Fin spécialiste, "période Blanquer"... Qui est Edouard Geffray, longtemps homme de l'ombre, nommé ministre de l'Education nationale ?

Le haut fonctionnaire âge de 47 ans est réputé pour sa maîtrise de nombreux sujets du ministère. Mais son profil ne rassure pas les syndicats d’enseignants.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Edouard Geffray, ex-directeur de l'Enseignement scolaire et nouveau ministre de l'Education nationale. À Paris en septembre 2016 (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)
Edouard Geffray, ex-directeur de l'Enseignement scolaire et nouveau ministre de l'Education nationale. À Paris en septembre 2016 (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Il connaît par cœur les arcanes de l'Education nationale. Édouard Geffray succède à Elisabeth Borne au ministère de l'Education nationale, a annoncé l'Elysée, dimanche 12 octobre. Présenté tard dimanche, deux jours exactement après la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, le gouvernement compte 34 ministres, dont des "nouvelles têtes" jusqu'à présent inconnues du grand public, comme ce haut fonctionnaire. 

Présenté comme un spécialiste, Edouard Geffray, 47 ans, connaît parfaitement les rouages de cet imposant ministère pour en avoir été le numéro deux pendant cinq ans, entre 2019 et 2024, en tant que directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco).

Nommé dès 2017 par Jean-Michel Blanquer en tant que directeur général des ressources humaines de l’Education nationale, Edouard Geffray était ainsi à la barre du ministère lors de la très délicate gestion de la crise sanitaire dans les établissements scolaires, mais aussi pour la mise en œuvre de la réforme du bac voulue par ce même ministre et pour la série de réformes annoncée par Gabriel Attal lors de son passage rue de Grenelle, tel que le "choc des savoirs".

"Le chef d'orchestre de tous les bricolages"

Le conseiller d'État représente un certain gage de stabilité dans un ministère quand se sont succédés différents ministres depuis le début du second quinquennat d'Emmanuel Macron (Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera, Nicole Belloubet, Anne Genetet et Elisabeth Borne). S'il a quitté sa fonction de numéro 2 du ministère à l'été 2024 pour retourner au Conseil d'Etat, il ne s’est jamais vraiment éloigné du périmètre scolaire. Il avait remis au gouvernement encore le mois dernier un rapport pour défendre l’éducation au cinéma à l’école.

Du point de vue des syndicats d’enseignants, cette arrivée n'est toutefois pas une bonne nouvelle : son profil reste rattaché à la période Blanquer. Une représentante syndicale confiait ainsi à franceinfo qu'Edouard Geffray est, à ses yeux, "le chef d'orchestre de tous les bricolages, réformes faites et défaites qui ont contribué à l'état désastreux de l'Education nationale". 

Des enjeux cruciaux sur son bureau

Reste donc une question en suspens : quelles seront ses marges de manœuvre dans le contexte budgétaire très contraint que l’on connaît ? D'autant que de nombreux dossiers l’attendent sur son bureau : va-t-il devoir mettre en œuvre des suppressions de postes, comme l’avait envisagé François Bayrou ? Il y a aussi le chantier de la réforme de la formation initiale des enseignants, qui est annoncée, mais pas encore totalement mise en application et à moitié financée. Parmi les enjeux cruciaux, il y a aussi la pénurie d'enseignants et la crise d'attractivité, avec le sujet prégnant des salaires des professeurs, sans oublier les effectifs dans les classes, ou encore la violence dans les établissements scolaires après différents drames ces derniers mois. 

L’arrivée d’Edouard Geffray signe enfin le départ du gouvernement d’Elisabeth Borne, après dix mois au poste de ministre de l’Education et qui avait pourtant été reconduite dans le premier gouvernement Lecornu il y a une semaine.

Le haut fonctionnaire devient donc le septième ministre de l'Education en trois ans, depuis le début du deuxième mandat d'Emmanuel Macron en 2022 : un rythme de changement inédit, qui rend difficile une bonne conduite de ce gros ministère, avec ses 800 000 professeurs et ses 12 millions d’élèves. Enfin, précision symbolique : Edouard Geffray est neuvième dans l’ordre protocolaire des ministres de ce nouveau gouvernement. Elisabeth Borne était à la première place. 

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