Reportage "Moins de deux heures par jour, ça ne suffit pas" : près de Nagoya, au Japon, une ville prend un arrêté municipal pour réduire le temps d'écran de ses habitants

Une municipalité de la banlieue de Nagoya a mis en place un arrêté qui limite l'utilisation des smartphones et des tablettes à moins de deux heures par jour, hors travail et études.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un habitant de Toyoake, une ville au centre du Japon, marche dans la rue les yeux rivés sur son smartphone. (KARYN NISHIMURA / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)
Un habitant de Toyoake, une ville au centre du Japon, marche dans la rue les yeux rivés sur son smartphone. (KARYN NISHIMURA / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le problème du temps passé devant les écrans est international. Au Japon, une ville de la banlieue de Nagoya a voté un arrêté qui demande à tous les citoyens, enfants et adultes, de réduire le temps passé sur les smartphones et les tablettes à moins de deux heures par jour, hors travail et études.

Tomomi, résidente de la ville moyenne de Toyoake, a appris par la télévision le vote de cet arrêté municipal. Sa réaction a fusé. "Quoi à Toyoaké ? Chez nous ? Un arrêté municipal, c’est rude. Moins de deux heures par jour, ça ne suffit pas. Ceci dit, il est bien de prendre conscience de cet usage excessif. Dans le train, tout le monde regarde son smartphone", déplore la jeune grand-mère.

"C'est un problème à régler en famille"

Mais la lycéenne, Seira, accueille bien moins bien ce décret. "Non mais vous rigolez ? Ce n'est juste pas faisable. Je préférerais qu’il n’y ait pas de décret pour ce qu’on ne peut pas respecter. Et qu’il y en ait un pour des règles qu’il faut vraiment respecter." Même scepticisme pour la maman d’une collégienne qui passe parfois six heures par jour le week-end devant son écran. "Six heures, c'est beaucoup. Mais inversement, je pense que deux heures, c’est trop court."

La septuagénaire Atsuko est d’accord avec le constat, mais juge qu’un arrêté municipal n’y changera rien. "La municipalité en fait trop. C’est un problème à régler en famille, à la rigueur à l’école. De toute façon, la mairie peut le répéter tant qu’elle veut, si les parents ne contrôlent rien, les enfants ne vont pas arrêter. "

"Maintenant qu'il faut agir"

Masafumi Koki, le maire de Toyoake n’est pas surpris par ces réactions hostiles. Il s’agit selon lui d'un problème de santé publique, avec des décrochages scolaires et des relations sociales dégradées par l’usage intensif et solitaire du smartphone. "L’impossibilité de se défaire de son smartphone est un problème qui ne concerne pas que les enfants, mais tous les âges. Et nous avons conclu que l’arrêté municipal était nécessaire, comme moyen de frapper fort pour attirer l’attention des administrés, ne serait-ce que sur la nécessité de réduire le temps du smartphone au profit du temps de sommeil", observe le maire.

Masafumi Koki considère que "si nous n’émettons pas maintenant un message fort, ce problème va avoir un impact important sur la croissance des enfants. Nous avons estimé qu’il fallait s’adresser à tous avec un outil fort et que l’usage de l’arrêté municipal était un moyen certes très spécial, mais approprié. Le smartphone est un outil très pratique, et il est bien de l’utiliser, mais nous voulons que les citoyens évitent de s’en servir trop au point de réduire à leur temps de sommeil. C’est maintenant qu’il faut agir, car le smartphone est en train de devenir pour certains leur seul ami, et c’est très dangereux". 

Selon le maire, cet arrêté municipal non contraignant ni assorti de sanction n’est pas infantilisant ni intrusif. Des enquêtes seront conduites pour en évaluer la portée.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.