Témoignage "J’ai été arrêté, battu, insulté" : un ancien prisonnier palestinien affirme avoir été détenu "sans charge" en Israël

Depuis l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, 1 777 détenus palestiniens ont été libérés. Parmi ces prisonniers, un millier avait été arrêtés après le 7-Octobre et détenus sans charge avérée.

Article rédigé par franceinfo
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Illustration. Un ancien prisonnier palestinien (au centre), libéré dans le cadre du septième échange d'otages-prisonniers, accueilli par ses proches à son arrivée dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, le 27 février 2025. (ZAIN JAAFAR / AFP)
Illustration. Un ancien prisonnier palestinien (au centre), libéré dans le cadre du septième échange d'otages-prisonniers, accueilli par ses proches à son arrivée dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, le 27 février 2025. (ZAIN JAAFAR / AFP)

"Ils m’ont mis de côté et m’ont déshabillé. J’ai été arrêté, battu, insulté, humilié sous une pluie battante. Il faisait très froid", confie Bilal (prénom d'emprunt), un prisonnier palestinien récemment libéré par Israël dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas. Depuis le 19 janvier, ils sont 1 777 à avoir été libérés. Un millier d'entre eux avait été arrêtés après le 7-Octobre et détenus sans charge avérée, à l'image de Bilal.

Dans l'enclave, le voile se lève progressivement sur les conditions de détention des anciens prisonniers alors que les négociations pour poursuivre la trêve sont difficiles. Israël, soutenu par les États-Unis, exige la libération de tous les otages et menace de reprendre la guerre. Le Hamas, de son côté, demande l'application stricte de l'accord initial aboutissant à la fin de la guerre et le retrait définitif des troupes de l'État hébreu de Gaza. 

Bilal, cet habitant du nord de Gaza, a passé un an dans les centres de détention israéliens. Il raconte avoir été arrêté arbitrairement, à la sortie d’un hôpital de Khan Younès, dans le sud de l’enclave, où il avait trouvé refuge avec son épouse et ses enfants.

"Pendant les deux premiers mois, j’avais les yeux bandés et les mains ligotées".

Bilal

à franceinfo

"Et tout ce temps-là, il fallait rester assis, soit sur les genoux, soit sur les fesses, de 5 heures du matin à 23 heures. Tous les jours", témoigne Bilal.

Il assure que "personne" n'a soigné les prisonniers. "On a tous attrapé la gale et ce genre de maladies de peau. En temps normal, ça se soigne facilement. Mais ils faisaient exprès de nous laisser comme ça. Certains détenus en ont souffert pendant six mois, à se gratter jusqu’au sang"

Plus de 9 000 Palestiniens toujours détenus en Israël

Depuis le 19 janvier, 1 777 Palestiniens ont été libérés. Parmi eux, environ un millier ont été arrêtés après l'attaque du 7-Octobre. Bilal a été libéré, sans explication, il y a un peu plus d’un mois. "On m’a fait croire que ma détention était prolongée pour une durée indéterminée, au motif que j’étais un danger pour Israël", affirme le Palestinien. Selon lui, il a été "retenu sans charge". "À aucun moment je n’ai comparu devant un juge. J’ai demandé des preuves. Évidemment, ils n’avaient rien", ajoute Bilal.

Sollicité par Radio France, le porte-parole des services pénitentiaires assure ne pas avoir connaissance de ce type de maltraitance. Selon plusieurs associations israéliennes de défense des droits de l'homme, plus de 70 détenus sont morts dans les prisons du pays depuis un an. Plus de 9 000 Palestiniens sont toujours détenus dans les prisons de l’Etat hébreu. C’est deux fois plus qu’avant le massacre du 7-Octobre.

Plus de 10 jours après la dernière vague de libération entre otages israéliens et détenus palestiniens, les négociations pour poursuivre la trêve sont difficiles, avec d’un côté Israël, soutenu par les Etats-Unis, qui exige la libération de tous les otages et menace de reprendre la guerre, et de l’autre, le Hamas qui demande l’application stricte de l’accord initial aboutissant sur la fin de la guerre et le retrait définitif des troupes de l’Etat hébreu de Gaza. 

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