Référendum en Nouvelle-Calédonie : les Calédoniens entre démobilisation et désillusion
Les Calédoniens sont appelés aux urnes dimanche 12 novembre pour se prononcer pour ou contre l’indépendance de l'archipel français. Un vote auquel les indépendantistes ont appelé à ne pas participer.
C'est un troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie dans un contexte tendu qui s'annonce dimanche 12 novembre. 185 004 électeurs (sur 270 000 habitants) devront dire oui ou non à l'indépendance de cette collectivité d’Outre-Mer à 16 000 kilomètres de la France.
Les indépendantistes appellent leurs partisans à ne pas y participer en invoquant la crise sanitaire et le temps du deuil nécessaire pour les morts du Covid-19. Les "loyalistes", ceux qui veulent que le Caillou reste français, veulent tourner la page des accords de Matignon puis de Nouméa signés après des années d’affrontements violents entre les deux camps. Sur le terrain, ce sont surtout eux, les opposants à l’indépendance, que l’on entend. Ils essaient de convaincre les électeurs d’aller voter et oscillent entre démobilisation et désillusion.
Philippe Gomès, président de Calédonie Ensemble, un parti non-indépendantiste, se sent chez lui à la tribu de Ouatom. La tribu kanak est rattachée à La Foa, commune rurale que le député UDI a dirigée pendant 18 ans. Comme le veut la tradition, il fait la coutume: il offre un présent symbolique en signe de respect au chef de tribu qui l’accueille. Ici, un morceau de tissu.
"La participation va être en chute libre"
Dans la maison traditionnelle bordée de fleurs tropicales, une vingtaine de personnes est venue l’écouter. La jauge maximale autorisée est de 30 personnes à cause des restrictions sanitaires. Sur le terrain, la démobilisation est réelle. "Tout le monde considère que le référendum est gagné d'avance puisque les indépendantistes n'y participent pas", juge Philippe Gomès.
"La pesanteur culturelle dans les milieux kanak va conduire un certain nombre de Calédoniens d'origine kanak qui votent pour le non à ne pas aller dans les bureaux de vote pour ne pas se faire identifier parce que jusqu'à maintenant, ils n'ont jamais dit qu'ils voteraient pour le non. Il n'y a pas d'anonymat du vote. C'est un enjeu majeur. La participation va être en chute libre, ça c'est sûr", assure-t-il.
"Moi, en tous cas, j'irai voter"
Cet appel à la non-participation des indépendantistes, Iliana ne le comprend et ne l’accepte pas. Crâne rasé sur les côtés et bottines montantes, cette éleveuse de 18 ans compte voter pour la première fois. "Je me dis que c'est une personne qui veut faire le commandant alors que tout le monde a le droit de faire ce qu'il veut. Moi, en tous cas, j'irai voter. Je ne suis pas décidée encore, mais pour l'instant, je suis pour le non à l'indépendance", raconte-t-elle. "En tant que jeune, je me pose des questions : comment je vais faire pour travailler ? Pour les formations aussi... Je voudrais avoir plus de diplômes, mais je me dis que si la France est encore là, ça pourrait être une grande chance de pouvoir aller étudier ailleurs."
En retrait, Louis, âgé d'une cinquantaine d’années, explique d’abord être venu par curiosité, il a choisi, il votera oui à l'indépendance. "Il y a moyen de faire sans la France" juge-t-il. Mais au fur et à mesure de la conversation, le discours du père de famille évolue. "Les indépendantistes, en 30 ans, ils ne me m'ont pas encore dit quel docteur kanak va venir nous soigner, quel ingénieur va nous faire un pont si un pont casse", s'interroge Louis.
"Aujourd'hui, il n'y a plus d'indépendance à demander. C'est malheureux de dire ça."
Louis, un Calédonienà franceinfo
Il finit par lâcher:"Je vais voter non" dimanche. "C'est difficile pour moi, il y a eu trop de morts chez nous, Mélanésiens, pour la lutte comme ça. Je ne peux pas trahir mon peuple. Pour bien faire, je pense que je vais m'abstenir." Pourtant, dit-il, le droit de vote, "c’est sacré": les kanaks n’ont obtenu qu’en 1957 le droit de pouvoir participer au suffrage universel.
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