Trentenaires, milliardaires et australiens… Qui se cache derrière la plateforme Kick, qui a diffusé en direct la mort de Jean Pormanove ?

Deux entrepreneurs sont à l'origine de la plateforme de streaming Kick, créée pour rivaliser avec Twitch, tout en garantissant à ses utilisateurs moins de modération.

Thomas Pontillon

Radio France

Publié le 22/08/2025 18:31

Temps de lecture : 3min

La plateforme en ligne "Kick" est dans le viseur de l'Arcom après la mort de Raphaël Graven alias "Jean Pormanove". (THOMAS VINCLAIR / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Des humiliations et des violences filmées, jusqu'à la mort de Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven. Ces actes ont été retransmis en direct et sans entrave, pendant des mois, devant des milliers de téléspectateurs, sur la plateforme Kick. Un drame qui a mis en lumière cette sulfureuse plateforme et son manque de modération.

Créée pour permettre le streaming de jeux d'argent

Systématiquement, leurs plateformes flirtent avec la légalité. Leur plus grand succès ? Stake, un site de jeux d'argent qui ressemble à un casino en ligne où l'on peut parier de l'argent ou des cryptomonnaies. Avec un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros par an, la plateforme a même une voiture en Formule 1 à ses couleurs. Elle est pourtant interdite dans plusieurs pays dans le monde, notamment en France, où l'autorité nationale des jeux l'a bloquée dès 2021, quand les casinos en ligne ont été interdits.

Pour se faire connaître, Stake a beaucoup misé sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitch, qui diffusait des vidéos de streamers en train de jouer au casino en ligne. Mais en 2022, la plateforme décide de bannir les jeux d'argents. Les deux propriétaires de Stake imaginent alors une nouvelle plateforme, avec moins de modération, où les anciens de Twitch pourraient se retrouver. C'est ainsi que Kick est lancé.

"Il y a urgence à sortir de ce Far West numérique"

Depuis sa création, Kick frôle toujours la ligne rouge. Jeudi 21 août, le blocage de la chaîne de Jean Pormanov a par exemple été levé, quelques jours seulement après sa mort. Après une condamnation de l'Arcom, l'autorité de régulation en France, Kick a de nouveau suspendu la chaîne vendredi 22 août, où les curieux pouvaient encore voir toutes les violences subies pendant plusieurs mois par le streamer.

"On est face à des gens à l'autre bout du monde, en visio, en t-shirt, avachis, qui ne prennent absolument pas la mesure de ce qu'il est en train de se passer et qui n'ont aucune réponse à mes questions", s'insurge sur franceinfo Clara Chappaz, concernant les deux créateurs de Kick. La ministre déléguée chargée du Numérique a pu discuter avec ces derniers, après la mort de Jean Pormanov. Pour elle, "il y a urgence à sortir de ce Far West numérique".