Budget : "On ne fait que repousser l’effort qu'il faudra mettre en place", déclare Stéphanie Villers, économiste et conseillère économique chez PWC France
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Le projet de budget 2025 suscite de nombreuses interrogations, alors que les marges de manœuvre restent limitées. Stéphanie Villers, économiste et conseillère économique au cabinet PwC France, était l’invitée du "10 minutes info" de franceinfo pour en discuter avec Jean-Baptiste Marteau et Baptiste Morin.
Le projet de budget 2025 fait débat alors que les marges de manœuvre du gouvernement restent limitées. Stéphanie Villers, économiste et conseillère économique au cabinet PwC France, était l’invitée du "10 minutes info" sur le canal 16 pour en discuter aux côtés de Jean-Baptiste Marteau et Baptiste Morin.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Jean-Baptiste Marteau : La menace de censure s’éloigne, comme nous le verrons tout à l’heure avec le résultat final. Mais pour l’instant, concentrons-nous sur le budget dans un contexte complètement inédit, puisque le 49-3 ne sera pas utilisé. Les députés devront donc trouver un consensus. Cela signifie que des amendements seront votés ou rejetés par les oppositions. La majorité relative risque de se retrouver avec un budget très éloigné de la version initiale présentée hier par le gouvernement. Le résultat final reste totalement incertain.
Stéphanie Villers : Le Premier ministre a toutefois donné une ligne directrice en indiquant que le déficit devrait atteindre 5 % du PIB.
Jean-Baptiste Marteau : C’est donc la seule limite et le cadre fixé par le gouvernement : un déficit maximum de 5 %.
Stéphanie Villers : Cela montre que l’effort collectif demandé sera relativement modeste. Pourquoi ? Parce que cette année, le déficit est de 5,4 %. L’année prochaine, il devrait passer à 5 %, soit une réduction de 0,4 point.
Jean-Baptiste Marteau : C’est donc un effort modéré ?
Stéphanie Villers : Oui, cela représente environ 15 à 20 milliards d’euros d’efforts. En réalité, le budget présenté vise un déficit de 4,7 %, ce qui laisse une marge de manœuvre pour la négociation. L’Assemblée nationale aura ainsi véritablement l’impression d’avoir la main sur le processus.
Jean-Baptiste Marteau : Vous parlez de cette "impression" d’avoir la main. En tout cas, l’effort demandé est assez modéré, 15 à 20 milliards par rapport aux 44 milliards initiaux.
Stéphanie Villers : Il faut remettre cela en perspective. Par rapport aux autres pays européens, nous resterons l’élève le moins rigoureux avec un déficit de 5 % l’année prochaine. Les autres pays affichent des déficits autour de 3 %. Certains, comme le Portugal, enregistrent même des excédents budgétaires.
Baptiste Morin : Et ils encaissent de l’argent grâce aux impôts, avec des baisses d’impôts, et aux retraites, avec des hausses de pensions. Cela donne une situation enviable comparée à la France.
Stéphanie Villers : Absolument. Nous ne serons pas véritablement dans une logique de rigueur budgétaire.
Jean-Baptiste Marteau : En examinant le projet de budget présenté hier, qui est d’abord discuté au Conseil d’État avant de passer par les instances budgétaires et la Commission des affaires financières de l’Assemblée, on constate que de nombreux efforts sont déjà proposés.
Baptiste Morin : Oui, mais ce sont surtout des petites taxes qui peuvent provoquer des irritations. Par exemple, une taxe sur les biocarburants pourrait être retirée rapidement, au vu du précédent des gilets jaunes. Il y a également une taxe sur les mutuelles de santé, qui pourrait générer des contestations. Globalement, le budget prévoit 30 milliards d’efforts, répartis entre 14 milliards de hausses d’impôts et 17 milliards de baisses de dépenses. On identifie facilement les hausses d’impôts, mais les économies sont plus difficiles à visualiser, même si 7 milliards concernent la santé. Ce secteur pourrait également réagir fortement.
Jean-Baptiste Marteau : On voit donc qu’il existe une marge de négociation entre les efforts proposés et l’objectif de 5 % de déficit, soit 15 à 20 milliards. Pour l’instant, les baisses de dépenses restent difficiles à identifier dans ce projet de budget.
Stéphanie Villers : C’est un problème récurrent en France. La maîtrise des hausses d’impôts est relativement simple, mais réduire les dépenses publiques nécessite des réformes structurelles. La réforme des retraites montre bien que l’opinion publique n’est pas prête à accepter des réductions dans les aides actuelles, qu’elles soient destinées à certains ou à l’ensemble de la population.
Jean-Baptiste Marteau : Il n’existe pas de majorité au Parlement pour mener ces réformes structurelles. On va simplement remettre le problème à plus tard ?
Stéphanie Villers : Il ne faut pas oublier que nous nous sommes engagés auprès de Bruxelles, comme les autres pays européens, à ramener le déficit à 3 % d’ici 2029. En réalité, ce que nous faisons aujourd’hui, c’est repousser l’effort nécessaire. Jusqu’en 2027, il ne se passera donc rien de significatif.
Jean-Baptiste Marteau : En somme, la "patate chaude" sera transmise au prochain président.
Stéphanie Villers : Exactement. Sur deux ans, il faudra environ 80 milliards d’efforts pour pouvoir respecter, si nous le souhaitons, nos engagements à long terme.
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