Budget 2025 : le gouvernement Bayrou contraint à un numéro d'équilibriste
Si François Bayrou a survécu à la motion de censure déposée par La France insoumise, le Premier ministre l'a fait au prix de plusieurs concessions accordées notamment à la demande du Parti socialiste. Il y a des recettes en moins, qui l'obligent à des coups de rabot supplémentaires.
Comment réussir à boucler le budget pour 2025 ? François Bayrou a parlé d'Himalaya à gravir. Après la motion de censure rejetée, jeudi 16 janvier, le Premier ministre n'a atteint que le premier palier, et encore. "Une première haie passée", se réjouit un conseiller qui n'a pas oublié les faux-pas du début avec l'aller-retour en Falcon à Pau, et le retard à l'allumage dans le dossier Mayotte. "Cela lui redonne de l'oxygène", estime le conseiller.
Mais combien d'embûches sont encore à venir ? "Prudence" et "pas de triomphalisme" dans l'entourage du Premier ministre, décidé à respecter la place dans l'opposition du Parti socialiste tout en reconnaissant "la sincérité" de sa démarche et "une prise de conscience" avant de nouvelles négociations sur le budget du pays et celui de la Sécurité sociale.
Le casse-tête du budget
Ce budget risque d'être un casse-tête car pour acheter la mansuétude du PS, le gouvernement a renoncé à un certain nombre de recettes emblématiques et symboliques. À la trappe notamment, les 4 000 suppressions de postes dans l'Éducation nationale et un moindre effort budgétaire demandé aux collectivités locales.
La stabilité politique a un prix, mais le ministre de l'Économie Eric Lombard assume sur BFMTV et RMC : "Ce qui a coûté très cher, c'est la censure. Elle s'est traduite par deux choses. D'abord une baisse de la croissance. L'incertitude génère un arrêt des investissements, des recrutements. Et ça, on pense que c'est de l'ordre de six milliards d'euros. Et puis, six milliards d'euros de pertes de recettes, de mesures qui n'ont peut-être pas pu être prises. Et à cet égard, le fait que le Parti socialiste n'ait pas voté la censure permettra de relancer l'économie plus vite. Et donc c'est un accord qui n'est pas coûteux, mais qui va générer de l'activité, qui va générer des recettes."
Le patron de Bercy a évoqué d'abord d'un accord grâce aux socialistes et estime qu'il y aura un budget mais selon les estimations, la facture de la non-censure s'élève autour de trois milliards d'euros. Les deux tiers en dépenses de santé, que le gouvernement assume de laisser filer. C'est le cas avec l'annulation des mesures de déremboursement des médicaments. Un gros chèque encore défendu par Yannick Neuder, le ministre de la Santé, invité sur franceinfo vendredi : ''Quel que soit le gouvernement, il n'y a pas de recette magique et il faut bien à un moment, si on veut pouvoir ne pas rogner sur des biens fondamentaux et des solutions qui sont extrêmement importantes et qui sont plébiscitées par les Français". Il n'y aura "pas d'économies sur le dos de la santé des Français. Donc effectivement, il faut pouvoir trouver des financements", estime le ministre.
Un budget qui risque de se faire au prix de quelques renoncements
Le gouvernement de François Bayrou est donc contraint aux coups de rabot. L'objectif est de 30 milliards d'euros d'économies. Cela signifie des coupes franches, censées ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année. Dans le détail, un demi-milliard d'euros en moins dans le plan France 2030. Une baisse des crédits de l'aide publique au développement à hauteur de 800 millions d'euros. "Un renoncement" et "une décision dramatique", s'étrangle la gauche mais ce n'est rien à côté du débat enflammé jeudi soir au Sénat autour du budget en baisse du ministère des Sports.
Le gouvernement envisageait une coupe de 34 millions dans le budget des sports engendrant la colère des stars Teddy Riner et Léon Marchand. "Ne laissons pas cette flamme s'éteindre", écrit sur X la légende du judo Français. Le Sénat n'a finalement pas voté l'amendement. La droite dénonçant elle aussi un problème de "méthode".
Mardi après-midi, en se perdant dans ses fiches à la tribune, François Bayrou ironisait sur le fait d'être un novice à ce poste. Il comprend peut-être ces dernières heures que construire un budget se fait au prix de quelques renoncements et à l'idée de toucher à certains totems. Une manière de se convertir à l'idée qu'il ne contentera probablement pas tout le monde.
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