L'ancien recteur de l'académie de Reims, soupçonné d'avoir couvert des violences sexuelles, nommé au cabinet du Premier ministre, "une injure aux victimes", dénonce l'une des lanceuses d'alerte

La nomination d’Olivier Brandouy, visé par une enquête pour non-dénonciation dans un dossier de pédocriminalité, suscite l’indignation. Une décision jugée "incompréhensible" et "insultante" par des victimes et lanceurs d’alerte.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Brandouy, alors recteur de l’académie de Reims le 13 juin 2022. (REMI WAFFLART / MAXPPP)
Olivier Brandouy, alors recteur de l’académie de Reims le 13 juin 2022. (REMI WAFFLART / MAXPPP)

"C'est vraiment une injure aux victimes", déplore Marie-Pierre Jacquard auprès de France Inter vendredi, après la nomination, d'Olivier Brandouy au cabinet du Premier ministre Sébastien Lecornu. Cette ancienne professeur et lanceuse d'alerte réagit à la nomination, le 19 septembre dernier, de l'ancien recteur de l'académie de Reims comme chef du pôle Éducation nationale, enseignement supérieur, recherche et jeunesse et sports.

Olivier Brandouy, haut-fonctionnaire, fait l'objet d'une enquête pour non-dénonciation de crimes, de mauvais traitements et d'atteintes sur mineurs dans un dossier de pédocriminalité au lycée Bayen de Châlons-en-Champagne, dans la Marne. Cette affaire a été révélée en avril dernier par la Cellule investigation de Radio France. Olivier Brandouy et la cheffe d'établissement de l'époque, Sabine Bonnet, sont accusés d'avoir été mis au courant de la dangerosité d'un professeur en 2021, sans aucun effet. Dans ce dossier, neuf élèves ont porté plainte pour viols, agressions sexuelles et harcèlement moral et sexuel contre un professeur de français et d'arts du cirque de cet établissement.

La nomination choque les lanceurs d’alerte

Marie-Pierre Jacquard, ancienne professeure du lycée, avait dénoncé les agissements de cet enseignant à l'époque. "Je suis stupéfaite, [Olivier Brandouy] fait partie des gens que j'avais alertés, qui ne m'ont jamais reçue". Elle dénonce au micro de France Inter cette nomination, qui revient pour elle à "promouvoir des gens qui n'ont pas agi à ce moment-là".

"C'est un peu du foutage de gueule puissance 10 000", lance de son côté un ancien élève, qui tient à rester anonyme, et qui affirme avoir subi des viols par son professeur de français. "On a un peu ce sentiment que quoi qu'on fasse, rien ne change".

Olivier Brandouy sera auditionné avant la fin de l'année dans le cadre de cette enquête. Contacté, il n'a pas souhaité répondre aux questions de France Inter. Matignon, de son côté, répond que l'ancien recteur "n’a été informé des comportements présumés de cet enseignant que le 16 juin 2023, et non en 2021" et que parmi ces signalements, "aucun [...] ne faisait état de viols". Le cabinet du Premier ministre assure aussi qu'Olivier Brandouy avait alors saisi le procureur de la République quelques jours après avoir reçu ces signalements.

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