Guerre en Ukraine : quels sont les enjeux de la rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche ?

Ce sera la troisième visite de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Le président ukrainien doit être reçu par son homologue américain vendredi 17 octobre pour évoquer la situation en Ukraine. Cette rencontre intervient au lendemain d'un entretien téléphonique entre le dirigeant républicain et Vladimir Poutine. 

L'entrevue se déroule dans un contexte international marqué par le cessez-le-feu à Gaza. "Lorsqu'on parvient à la paix dans une partie du monde, cela apporte davantage d'espoir pour la paix dans d'autres régions", a déclaré lundi le président ukrainien lors d'une conférence de presse à Kiev, au côté de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. "Nous espérons que l'élan pour freiner le terrorisme et la guerre qui a porté ses fruits au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre de la Russie contre l'Ukraine", a-t-il écrit jeudi sur son réseau X.

Capitaliser sur le succès de Trump au Proche-Orient

"C'est surtout de la bonne communication de la part de Zelensky. C'est intelligent de dire cela, puisque cela ne peut qu'encourager Trump, qui est sensible à la flatterie", estime François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, interrogé par Le Figaro. "En ce moment, Donald Trump est totalement survitaminé après les applaudissements à la Knesset [le Parlement israélien] et par ce cessez-le-feu que tout le monde décrit comme une grande victoire diplomatique", abonde Anthony Bellanger, chroniqueur international pour franceinfo.

Pour l'heure, la situation en Ukraine constitue, elle, un échec pour Donald Trump. Ce dernier se vantait lors de la campagne présidentielle américaine de pouvoir trouver une résolution au conflit en 24 heures, puis en 100 jours une fois arrivé à la Maison Blanche en janvier. Désormais auréolé d'un fragile succès au Proche-Orient, le président américain a-t-il plus de poids pour contraindre le dirigeant russe à négocier ? "C'est toute la question. Mais entre Vladimir Poutine et Benyamin Nétanyahou, on n'a pas affaire aux mêmes bonshommes et surtout la situation est bien différente", poursuit Anthony Bellanger.

Rivaliser avec Poutine dans sa relation avec le républicain

Le président russe et le dirigeant américain ont eu un échange téléphonique jeudi à l'issue duquel Donald Trump a annoncé qu'une entrevue entre les deux hommes aurait lieu dans les deux semaines en Hongrie. Mais il ne s'agira pas encore de négocier les conditions d'une trêve dans les combats, comme dans la bande de Gaza. "Le Premier ministre israélien est dans une position de dépendance que [Donald] Trump a su exploiter, explique François Heisbourg. Il n'a pas ce levier-là avec la Russie, qui ne donne rigoureusement aucun signe de vouloir rentrer dans la logique de cessez-le-feu voulue par les Etats-Unis depuis le début de l'année."

"Ce qui est en train de se jouer c'est de savoir qui va conquérir le cœur de [Donald] Trump, lance Anthony Bellanger. Est-ce Volodymyr Zelensky qui va demander des missiles Tomahawk ou Vladimir Poutine qui va encore essayer de jouer de sa bonne relation avec Trump pour ramener la Maison Blanche dans son escarcelle ?" Sur son réseau Truth Social, le milliardaire a jugé que son échange avec Vladimir Poutine avait été "très productif", Moscou parlant d'un entretien "extrêmement franc et empreint de confiance". 

Tenter de convaincre le milliardaire de livrer des missiles

Faute de paix au menu, ce sont les armes qui seront au cœur des discussions entre les présidents américain et ukrainien. "Nous avons besoin de discuter d'une série de mesures que je veux proposer au président", a déclaré lundi Volodymyr Zelensky. Il a évoqué "d'autres réunions" avec des responsables américains, comme des représentants "d'entreprises militaires" et des élus du Congrès. Vendredi matin, il a déclaré sur X avoir rencontré des représentants de Lockheed Martin, entreprise qui fabrique des missiles Patriot et Tomahawk. Donald Trump s'est montré pour sa part prudent sur la question. "Nous ne pouvons pas appauvrir les réserves de notre propre pays", a-t-il déclaré.

"J'aurai également des rencontres avec des entreprises du secteur de l'énergie", a fait savoir Volodymyr Zelensky. L'Ukraine est depuis plusieurs jours visée par de nouvelles vagues de bombardements russes sur ses infrastructures, qui menacent de priver d'électricité et de chauffage de très nombreux Ukrainiens à l'approche de l'hiver.