"Ma mission est terminée, j'ai tout essayé" : ce qu'il faut retenir de l'interview de Sébastien Lecornu, à l'issue des négociations pour sortir de la crise

Pendant 25 minutes sur le plateau du "20 Heures" de France 2 mercredi soir, le Premier ministre démissionnaire a fait le bilan des dernières quarante-huit heures, pendant lesquelles il a rencontré les responsables des partis politiques.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, sur le plateau du "20 Heures" de France 2, le 8 octobre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, sur le plateau du "20 Heures" de France 2, le 8 octobre 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Il avait 48 heures pour mener d'"ultimes négociations", à la demande du président de la République, et tenter de trouver une issue à la crise politique inédite que vit le pays. A l'heure du bilan, il se dit "plutôt optimiste". Sur le plateau du "20 Heures" de France 2, mercredi 8 octobre, Sébastien Lecornu a estimé que "les perspectives d'une dissolution" s'éloignaient.

Le Premier ministre démissionnaire, qui "ne cour[t] pas après le job", a également assuré qu'il était possible de nommer un nouveau chef du gouvernement "dans les 48 prochaines heures". Il a aussi, à son tour, entrouvert la porte pour qu'un "débat ait lieu sur la réforme des retraites". Voici ce qu'il faut retenir de son interview d'une vingtaine de minutes. 

"Ce soir, je considère que ma mission est terminée"

La mission flash qu'il a menée est le véritable point final de son aventure à Matignon. "Je ne cours pas après le job", a déclaré, l'air grave, Sébastien Lecornu, confirmant ainsi qu'il restait bien Premier ministre démissionnaire, chargé des affaires courantes. Interrogé par Léa Salamé, il a affirmé avoir désormais une parole "libre", puisqu'il ne brigue pas une nouvelle nomination à Matignon.

Sa mission, achevée, est-elle réussie ? En tout cas, "j'ai tout essayé", a-t-il répondu. "Depuis quarante-huit heures, j'ai essayé de mener d'ultimes discussions. Les Français attendent que la classe politique s'entende."

"Il y a une majorité absolue à l'Assemblée nationale qui refuse une nouvelle dissolution"

Après avoir passé la journée à recevoir les partis de gauche, mercredi, Sébastien Lecornu a estimé que "les perspectives d'une dissolution" s'éloignaient. Le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République a évoqué "plusieurs blocs prêts à s'accorder sur un budget commun" et qui "mettent des conditions" pour y parvenir.

C'est ce qu'il a redit au chef de l'Etat, à qui il a rendu ses conclusions, mercredi en fin de journée. Il a affirmé à Emmanuel Macron qu'"un chemin" était "possible encore". Et d'ajouter : "Il y a une majorité absolue à l'Assemblée nationale qui refuse une nouvelle dissolution."

Il est possible de nommer un nouveau Premier ministre "dans les quarante-huit prochaines heures"

Sébastien Lecornu s'est dit "plutôt optimiste". Selon lui, "la situation permet" à Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre "dans les 48 prochaines heures". En tout cas, le prochain gouvernement devra "se retrousser les manches", sans se préoccuper des échéances électorales. "L'équipe qui devra prendre les responsabilités, quelle qu'elle soit, devra être complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027", a insisté Sébastien Lecornu.

Va-t-on vers un gouvernement de gauche ? La décision appartient "au chef de l'Etat", a coupé court le Premier ministre démissionnaire. "C'est à lui de mener les ultimes consultations", a-t-il répondu, tout en laissant entendre qu'il lui avait suggéré des pistes dans le "secret" de leurs échanges. "Ce qu'il nous manque, c'est le dernier mètre". La piste d'un gouvernement technique "peut être une solution" parmi d'autres.

"Il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites"

Suspendre ou pas la réforme des retraites ? "C'est l'un des dossiers les plus bloquants", a reconnu Sébastien Lecornu, qui s'est dit néanmoins attaché à cette réforme. "On aura bien du mal à dire qu'il ne faut pas un débat", a-t-il ajouté, du fait de l'opposition d'une grande partie de la population et du corps social. Voilà pourquoi "il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites". 

Sur ce point, comme sur l'avenir du gouvernement, c'est Emmanuel Macron qui sera décisionnaire, martèle l'éphémère Premier ministre : "Respectons l'institution présidentielle."

Un projet de budget est prêt, dans lequel il y aura "beaucoup à débattre"

"Toutes les forces politiques qui sont venues me voir, hors LFI et le RN, m'ont dit qu'il ne fallait pas prendre le risque de ne pas avoir de budget au 31 décembre", a rapporté Sébastien Lecornu. "Il faut que les débats démarrent".

Un projet de budget est donc prêt à être déposé lundi 13 octobre, dans lequel il y aura "beaucoup à débattre", a prévenu Sébastien Lecornu. Sous réserve qu'un Premier ministre de plein exercice soit nommé à temps. "Il faut qu'un gouvernement soit nommé, qu'un projet de budget pour la Sécu et pour l'Etat soit débattu et adopté par le Conseil des ministres et ensuite que les travaux ouvrent à l'Assemblée nationale", a-t-il résumé.

"Emmanuel Macron s'adressera aux Français en temps utile"

Le chef de l'Etat compte-il s'exprimer devant les Français ? Le Premier ministre démissionnaire n'a pas levé le voile sur le timing des prochaines annonces du locataire de l'Elysée. "Emmanuel Macron s'adressera aux Français en temps utile", a-t-il lâché, sans en dire plus.

Avant d'ajouter : "En tant que toujours ministre en charge des Armées, je peux vous témoigner que ce n'est pas le moment de changer de président de la République." Une manière de répondre à celles et ceux qui réclament le départ d'Emmanuel Macron et une présidentielle anticipée.

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