"Sans robots, l'humain n'existe pas" : rencontre avec le prétendu pape des humanoïdes Hiroshi Ishiguro à l'Exposition universelle d'Osaka

Hiroshi Ishiguro veut prolonger la vie des humains en leur permettant d'exister, après la mort, sous la forme de robots androïdes.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Hiroshi Ishiguro, créateur de nombreux robots androïdes, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril 2025. (KARYN NISHIMURA / FRANCEINFO)
Hiroshi Ishiguro, créateur de nombreux robots androïdes, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril 2025. (KARYN NISHIMURA / FRANCEINFO)

Le Japon fait fantasmer le monde avec ses robots depuis des décennies. Même si leur présence, leur utilisation et leurs capacités sont très largement surestimées, le pays se plaît à entretenir cette image de "nation des humanoïdes". Un des pavillons japonais de l'Exposition universelle 2025 d'Osaka, qui a ouvert dimanche 13 avril, a justement pour objet d'amplifier le mythe. Il présente des androïdes qui peuvent servir de substitut de l'humain, avant et après sa mort.

Dans ce pavillon du futur, un court-métrage montre une femme âgée, qui, approchant de la fin de sa vie, se renseigne dans un temple sur une nouvelle possibilité offerte par la science : celle de continuer d'exister pour ses proches sous la forme de robot androïde. "Est-ce qu'avec ce nouveau corps je pourrai continuer de penser aux personnes qui me sont chères ? Ce sera un moyen de continuer à faire vivre sur cette Terre l'amour que je leur porte, c'est bien cela ?" demande-t-elle. "C'est proche de cela en effet", lui répond un homme.

Des robots créés par Hiroshi Ishiguro, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril 2025. (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)
Des robots créés par Hiroshi Ishiguro, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril 2025. (KARYN NISHIMURA / RADIO FRANCE)

Ce pavillon a été entièrement conçu par Hiroshi Ishiguro, directeur d'Intelligent Robotics Laboratory, à l'université d'Osaka, pour expliquer sa vision du futur des vies humaines. Selon lui, dans 1 000 ans, androïdes et humains ne feront plus qu'un. Et, à plus court terme, dans 50 ans, les androïdes pourront nous remplacer après notre décès. "Vous connaissez la différence entre un animal et un humain ? L'humain, lui, sait démultiplier ses capacités grâce aux technologies. Sans robots, sans intelligence artificielle, l'humain n'existe pas", assène Hiroshi Ishiguro.

"Pour que la société prospère"

Celui qui se présente comme un grand roboticien ne fait pas du tout l'unanimité parmi les scientifiques. Certains le qualifient même d'escroc dangereux. Il n'empêche qu'il a une immense aura au Japon. Son pavillon à l'Exposition universelle présente ses robots au visage humain et au corps de métal, un peu articulés, mais, malgré les dires du professeur, encore incapables d'effectuer la moindre tâche. "Nous devons utiliser l'intelligence artificielle et les robots pour que la société reste prospère", assure Hiroshi Ishiguro. "À l'avenir, on évaluera quel type d'avatar chacun peut utiliser et ce qu'il sait faire avec et on
délivrera un certificat d'aptitudes. Nous travaillons à un tel système", explique le roboticien.

Un robot qui prend les traits d'une jeune fille japonaise, créé par Hiroshi Ishiguro, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril. (KARYN NISHIMURA)
Un robot qui prend les traits d'une jeune fille japonaise, créé par Hiroshi Ishiguro, à l'Exposition universelle d'Osaka, le 9 avril. (KARYN NISHIMURA)

Aux détracteurs de l'intelligence artificielle, Hiroshi Ishiguro répond : "Pourquoi y a-t-il tant de polémiques sur l'IA ? Les gens qui disent avoir peur de l'IA, qu'ils jettent leur smartphone !" Son discours a une grande influence au Japon. "Nous léguerons un important héritage si, après avoir visité ce pavillon, les gens repartent avec l'envie de créer eux-mêmes un tel futur", estime l'inventeur. Le visiteur est néanmoins libre de penser qu'il ne veut pas de ce futur-là.

Rencontre avec le prétendu pape des humanoïdes Hiroshi Ishiguro à l'Exposition universelle d'Osaka. Reportage de Karyn Nishimura

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