Prise de l'Afghanistan par les talibans : "La Chine a une carte à jouer", selon le spécialiste Pierre Haski
Selon le spécialiste en géo-politique, la Chine veut notamment s'assurer que l'Afghanistan ne deviennent pas une base arrière pour des révoltes ouïghoures.
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"La Chine a une carte à jouer", a affirmé lundi 16 août sur franceinfo Pierre Haski, président de Reporters Sans Frontières et chroniqueur géopolitique sur France inter, au lendemain de la prise de Kaboul par les talibans. La Chine et la Russie sont les deux seuls pays à ne pas évacuer leurs ambassades à Kaboul.
Pékin dit vouloir entretenir des relations amicales avec les talibans. Qu'est-ce que ça signifie ?
Il y a deux dimensions. La première, c'est évidemment le plaisir que ne cache pas la Chine à voir son adversaire, les États-Unis, mordre la poussière en Afghanistan. Les médias chinois sont pleins de commentaires ou de dessins ironiques sur cette Amérique qui veut s'en prendre à la Chine, mais qui n'est pas capable de résister à l'avance des talibans. C'est le premier point. Le deuxième, c'est que la Chine est voisine de l'Afghanistan. Il y a une toute petite frontière, 90 kilomètres uniquement, mais qui donne sur le Xinjiang, c'est-à-dire la région des Ouïghours. Et la première préoccupation de la Chine, c'est la sécurité, c'est-à-dire ne pas voir l'Afghanistan des talibans se transformer en base arrière pour des groupes nationalistes ou des groupes terroristes qui seraient liés aux populations ouïghours. Il y a trois semaines, une délégation des talibans conduite par l'homme fort des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar était à Tianjin, en Chine, pour une rencontre très officielle et très médiatisée avec le ministre des Affaires étrangères chinois. Au cours de cette rencontre, il semble que les talibans ont donné des assurances sur le sujet qui préoccupe le plus les Chinois, c'est-à-dire que l'Afghanistan des talibans ne sera pas une base arrière pour les Ouïghours. C'est le point le plus important pour la Chine, ce qui explique aujourd'hui cette tranquille assurance que les Chinois ont l'air de manifester.
De quelle façon la Chine pourrait-elle malgré tout jouer un rôle au sein de cet Afghanistan ?
Il y a d'abord une approche stratégique. La Chine a une relation très étroite avec le Pakistan, qui a longtemps été le principal soutien des talibans. Aujourd'hui, le Pakistan est l'un des pays clés dans les nouvelles routes de la soie conduites par Pékin. Il y a plus de 60 milliards de dollars qui ont été investis par la Chine au Pakistan. Et donc, il y a cette idée dont on parle depuis des années, mais qui ne s'est jamais faite jusqu'à présent, qui serait d'associer l'Afghanistan à cette nouvelle route de la soie. Cela donnerait à la Chine une capacité de pénétration en Afghanistan sur le plan économique et ce serait pour les talibans une bouffée d'oxygène parce que ils savent qu'ils vont être isolés aujourd'hui face au monde occidental. Après tout ce qui s'est passé, il y a une carte à jouer pour les Chinois. Une fois qu'ils ont réglé le problème de la sécurité, cette carte est de devenir un partenaire clé de ce nouvel Afghanistan.
Pourrait-on imaginer que cet apport en capitaux des Chinois pousse les talibans à une certaine modernisation économique ?
Les Chinois ne sont pas des adeptes de l'ingérence. C'est un peu leur marque de fabrique, que ce soit en Afrique ou en Asie, ils ne veulent pas, contrairement aux Occidentaux, dicter leur ligne politique aux pays avec lesquels ils font des affaires. Il est probable que sur ce point-là, ils ne tenteront pas d'influencer les talibans, tant que ceux-ci respectent le contrat avec eux, c'est-à-dire pas d'ingérence dans les affaires intérieures chinoises. C'est le point important pour les Chinois et en échange, ils sont prêts à fermer les yeux sur tout ce qui se passera en Afghanistan.
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