Embarquer la gauche sans perdre la droite : qu'est-ce que la "plateforme de stabilité" sur laquelle Emmanuel Macron mise pour renommer un Premier ministre ?
Sur France 2, Sébastien Lecornu a défendu mercredi soir l'idée d'une "plateforme de stabilité" réunissant suffisamment de députés pour éviter la censure du futur gouvernement, et une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.
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"Je sens qu'un chemin est encore possible". Sur le plateau de France 2, mercredi 8 octobre au soir, Sébastien Lecornu s'est montré optimiste sur les chances de survie d'un nouveau gouvernement, deux jours après avoir présenté la démission du sien. Selon le Premier ministre démissionnaire, le salut du futur locataire de Matignon pourrait venir d'un alliage de députés, a-t-il expliqué dans le journal de 20 heures.
"Il est clair qu'au terme de mes consultations, au bout de quarante-huit heures, vous avez toujours 210 députés, voire même un peu plus, qui veulent une plateforme de stabilité", a déclaré l'Eurois, après deux journées de nouvelles discussions avec toutes les forces politiques, à l'exception du Rassemblement national et de La France insoumise, qui ont décliné son invitation. Une stratégie qui implique de consolider le socle commun, abîmé par les derniers rebondissements politiques, et d'obtenir la non-censure des socialistes, indispensable pour ne pas être renversé.
La formule vient de l'Elysée, qui a confié au Premier ministre démissionnaire la mission de mener d'"ultimes négociations" pour "définir une plateforme d'action et de stabilité". Mercredi soir, l'entourage d'Emmanuel Macron a d'ailleurs fait savoir qu'il avait pris note des conclusions de son chef du gouvernement démissionnaire, sur une "majorité de députés contre la dissolution", l'"existence d'une plateforme de stabilité", et un "chemin possible pour adopter un budget d'ici le 31 décembre".
"La première force parlementaire reste le socle commun"
Mais à entendre Sébastien Lecornu, cette plateforme ressemble peu ou prou au socle commun, c'est-à-dire l'attelage formé par le parti présidentiel, Renaissance, ses alliés centristes du MoDem et de Horizons (le mouvement fondé par Edouard Philippe) et Les Républicains, qui ont accepté de composer avec eux un gouvernement après la nomination de Michel Barnier à Matignon. Sur France 2, le Premier ministre démissionnaire a évoqué "210 députés", un nombre qui correspond précisément à la somme des sièges détenus par le socle commun à l'Assemblée.
Ce socle a bien failli imploser dimanche soir, lorsque Les Républicains ont dénigré la composition du gouvernement. Mais à droite, une majorité de députés est disposée à rester dans le socle commun. "La première force parlementaire reste le socle commun. Ca ne veut pas dire qu'il y a une majorité, ni que c'est facile, mais c'est aujourd'hui le point d'appui le plus solide et le plus cohérent", estime Alexandre Portier, élu dans la 9e circonscription du Rhône. "Il n'y a pas de doute sur la volonté de travailler ensemble", estime cet ancien ministre de Michel Barnier.
Après avoir manqué de se fracasser, ce socle doit se reformer, et même s'élargir, un impératif pour assurer un peu de stabilité à un futur gouvernement, qui ne pourra plus compter sur la bienveillance du RN. Lundi, Marine Le Pen a en effet acté un changement de stratégie en annonçant que les 138 députés d'extrême-droite censureraient désormais a priori tout Premier ministre. "Socle commun, plateforme de stabilité… peu importe le terme. Maintenant que le RN censure a priori, comme LFI, il n'y a plus qu'une voie de passage : un accord de non censure avec le PS", résume Jean-Didier Berger, élu dans les Hauts-de-Seine.
Le soutien du PS et de Liot pour éviter la censure ?
D'où la nécessité de trouver une "plateforme de stabilité" qui permettrait d'agréger les voix en dehors du socle commun. Ceux du petit et hétéroclite groupe Liot, fort de 22 sièges à l'Assemblée, sont convoités. "La solution viendra de l'agrégation de groupes d'accord pour travailler ensemble sur un budget", explique Laurent Mazaury, député Liot des Yvelines.
La tâche semble plus compliquée concernant les socialistes. "C'est une tentative de rebranding du socle commun, mais il n'y a aucune cohérence politique. Le socle commun n'a plus le soutien des LR, et les macronistes se déchirent entre eux sur la stratégie à adopter sur la réforme des retraites", tacle Arthur Delaporte, député PS du Calvados. Mais la majorité des 69 députés socialistes n'est pas favorable à une nouvelle dissolution, ce qui pourrait les convaincre de renoncer à la censure en échange de quelques concessions budgétaires. "Une majorité de députés socialistes et LR ne veulent pas d'un nouveau scrutin anticipé", assure l'élu du Nord, apparenté Renaissance, Sébastien Huyghe, qui voit là la possibilité de parvenir à un accord. Pour construire cette "plateforme", le futur Premier ministre devra trouver des points de convergence entre ces différentes composantes et s'assurer d'embarquer une partie de la gauche, sans perdre la droite.
"A partir du moment où les socialistes obtiennent des choses, comme le renoncement au 49.3, ou la suspension de la réforme des retraites, je pense qu'ils seront d'accord pour ne pas censurer."
Sébastien Huyghe, député apparenté Renaissanceà franceinfo
Chez LR, le discours a quelque peu évolué ces derniers jours. Si Bruno Retailleau affirme qu'il refuserait de participer à un gouvernement qui suspendrait la réforme des retraites, certains députés LR se disent prêts à négocier avec les socialistes. "Si le PS veut obtenir des choses, il doit accepter d'en perdre. S'ils veulent rouvrir ce débat, cela a un coût pour le budget, alors ils doivent mettre sur la table des propositions pour équilibrer", avance Alexandre Portier. "Ce n'est pas possible de trouver un corpus politique cohérent entre nous, mais c'est possible de faire un cocktail de mesures, si c'est le prix à payer pour avoir un minimum de stabilité dans le pays", complète Jean-Didier Berger. En 2023, une partie du groupe LR avait voté contre la réforme des retraites en 2023.
La formation de cette "plateforme de stabilité" est étroitement liée au choix du prochain locataire de Matignon. Emmanuel Macron a annoncé qu'il nommera un nouveau Premier ministre d'ici vendredi soir.
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