"La probabilité qu'on censure est très forte" : la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon bouscule la rentrée du Rassemblement national

Marine Le Pen et Jordan Bardella seront en meeting dimanche après-midi à Bordeaux. Mais leurs discours ont changé avec la chute du gouvernement Bayrou.

Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jordan Bardella et Marine le Pen, le 5 février 2022, à Reims. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Jordan Bardella et Marine le Pen, le 5 février 2022, à Reims. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Le Rassemblement national fait sa rentrée dimanche 14 septembre à Bordeaux. Tous les cadres du parti sont réunis au Palais des congrès. Le rendez-vous a été pris initialement pour préparer les municipales, mais la chute de François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon ont bousculé l'ordre du jour.

Au programme dimanche après-midi, un meeting de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. À l'origine, les deux leaders du parti devaient axer leurs discours sur la préparation des municipales de mars. Un enjeu majeur pour le parti mais la chute de François Bayrou a changé la donne. "Tout a été réécrit", glisse un proche du RN.

Il faut s'attendre à deux discours très offensifs avec un homme dans le viseur : le président de la République. "Marine Le Pen est persuadée qu'Emmanuel Macron gagne du temps en nommant Sébastien Lecornu et ça, ça l'énerve", confie un député mariniste. D'autant que la dégradation de la note de la dette française va donner du grain à moudre aux deux orateurs pour attaquer huit ans de macronisme à l'origine, selon eux, de la situation financière du pays.

"On est nombreux à vouloir taper fort et vite"

À ses troupes, ces dernières heures, la cheffe des députés du RN répète qu'il faut se préparer et que la dissolution peut arriver n'importe quand. Ce retour aux urnes est même "inévitable" selon Marine Le Pen, qui parie sur une chute rapide de Sébastien Lecornu. Le Rassemblement national met d'ailleurs la pression sur le nouveau Premier ministre avec un slogan qui tourne en boucle ces derniers jours dans la bouche des cadres du RN : "C'est soit la rupture soit la censure".

Officiellement, le RN donne sa chance à Sébastien Lecornu. Marine Le Pen et Jordan Bardella iront discuter avec le nouveau Premier ministre à Matignon, quand ils auront reçu leur carton d'invitation - ce n'était toujours pas le cas samedi soir. Mais leur discours s'est durci ces dernières semaines, si bien qu'il y a assez peu de doute sur les intentions du RN : "La probabilité qu'on censure est très forte, car la probabilité que Sébastien Lecornu ne fasse pas de macronisme est très faible", résume le porte-parole Laurent Jacobelli.

La question, c'est quand ? "On est nombreux autour de Marine Le Pen à vouloir taper fort et vite", glisse un député influent. Probablement au moment de l'examen du budget à l'automne. Mais alors pourquoi attendre pour appuyer sur la gâchette ? Un lieutenant mariniste explique que c'est "parce qu'il y a 5 % de notre électorat qui a besoin d'être rassuré, de voir qu'on tente de négocier. Pour les retraités notamment, cette coquetterie compte".

Une "coquetterie" qui permet au Rassemblement national d'entretenir son image de parti responsable.

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