L'Etat islamique diffuse une vidéo montrant un otage britannique
Hervé Brusini, directeur de la rédaction de francetv info et ancien rédacteur en chef du 20 heures de France 2, revient sur la mise en scène de cette vidéo montrant le journaliste britannique John Cantlie, capturé en novembre 2012.
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C’est d’abord une silhouette en T-shirt orange, comme il se doit désormais, en rappel des détenus islamistes incarcérés à Guantanamo, la prison américaine située à Cuba. L'homme laisse place à un titre écrit sur l’écran en lettres capitales : "Ecoutez-moi bien, message du détenu britannique John Cantlie". L'Etat islamique a mis en ligne, jeudi 18 septembre sur YouTube, une vidéo de John Cantlie, un journaliste britannique capturé en novembre 2012. La vidéo a été rapidement retirée du site. Francetv info a choisi de ne pas diffuser ces images, mais de décortiquer leur mise en scène.
Cette dernière est sophistiquée. Les mains croisées reposent sur une table. Autour, le fond est noir. En haut, à gauche de l’écran, un logo apparaît. Le Britannique parle posément, et sa voix résonne dans un espace que l’on devine très vaste. "Bonjour, je suis John Cantlie, je suis un journaliste britannique qui a travaillé pour quelques-uns des plus grands journaux et magazine au Royaume-Uni. En novembre 2012 je suis venue en Syrie, où j'ai été capturé par l'Etat islamique." L’organisation de l’Etat islamique autoproclamé vient ainsi de créer une mise en scène inédite : le journaliste otage présentateur du média jihadiste.
Un professionnel de l'information mis en scène
John Cantlie est effectivement un journaliste britannique, grand reporter de guerre. En France, on le connaît aussi. Il fut le collaborateur occasionnel de l’AFP. Il avait déjà été enlevé par les jihadistes en compagnie d’un confrère néerlandais, au nord de la Syrie, en juillet 2012. L’Armée syrienne libre avait libéré les deux hommes blessés lors de l’opération. Revenu en novembre sur le terrain, John Cantlie avait à nouveau été capturé.
"Maintenant, ajoute l'otage, je sais ce que vous pensez. Vous pensez : 'Il fait cela parce qu'il est prisonnier, on lui a mis un pistolet sur la tempe et il est obligé de faire ça', n'est-ce pas ? Eh bien, c'est vrai, je suis un prisonnier. Ça, je ne peux le nier. Mais étant donné que j'ai été abandonné par mon gouvernement, mon destin est entre les mains de l'Etat islamique. Je n'ai plus rien à perdre. Peut-être que je vivrai, peut-être que je serai tué."
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On le voit bien, John Cantlie lit un texte. Pendant les trois minutes de cette vidéo, le journaliste est filmé sous deux angles différents. Il évoque calmement sa mort probable, mais aucune arme n’est présente à l’image. Et c’est peut-être là ce qu’il y a de plus terrible. Absolument soumis, le journaliste devient la vivante marionnette de ses ravisseurs. Et le voilà contraint de promouvoir ce qu’il appelle "les prochains programmes".
"L’instrumentalisation des otages poussée à son comble"
Tout est donc en place, les codes du genre sont respectés, comme si une nouvelle chaîne venait de voir le jour, présenté par ses propres victimes, avec le logo de l’organisation qui les détient... "Dans les prochains programmes, annonce le journaliste, je vais vous montrer la vérité, tandis que les médias occidentaux essayent de replonger le public dans les abysses d'une guerre contre l'Etat islamique. Public, agissez maintenant... Rejoignez-moi pour les programmes suivants et je pense que vous serez surpris de ce que vous apprendrez."
Pour Christophe Deloire, le directeur général de Reporters sans frontières, avec cette séquence, "l’instrumentalisation des otages est poussée à son comble, par-delà toutes les violations imaginables". De fait, après avoir annoncé et publié l’égorgement de James Foley, Steven Sotloff et David Haines, l’organisation de l’Etat islamique annonce que sa guerre des images est loin d’être terminée. Une vérité mitonnée par l’EI autoproclamée se prépare.
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