Guerre en Ukraine : "À Marioupol, on n'a pas réussi à acheminer de l'aide du tout", s'alarme Médecins sans frontières
Plus de 2 000 civils ont été tués dans la ville et quelque 100 000 habitants sont bloqués et manquent de tout, selon le président ukrainien Volodymyr Zelynsky.
Augustin Augier, chargé de mission pour Médecins sans frontières, qui est actuellement en Ukraine, explique samedi 26 mars sur franceinfo que l'association "n'a pas réussi à acheminer de l'aide du tout" à Marioupol depuis le début de la guerre en Ukraine, après que la France a annoncé mener prochainement une opération humanitaire dans la ville, avec la Grèce et la Turquie, pour permettre aux habitants d'évacuer.
franceinfo : Quel rôle peut jouer la France dans cette opération ?
Augustin Augier : On n'a pas plus d'informations aujourd'hui que ce qu'on a pu lire dans la presse et les déclarations publiques de l'État français. Ce qui est certain, c'est que c'est une ville assiégée depuis le 1er mars. Ça fait des semaines qu'on demande à ce que les gens puissent avoir un passage sécurisé pour sortir de la ville de Marioupol. Il resterait à peu près 100 000 personnes qui sont sous les bombes depuis maintenant un mois, sans électricité, sans eau, sans nourriture, sans accès aux soins. C'est une situation particulièrement dramatique et inédite.
Nous sommes contents que d'autres personnes essayent, comme la France, de négocier un accès. On attend de voir concrètement ce qu'on va pouvoir faire. On a des équipes qui sont prêtes juste à côté de Marioupol jusqu'où on peut avancer dans des conditions de sécurité, avec des camions, du matériel médical, la possibilité de sortir les gens qui le souhaitent. Un convoi a déjà été bloqué il y a trois jours. Il y a des questions très concrètes. Comment avoir les garanties sécurité de la part des belligérants ? Comment nettoyer la route minée qui permet le passage des voitures mais pas des gros camions ? Ce qui nous intéresse est de savoir ce qui pourra concrètement être fait pour qu'on puisse, d'une part, sortir les personnes qui le souhaitent, en priorité les personnes blessées, et d'autre part, pour ceux qui restent, pouvoir entrer les soigner et apporter du matériel médical.
Emmanuel Macron doit s'entretenir avec Vladimir Poutine pour assurer une protection opérationnelle lors de cette évacuation humanitaire : c'est un enjeu essentiel ?
C'est extrêmement complexe de mener ce genre d'opérations. Il faut des garanties de sécurité très importantes, puisqu'on est dans une zone de combats lourds avec des bombardements permanents, des troupes au sol qui sont en train de combattre au sein de Marioupol. Pour pouvoir effectuer cette opération, il faut des garanties de sécurité de la part des gouvernements russe et ukrainien. Si un parti tiers comme la France ou les Nations-Unies, est capable de faire avancer cette question là, c'est une très bonne chose. Et au delà de ces garanties, il y a des questions pratiques qu'il faut aussi adresser, notamment la question de pouvoir prendre cette route qui aujourd'hui ne permet pas d'accès à des camions.
Craignez-vous que les garanties données pour cette évacuation ne soient pas respectées ?
Ça n'a pas toujours été le cas, parfois parce que il n'y a pas réellement d'intention de mettre en place ce passage sécurisé pour les populations, parfois parce que c'est très compliqué à mettre en œuvre dans un milieu en guerre. Il suffit que l'un tire pour que l'autre réponde parce qu'ils sont en tension. C'est un processus compliqué. Il ne suffit pas d'avoir l'intention de le faire. Il faut rentrer dans le concret. On attend et on espère que ça va pouvoir avancer.
Combien de personnes peuvent être évacuées ?
Ça va dépendre des garanties. Ça va dépendre si la route pourra être déminée. On passe avec des voitures ou des petits camions, pas avec des gros camions. Vous imaginez bien que ce n'est pas la même chose. Est-ce qu'on pourra sortir tout le monde ? Il y a des gens qui ne sont pas mobiles, qui n'ont pas de véhicules, des personnes âgées qui sont tanquées chez elles.
Aujourd'hui, à Marioupol, on n'a pas réussi à acheminer de l'aide du tout. C'est très compliqué. On n'a pas réussi. Dans d'autres villes qui sont quasi assiégées, on n'y arrive un peu, mais à Marioupol rien ne rentre. On arrive à joindre des gens sur place qui prennent des risques énormes parce qu'il faut qu'ils montent en haut des bâtiments pour pouvoir téléphoner. Les informations qu'on reçoit sont dramatiques sur les conditions de vie, les risques permanents et l'incapacité à soigner des gens qui en ont besoin. Est-ce que les Russes souhaitent que l'aide humanitaire rentre dans la ville, se donnent des moyens pour pouvoir sécuriser la route et le passage des gens et de l'aide ? C'est ça la question.
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