L'Europe lève les sanctions économiques visant la Syrie, un tournant historique
Une semaine après la levée des sanctions économiques américaines contre Damas, les ministres des Affaires étrangères des 27 ont pris la même décision. Un geste fort pour soutenir le nouveau régime, chargé de redresser le pays et d'assurer sa stabilité, alors que plane encore le spectre d'une reprise de la guerre civile.
C'est la fin d'une ère de près d'un demi-siècle. Presque six mois après la chute de Bachar al-Assad, le nouveau régime syrien a obtenu la levée des sanctions économiques imposées par l'Union européenne. Une décision actée dans la soirée du mardi 20 mai, une semaine tout juste après la levée des sanctions américaines, annoncée par Donald Trump lors d'une rencontre avec le nouveau président syrien.
C’est d'abord un tournant historique, parce que la Syrie de la dynastie Assad vivait depuis 1979 sous le poids des sanctions internationales, sanctions renforcées pendant la guerre civile, pour en faire le troisième pays le plus sanctionné au monde. Mais c'est surtout un tournant économique, car la mesure permet à la Syrie de revenir dans le système bancaire international, et donc d'attirer des investisseurs. Un élément capital pour l'avenir d'un pays où les caisses de l'État sont vides, alors qu'il doit gérer sa reconstruction, et rebâtir ses forces de sécurité et son administration.
Une levée qui reste partielle et assortie de conditions
Une levée des sanctions qui reste toutefois partielle, et assortie de conditions. Plusieurs blocages sont maintenus, comme l'interdiction des ventes d'armes, et le nouveau pouvoir de Damas sera surveillé de près sur sa pratique du pouvoir et sur le respect des minorités. Si le président Ahmed al-Charaa a tenté de donner des gages, et promis une place à toutes les composantes du pays, personne n'a oublié les massacres d'Alaouites au mois de mars, ou les attaques plus récentes visant la communauté druze dans le Sud.
Le pari des Occidentaux, c'est que la stabilité du pays passe par la relance économique, et le renforcement de l'État. L'Arabie saoudite ou le Qatar, qui ont promis des investissements massifs en Syrie, sont chargés de veiller au grain d'une certaine manière, et de servir de modèles de développement, en faisant passer le business avant tout.
La situation globale reste néanmoins très fragile, et les écueils nombreux pour le nouveau pouvoir. On ne se débarrasse pas des divisions politiques et religieuses d'un claquement de doigts, comme on n'efface pas cinquante ans de dictature et dix ans de guerre civile d'un trait de crayon. "La Syrie pourrait être à quelques semaines d'une guerre civile à grande échelle", a d'ailleurs prévenu le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, devant des élus du Sénat. Le régime syrien doit montrer sa capacité à tenir ses troupes et à faire cohabiter la mosaïque des communautés du pays.
Contenir les influences étrangères et l'État islamique
Il doit aussi gérer les luttes d'influence étrangères, en particulier avec Israël, qui refuse la présence d'une armée syrienne à ses frontières, et qui a des prétentions sur le Golan, où son armée a installé des positions ces derniers mois. Il y a enfin la gestion de la persistance de la menace terroriste, entre les cellules de l'organisation État islamique encore actives dans le pays, et les près de 10 000 combattants de l'EI et milliers de membres de leurs familles toujours emprisonnés dans le nord-est du pays.
Si l'ancien chef jihadiste, qui a enfilé le costume d'homme d'État, est manifestement considéré comme l'homme de la situation, il reste sous pression et entouré d'interrogations sur la réalité de sa rupture avec son passé. Mais le voilà débarrassé des sanctions visant son pays, ce qui, symboliquement, ferme presque définitivement la page des années Assad.
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