Australie : une caricature sur les Aborigènes crée la polémique
La question des Aborigènes est un sujet sensible en Australie. Des images de délinquants mineurs victimes de sévices, diffusées fin juillet 2016, ont soulevé un scandale: la plupart était aborigènes. Autre affaire : un dessin du journal The Australian montre un père aborigène hirsute et éméché, incapable de se souvenir du nom de son fils. Le dessin a été qualifié de «raciste».
Le dessin a été publié le 4 août, journée consacrée aux enfants aborigènes. On y voit un policier, matraque en main, qui tient par le col un adolescent aborigène qu’il ramène à son père. Celui-ci, hirsute, pieds nus, tient une canette de bière. «Il va falloir que tu t’asseyes quelque part avec ton fils et que tu lui parles de responsabilité personnelle», dit le représentant des forces de l’ordre. «Ca peut se faire. Mais il s’appelle comment ?», répond le père, apparemment ivre.
Le dessin, signé du caricaturiste Bill Leak, «véhicule les plus terribles clichés sur le peuple aborigène», a estimé le leader des verts Richard Di Natale. En l’occurrence : la délinquance et la boisson qui brouille la mémoire. Même quand il s’agit du prénom de ses propres enfants….
D’une manière générale, les réactions ont été très vives. Pour l’ONG SNAICCC (Secretariat of National Aboriginal and Islander Child Care, Secrétariat national pour les soins aux enfants aborigènes et insulaires), cité par la BBC, «ceux qui publient un tel dessin, clairement raciste, devraient avoir honte et s’excuser publiquement auprès des Australiens». «Le racisme et la discrimination sont une réalité de la vie des Aborigènes qui ont vécu dans ce pays et s’en sont occupés pendant plus de 60.000 ans», rappelle le New South Wales Aboriginal Land Council, une administration régionale.
Les descendants des premiers Australiens ne représentent que 3% de la population du pays (23 millions d’habitants). Pourtant, les jeunes issus de cette minorité «ont 34 fois plus de risques d’être placés en détention» que les autres, rappelle le quotidien britannique The Telegraph.
Délinquants maltraités
Une réalité qu’avaient déjà rappelé, fin juillet 2016, des images diffusées par la chaîne ABC. L'émission montre des gardes en train de déshabiller les délinquants, parmi lesquels de nombreux aborigènes, et de les asperger de gaz lacrymogène. Certains jeunes sont placés à l'isolement pendant des semaines. Dans une des vidéos, on voit un adolescent de 17 ans enchaîné à une chaise par les chevilles, les poignets et le cou. Il a été abandonné là pendant deux heures, avec une cagoule sur la tête. Devant le scandale, le gouvernement a dû ordonner une enquête.
De son côté, le rédacteur en chef de The Australian, Paul Whittaker, a défendu bec et ongles son dessinateur. Il précise dans un éditorial que la caricature fait suite aux propos tenus dans une interview par Noel Pearson, avocat et militant des droits des Aborigènes. Ces derniers «doivent prendre en charge et assumer la responsabilité de leurs propres enfants», y affirme l’homme de loi. Message implicite de l’éditorialiste, dont l’employeur défend une ligne libérale : si même un défenseur de cette population exprime de tels arguments, les conservateurs peuvent aussi tenir un raisonnement de ce genre. En l’occurrence : «Au lieu d’être assistés par l’Etat, les Aborigènes feraient mieux de se prendre en main»…
Dans ce contexte, le journal «est fier de la contribution détaillée qu’il a apportée depuis longtemps au débat national sur le sujet essentiel des affaires indigènes» (indigenous en anglais), écrit son dirigeant. «Trop souvent, trop de gens passent à côté des causes profondes (de grands problèmes, NDLR) et des dossiers difficiles». Résultat : de tels dessins «obligent tout un chacun à envisager des questions fondamentales d’une manière que reportages et analysent ne parviennent pas à faire».
«Papas indigènes» et fiers de l’être
Et qu’en disent les réseaux sociaux ? Ils n’ont pas été les derniers à réagir. Et là, ce sont les descendants d’Aborigènes eux-mêmes qui ont répondu. Sur Twitter, on a vu surgir le hashtag (mot-clef) #IndigenousDads («papas indigènes»). Des internautes s’y montrent fièrement avec leur père.
A few solid and deadly #IndigenousDads who don't drink beer and know all their children's names. pic.twitter.com/RL5c0SGOrG
— Rhonda Hagan (@hagan1966) August 6, 2016
Traduction du tweet : «Voici quelques pères indigènes mortels, mais solides qui ne boivent pas de bière et connaissent les noms de tous leurs enfants».
L’humour : sans doute l’un des meilleurs moyens pour répondre aux stéréotypes…
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