-il, entendez comment ça fait mal à chacun de nous de nous retrouver ici pour dénoncer l'omerta, le non-dit, l'hypocrisie d'un système qui nous a broyés."
Lanceur d'alerte, un quotidien "extrêmement lourd et difficile"
À ce jour, le collectif a recensé 217 plaintes, dont une centaine porte sur des faits à caractère sexuel, mettant en cause des prêtres et des laïcs ayant officié dans cet établissement catholique privé des Pyrénées-Atlantiques. Quand il a lancé son appel à témoignages en 2023, Alain Esquerre, lui-même victime, n'imaginait pas que l'affaire Bétharram allait devenir toute sa vie. "Ça a bouleversé ma vie et c'est aussi, pour le lanceur d'alerte que je suis devenu, un exercice périlleux", explique-t-il, car en plus de devoir être attentif à toutes les victimes qui lui font confiance, le statut de lanceur d'alerte n'est pas protégé en France. "Par exemple, j'ai quitté mon travail et je veux m'investir à fond dans l'accompagnement et la sensibilisation du public, détaille Alain Esquerre. Donc au quotidien, c'est extrêmement lourd et difficile. Ça demande de la tempérance, de l'équilibre."
"Face à ce genre de dossier, vous êtes seul et vous devez vous défendre contre toutes sortes d'attaques."
Alain Esquerre, ancienne victime de l'affaire Bétharramà franceinfo
Et cela sans compter le dossier politique, ajoute-t-il, car lorsque la commission d'enquête parlementaire sur les violences scolaires a rendu son rapport, début juillet, pointant de nombreuses défaillances, notamment de l'État, le collectif de victimes qu'il mène a quitté la commission d'enquête. Lui et ses compagnons déplorent plusieurs incohérences dans la façon de travailler de cette commission, notamment les conditions d’accès aux archives du collège-lycée catholique privé, ainsi que la présence, dans la commission, d’un prêtre qui a été proche d’un père accusé de violences sexuelles.
Aujourd'hui, Alain Esquerre rêve d'une "structure ad hoc" pour poursuivre le combat de lever définitivement l'omerta. "J'ai proposé de créer une institution, quelque chose qui mette en perspective les victimes, les autorités, l'Église, l'État, le secrétariat général de l'enseignement catholique et les parents d'élèves. On en est toujours au même point, déplore-t-il. On n'a pas créé ce conseil des victimes, cet office de prévention, qu'importe le nom, mais il est nécessaire de mettre tout le monde autour de la table parce que ces questions de violences sexuelles, ça représente un coût sociétal énorme, c'est 10 milliards par an".
Alain Esquerre est l'auteur du livre Le Silence de Bétharram, qui donnera prochainement lieu à un documentaire en quatre épisodes, "porté par une plateforme internationale américaine. On saura ce qui s'est vraiment passé à Bétharram, assure-t-il. (...) Cette affaire a une résonance planétaire".
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