En Syrie, Damas confrontée à la plus grave pénurie d'eau depuis 70 ans

Sécheresse et pénurie d'eau menacent le quotidien de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Article rédigé par franceinfo - Manon Chapelain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des champs dans le nord-est de la Syrie, le 3 juin 2025 (DELIL SOULEIMAN / AFP)
Des champs dans le nord-est de la Syrie, le 3 juin 2025 (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Le 14 mai, le gouvernement syrien a mis en place un nouveau plan de régulation d'eau à Damas : chaque quartier de la capitale s'est vu octroyer des horaires de distribution. Concrètement, cela veut dire toute une partie de la journée où l'eau ne sort plus des robinets.

Ce n'est évidemment pas la première fois que cela arrive en Syrie, les années de guerre ont plusieurs fois endommagé les infrastructures qui relient la capitale à ses principales ressources d'eau. Mais cela semble cette fois être parti pour durer : on parle à Damas de la plus grave pénurie en eau depuis près de 70 ans, la faute à un hiver particulièrement sec, sans pluie, sans neige, qui s'est soldé par moins de 20% des précipitations annuelles habituelles.

Conséquence : la principale source d’eau potable de Damas est à sec. À cette période, en temps normal, les ruines byzantines dans lesquelles elle prend sa source sont inondées. Des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent qu'il s'y écoule actuellement à peine un filet d’eau. 

Mesures de restriction

Le gouvernement syrien a commencé à agir, d'abord en instaurant une campagne qui appelle à éviter toute consommation d'eau inutile, pour le nettoyage, les lessives, les plantes… Il a surtout, et c'est une mesure très controversée, mis fin au soutien aux productions agricoles trop gourmandes en eau. Sur les réseaux sociaux, beaucoup s'inquiètent des effets durables sur la production de blé, sur la sécurité alimentaire du pays.

Le risque, avec cette politique, c'est d’aggraver une situation déjà problématique : des centaines de milliers de personnes ne mangent toujours pas à leur faim en Syrie. Les agriculteurs souffrent eux aussi de la sécheresse, font état de très mauvais rendement, de nappes phréatiques à sec. Certains experts anticipent, à terme, des effets dévastateurs sur les prix de l'alimentation, voire un certain exode rural. Tout cela après 14 années de guerre dans une Syrie exsangue et encore totalement ruinée.

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