Léon Marchand (4/5) : un objet flottant non identifié, "Léon l'OFNI"

Avec quatre médailles d'or, la star des Jeux olympiques est sortie des bassins de Paris 2024 en légende nationale de la natation. Le phénomène Léon Marchand sera de retour dans les bassins à partir du 27 juillet, aux Mondiaux de Singapour.

Article rédigé par Léo Tescher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Léon Marchand célèbre avec l'ancien nageur américain Michael Phelps lors de la cérémonie de remise des médailles de l'épreuve masculine de 400 m quatre nages lors des Championnats du monde à Fukuoka le 23 juillet 2023. (MANAN VATSYAYANA / AFP)
Léon Marchand célèbre avec l'ancien nageur américain Michael Phelps lors de la cérémonie de remise des médailles de l'épreuve masculine de 400 m quatre nages lors des Championnats du monde à Fukuoka le 23 juillet 2023. (MANAN VATSYAYANA / AFP)

Une technique à part, un mental en acier et un corps taillé pour battre tous les records, le nageur est parfois décrit comme un objet flottant non identifié. En 2023, Léon Marchand est allé chercher l'or et le record du monde lors du 400 m 4 nages. Jusque-là, ce record était détenu, depuis plus de 15 ans, par la légende Michael Phelps, avant d’être battu de plus d’une seconde par le jeune Français Léon Marchand.

La question est dès lors légitime : qu'est-ce qui fait de lui le potentiel futur meilleur nageur de tous les temps ? "On a des nageurs avec beaucoup de qualités, mais qui en rassemblent autant à la fois, c'est quand même assez rare. À partir du moment où il s'est mis un objectif en tête, il a une capacité de travail impressionnante", explique Nicolas Castel qui entraînait Léon encore adolescent. À 17 ans, le jeune prodige mesure 1m 83 pour 65 kg. Quatre ans plus tard, lorsqu'il bat le record du monde, il mesure, cette fois, 1m 87 pour 77 kg, et améliore son temps sur le 400 m 4 nages de près de 14 secondes.

Un corps parfait et une technique d'apnée poussée

Cette performance phénoménale, il la doit forcément à son travail, mais aussi à la génétique. Léon Marchand est le fils de deux anciens nageurs olympiques. Il dispose du corps parfait pour battre des records : des bras longs et un buste allongé qui lui permettent de gagner en vitesse, un bassin plus étroit et un fessier peu développé pour réduire la résistance à l'eau. Il dispose également du gabarit parfait pour sa spécialité, qui consiste à rester au maximum sous l’eau pour faire ses coulées. En tribunes, lorsque Michael Phelps voit son record s'effacer des tablettes en direct, il est lui-même impressionné par la technique.

"Il est encore sous l’eau ? Vous vous foutez de moi ?"

Michael Phelps

2023

La technique de la coulée que pratique Léon Marchand est astucieuse. À la surface, les mouvements des bras et des jambes créent des vagues qui freinent les nageurs. Rester sous l'eau le plus longtemps possible, après le plongeon du départ ou à chaque virage, permet donc d'éviter cette résistance à la surface.

Pour cela, il faut être bon en apnée et, justement, Léon Marchand a une capacité anaérobie très importante. De plus, sous l'eau, il ondule mieux que les autres, puis il reprend sa nage à la surface sans pâtir du fait de n'avoir pas repris de respiration lors du virage. Un effort qu'il répète sept fois dans sa course et qui lui permet chaque fois de gagner du terrain sur ses adversaires.

Des coachs mentaux pour traverser une période difficile

Ce dont on ne se doute pas non plus, c'est que le jeune Léon a dû s'entourer de préparateurs mentaux car il a failli tout arrêter pendant le Covid : "Je prenais beaucoup moins de plaisir dans l'eau, j'avais du mal à aller m'entraîner. J'ai beaucoup travaillé mentalement, et sur mon bien-être dans ma vie de tous les jours, ça m'a fait nager encore plus vite et kiffer dans l'eau", confie-t-il. 

C'est grâce à ce mental qu'il arrive à mieux gérer la douleur pendant l'effort, et plus longtemps. Sur un 400 m 4 nages, les athlètes enchaînent, dans l'ordre, le papillon, le dos, la brasse puis le crawl. Très fort en papillon et en brasse, il part souvent dans les premiers, moins bon sur le dos, il doit gérer son avance, puis peut de nouveau accélérer sur la brasse qu'il affectionne particulièrement avant de finir à fond sur le crawl, spécialité qu'il est en train de perfectionner, pour battre d'autres records.

Les Mondiaux de Singapour ont lieu du 11 juillet au 3 août, et Léon Marchand participera à partir du 27 juillet, avant son prochain objectif : les JO de Los Angeles 2028.

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