La rapporteure de la commission TikTok appelle à arrêter de jouer à la "roulette russe" avec "le bien-être des enfants"
Dans son rapport, mené avec le député socialiste Arthur Delaporte après 95 heures d'auditions, elle préconise d'interdire l'accès aux réseaux sociaux, hors messageries, aux moins de 15 ans ainsi qu'un "couvre-feu numérique" pour les 15-18 ans.
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"TikTok est une espèce de roulette russe", alerte ce jeudi sur franceinfo Laure Miller, députée Ensemble pour la République de la Marne, rapporteure de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Dans son rapport, mené avec le député socialiste Arthur Delaporte après 95 heures d'auditions, elle préconise d'interdire l'accès aux réseaux sociaux, hors messageries, aux moins de 15 ans ainsi qu'un "couvre-feu numérique" pour les 15-18 ans.
"Des adolescents peuvent très bien s'en sortir, et voir l'application comme un divertissement parce qu'ils ont le recul nécessaire, mais il y a aussi, à l'adolescence, une phase de fragilité, de vulnérabilité", explique la députée.
"L'algorithme ne retient pas ce que nous apprécions, mais ce qui a retenu notre attention. Vous pouvez donc être choqué ou sidéré par des images, et l'algorithme comprend que c'est ce que vous voulez encore et encore, et vous enferme dans cette spirale", détaille-t-elle. "Est-ce que vous, vous accepteriez de jouer à la roulette russe, s'agissant du bien-être de votre enfant ?", s'interroge Laure Miller.
"De la langue de bois du début à fin"
Lors des auditions, les dirigeants de la plateforme chinoise ont "feint l'ignorance, c'était de la langue de bois du début à fin", selon la rapporteure. "La conclusion de ces nombreuses heures d'auditions, c'est, qu'en fait, ils assument vraiment", déplore-t-elle. Ainsi, "s'ils ne font aucunement preuve de bonne volonté pour modifier cet algorithme et protéger réellement les enfants, il faut qu'on prenne nos responsabilités le plus rapidement possible".
Interdire les réseaux sociaux (hors messagerie) aux moins de 15 ans, "c'est une forme de principe de précaution pour protéger nos enfants", défend la macroniste. Sur l'âge limite choisi, elle explique que "c'était l'âge auquel était arrivé le consensus médical".
Laure Miller se montre raisonnablement optimiste quant à la possibilité de contraindre ces géants du numérique. "Jusqu'à présent, cela relevait du droit de l'Union européenne, avec des procédures qui sont très lentes, alors qu'en face de nous, on a des plateformes qui évoluent du jour au lendemain", rappelle la députée. "Mais on nous a ouvert la voie au niveau du droit national", se réjouit-elle, puisque, cet été la Commission européenne a autorisé les États à légiférer sur l'interdiction avant un certain âge. Par ailleurs, la Commission doit également mettre à disposition, "dans les mois qui viennent, un logiciel qui va nous permettre de vérifier l'âge à l'inscription sur les réseaux sociaux", se réjouit l'élue.
Le président de la commission parlementaire sur TikTok, Arthur Delaporte a quant à lui annoncé avoir saisi la justice pour "mise en danger de la vie" des utilisateurs de l'application.
"Le contrôle de l'âge est le plaidoyer numéro 1"
"On en revient toujours au même point : le contrôle de l'âge est vraiment le plaidoyer numéro un", insiste pour sa part, sur franceinfo, Justine Atlan, directrice générale de l'association e-Enfance, association de protection des enfants sur Internet.
"La seule et unique façon de protéger les enfants et les adolescents dans cet univers numérique, c'est de pouvoir les reconnaître et ne pas les mélanger avec les adultes", estime la responsable de l'association de protection des enfants sur Internet. Une mesure qui doit permettre de "les protéger des contenus qui leur sont nuisibles, comme la pornographie, mais aussi ces algorithmes surpuissants qui ne sont pas adaptés à leur âge".
"À l’heure actuelle, les réseaux sociaux sont les mêmes pour les adultes et pour les jeunes, ce qui n'est pas normal", déplore Justine Atlan.
"Tant que les réseaux ne sont pas capables d'identifier les jeunes et de leur proposer des fonctionnalités adaptées, il faut l'interdire aux jeunes dont on voit bien les effets, en tout cas pour les plus vulnérables"
Justine Atlan, directrice générale de l'association e-Enfancesur franceinfo
"Les parents sont en première ligne", regrette-t-elle : "C'est compliqué parce qu'on demande aux parents d'être responsables et de surveiller leurs enfants, de contrôler, que c'est de leur faute si les enfants passent trop de temps sur les réseaux", développe la spécialiste. Mais "les parents luttent contre des géants internationaux qui ont une maîtrise parfaite d'un algorithme qui crée de l'addiction". "C'est compliqué d'être seul à maintenir cette digue contre cette invasion dans la chambre de leur enfant. Les parents ont fait beaucoup d'efforts depuis toutes ces années, mais là ils demandent un cadre dans l'espace public qui leur permette de ne pas être les seuls à protéger leurs enfants", défend la directrice d'e-Enfance.
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