Vaucluse : "Il faut semer de l'humanité, on en manque", plaide le maire de Lauris démissionnaire après l'agression d'un de ses adjoints

"Il faut semer de l'humanité, on en manque", a plaidé mardi 20 juin sur franceinfo André Rousset, maire démissionnaire de Lauris (Vaucluse) après l'agression mardi 13 juin d'un de ses adjoints par un habitant du village. Le maire et l'ensemble de son groupe au Conseil municipal de cette commune de près de 4 000 habitants ont démissionné pour exprimer leur colère.

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Cette démission des élus doit être validée par la préfecture pour être effective. "Nous ne sommes quand même pas des primates. C'est l'exemple qui fait l'éducation", déclare-t-il. André Rousset, ancien éducateur dans des quartiers difficiles, ne croit pas à la vertu seule de la sanction : "Ça ne va pas tout régler. Il faut qu'on se réhumanise."

franceinfo : Pourquoi avez-vous démissionné ?
André Rousset : Trop, c'est trop ! À l'encontre des maires, mais aussi à l'encontre de la directrice de l'école qui a été insultée la semaine dernière. Trop, c'est trop quand on frappe les gendarmes, trop, c'est trop quand on agresse tout le monde, trop de cette violence. Nous ne sommes quand même pas des primates. C'est l'exemple qui fait l'éducation, ce n'est pas les discours. Stop ! On arrête ! On arrête tout ça et on met toute notre énergie à faire pencher la balance du bon côté, du côté de la vie, du côté de la fraternité, du côté de l'humanité. On n'est pas des sauvages. Même les sauvages ne font pas ça.

C'est un phénomène nouveau ?
Chez nous, c'est nouveau parce qu'on est un village serein, calme, paisible. Tout le monde se dit bonjour. J'ai été éducateur dans les quartiers nord. Je me suis occupé de grands délinquants. Je n'ai jamais eu de problèmes. Maintenant ça tire de tous les côtés. Il n'y a plus de respect. Il y a des phénomènes nouveaux, mais c'est une problématique complexe. C'est lié à plein de choses. Il y a le Covid, il y a la guerre et l'inflation. Il n'y a plus de service public. Les élus sont les seuls liens de proximité. Nous sommes le seul lien social maintenant dans les petits villages.

"À qui vous voulez qu'ils s'en prennent, les gens ? Ils ne vont pas aller voir Monsieur Macron, ils ne vont pas aller voir le ministre. Ils s'en prennent aux élus qui sont là sur place."

André Rousset, maire démissionnaire de Lauris

sur franceinfo

Le gouvernement envisage une loi d'ici la fin de l'année pour renforcer les peines encourues en cas d'atteinte vis-à-vis des élus. C'est une bonne chose ?
Il est encore plus important de travailler sur les chemins de la confiance. Il faut le débat pour ne pas se battre, il faut débattre pour ne pas se battre, il faut se rencontrer, il faut discuter, il faut semer de l'humanité. On en manque ! Qu'est-ce qu'on va laisser à nos enfants ? Vous êtes tous papa, maman, grand-papa et grand-maman. Qu'est-ce qu'on va laisser à nos petits enfants si on continue à faire ça ? La sanction, ça ne va pas tout régler. Il faut qu'on se réhumanise.