: Témoignage "Je n'avais pas imaginé revenir sans lui..." : le récit poignant de cette Franco-Syrienne, dont le mari a été tué dans un massacre en Syrie, après son retour en France
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Amjaad, professeure de mathématiques à Rouen, rendait visite à ses proches mi-juillet à Soueïda, en Syrie, lorsque de violents affrontements ont éclaté entre la communauté druze et des combattants jihadistes, lors desquels son mari a été tué. Elle avait lancé un appel à l'ambassade de France sur franceinfo.
Sauvée avec ses enfants. Amjaad, Franco-Syrienne bloquée au milieu des massacres à Soueïda, en Syrie, est finalement rentrée en France, jeudi 31 juillet. franceinfo avait relayé son appel à l'aide : âgée de 44 ans, cette professeure de mathématiques au Greta de Rouen était partie en Syrie pour voir sa famille, 14 ans après avoir fui le régime de Bachar al-Assad avec son mari Firas, informaticien, car ils avaient refusé de dénoncer des étudiants qui manifestaient contre la dictature.
Deux jours après leur arrivée, les retrouvailles virent au drame : la famille est plongée au milieu des affrontements entre djihadistes et druzes à Soueïda, dans le sud du pays, qui ont fait plus de 1400 morts en une semaine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Tué parce qu'il est druze
Firas est tué par des djihadistes lors d'une réunion de famille, parce qu'il est druze. "Les groupes jihadistes sont entrés dans notre maison, ils ont trouvé une petite chambre où étaient cachés mon mari et son beau-frère, racontait-elle au micro de franceinfo. Ils ont tué les deux hommes et ont brûlé la maison."
Fin juillet, Amjaad et ses deux enfants appellent à l'aide à l'antenne de franceinfo : impossible de quitter la ville dont les routes sont aux "mains des jihadistes", explique-t-elle. Pour la mère de famille, il n'y a qu'une option : qu'un convoi diplomatique français ou qu'une ONG vienne les chercher au pied du petit appartement qui leur sert de cachette. Finalement, Amjaad a réussi à quitter la Syrie pour rentrer en France après ces deux semaines d'horreur.
À son arrivée à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, au milieu des vacanciers dans le hall des arrivées, jeudi 31 juillet, elle s'avance en tenant ses enfants par la main. Amjaad aperçoit son frère, venu la chercher. Ils fondent en larmes en se serrant dans les bras. "Je n'avais pas imaginé revenir sans lui, sanglote-t-elle en évoquant son défunt mari. On est partis pour passer des vacances ensemble, mais ce n'était pas des vacances, c'était un cauchemar".
"Ils entrent dans les maisons et violent les femmes avant de les tuer"
Amjaad revient sur l'exécution de son mari par des combattants jihadistes, qui l'ont pris pour un combattant druze. "Il ne restait plus rien. On a reconnu les cendres de mon mari grâce à sa montre. Il a été tué le jour de notre anniversaire de mariage, 20 ans jour pour jour après notre mariage."
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Son frère montre une vidéo sur son téléphone, on y voit des hommes en train d'être égorgés en pleine rue. "Regardez ce qu'il se passe à Soueïda, lance-t-il, c'est un vrai massacre". Et Amjaad de poursuivre : "Ils entrent dans les maisons et violent les femmes avant de les tuer. Ce ne sont pas des humains. Il ne faut laisser ces gens faire ça en Syrie. La Syrie ce n'était pas comme ça. Après 54 ans de régime Assad, on n'a pas fait la révolution pour que les jihadistes prennent le pouvoir".
À côté d'Amjaad, sa fille de 5 ans, coiffée avec une couette, et son garçon de 15 ans, Rami, en état de choc.
"Encore maintenant les cadavres sont dans les rues avec 2000 à 3000 corps par terre.... Pour l'instant, en Syrie, rien n'a changé. Ca a empiré même".
Ramià franceinfo
Avant de raconter que tous les trois se sont terrés deux semaines, sans eau et à peine à manger, avant de pouvoir quitter la ville encerclée dans un convoi du Croissant-Rouge syrien parce qu'ils ont la nationalité française.
"Je suis soulagée pour les enfants. Mais toute la famille est là-bas, toujours encerclée par les jihadistes. Il n'y a rien, pas de médicament, pas d'eau, pas de farine pour faire du pain, pas d'essence", s'inquiète Amjaad. Elle serre contre elle la montre pleine de cendres de son mari. "Ce n'est pas un souvenir, conclut-elle, c'est la preuve de ce qu'on lui a fait."
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