Reportage "Il n'y a plus rien !" : en Ukraine, les habitants s'organisent face aux coupures d’électricité quotidiennes

Le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, est reçu pour la troisième fois par Donald Trump, vendredi.

Article rédigé par franceinfo - Bastien Borie
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une employée d'un bureau de poste de Kiev s'éclaire à l'aide de son téléphone, le 16 octobre 2025. (TETIANA DZHAFAROVA / AFP)
Une employée d'un bureau de poste de Kiev s'éclaire à l'aide de son téléphone, le 16 octobre 2025. (TETIANA DZHAFAROVA / AFP)

Si, vendredi 17 octobre, l'acquisition par Kiev de missiles américains Tomahawk à longue portée reste incertaine, les frappes russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes sont, elles, devenues quotidiennes. À l'approche de l'hiver, le pays n'a d'autre choix que de s'adapter aux coupures massives d'électricité.

Au fond de son lit d'hôpital à Horenka, dans la banlieue ouest de Kiev, Yuliya suffoque encore, les doigts crispés sur son appareil respiratoire. Après une frappe russe sur la centrale électrique de sa ville, la septuagénaire est restée sans assistance ventilatoire, avant d'être sauvée par sa fille, Daryna. "On s'est retrouvé sans électricité, ni eau, ni chauffage dans notre maison. Et tout ça a duré quatre jours, témoigne celle-ci. On ne pouvait plus attendre, j'ai décidé d'appeler l'hôpital pour voir s'il leur restait une place. Par chance, elle a pu être admise. Sinon, elle serait morte."

"Pas d'eau, pas de chauffage, pas d'électricité..."

À l'extérieur de l'établissement, Horenka est faite de maisons préfabriquées, assemblées à la hâte, où logent ceux que les bombes ont privés de toit. Un projet pilote pour le gouvernement, un royaume de la débrouille pour ses habitants. Ivanna, 17 ans, a recyclé une batterie de voiture pour recharger les ordinateurs et téléphones de ses proches. "Il n'y a plus rien en ce moment ! Pas d'eau, pas de chauffage, pas d'électricité. Rien du tout !", explique la jeune femme.

Plus loin, sous un petit hangar, l'air sent le bois brûlé, la soupe maison et le pain grillé. Oleg est à la retraite, il a récupéré de vieux poêles et, déjà, son petit marché improvisé s'anime. "L'idée est simple, expose-t-il, tout marche au bois, et nous nous asseyons en cercle.

"Parfois, les coupures durent plusieurs jours, et c'est très difficile, surtout pour les enfants."

Oleg

à franceinfo

Parmi les convives d'infortune, Denys, un jeune entrepreneur, participe à la distribution des bols fumants : "D'un côté, on comprend à quel point il est difficile aujourd'hui de se passer de certains besoins fondamentaux, comme l'électricité, le chauffage, même internet. Mais, une fois qu'on a dit ça, on pense à nos soldats sur les lignes de front, et à leurs conditions de vie là-bas. Alors, on relativise, et on arrête de se plaindre."

Si certains retrouvent, dans le hangar, un peu de souffle, l'hiver s'abat avec plus de force encore sur le Donbass, à l'est de l'Ukraine, où l'armée russe frappe là aussi les infrastructures énergétiques pour enserrer l'armée ukrainienne dans le noir et le froid.

En Ukraine, les habitants s'organisent face aux coupures d’électricité quotidiennes. Le reportage de Bastien Borie

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