Tunnels, bassin… Nîmes investit dans des infrastructures anti-inondations pour limiter les dégâts
Pour éviter les inondations, les villes doivent faire d'importants travaux. C'est notamment le cas de Nîmes, dans le Gard, devenue une commune modèle pour lutter contre les crues. Des moyens d'ampleur ont été déployés pour sécuriser la ville, dont des bassins géants et des méga-tunnels.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Dominique Dussenne a une inquiétude : se retrouver avec sa maison complètement inondée. À Nîmes (Gard), c'est déjà arrivé en 2015 dans son quartier. Alors, pour se protéger, la mairie lui a offert un équipement. "Je mets ça là, je gonfle", nous explique-t-il. Un batardeau qui se fixe dans l'encadrement de la porte d'entrée. Une protection étanche, une sécurité pour ce Nîmois : "Moi, en tout cas, ça me rassure. Quand il pleut trop fort ou quoi que ce soit et qu'on nous annonce vraiment des alertes dans le Gard, on met ça en place, systématiquement", assure-t-il.
Et il n'est pas le seul habitant à s'en préoccuper. À Nîmes, la moitié de la population vit en zone inondable. Quarante ans de pluie, les cours d'eau qui traversent la ville gonflent, les rivières sortent de leurs lits et débordent. Comme le 3 octobre 1988, des pluies torrentielles engloutissent la ville en seulement quelques heures. Le bilan est lourd : 11 morts, 45 000 sinistrés et un traumatisme qui reste. Depuis, les inondations sont récurrentes, comme en 2005 ou en 2014.
52 millions d'euros investis
Aujourd'hui, la municipalité met les grands moyens. Elle a décidé de creuser un gigantesque tunnel sous la ville pour se protéger. Une première en France, avec un objectif : évacuer l'eau de pluie par le sous-sol le plus rapidement possible. "On est entre deux et six mètres sous terre. On est en train de passer sous une partie de Nîmes", explique Guillaume Huyghues-Despointes, directeur des travaux - Entreprise Razel-Bec. D'ici deux ans, le tuyau sera opérationnel. "Nous sommes à l'intérieur d'un tunnel de 3 mètres 30 de diamètre intérieur. L'objectif de ces tunnels est simplement de faire passer l'eau qui aujourd'hui, lors des épisodes Cévenols, passe dans les rues. Simplement le faire passer sous la ville", souligne-t-il.
Ce tunnel vise à améliorer un système déjà existant. Aujourd'hui, en cas de forte inondation, l'eau se déverse dans des galeries souterraines appelées "cadereaux". Leur rôle ? Capter l'eau de pluie pour l'évacuer plus loin, hors de la ville. Mais leur capacité est devenue insuffisante. L'eau sature les galeries, remonte et inonde les rues. Les travaux visent à agrandir ces galeries. Pour en faire un immense tunnel de plus d'un kilomètre, il doit multiplier par 10 la capacité d'écoulement des eaux. Coût de l'opération : 52 millions d'euros.
Une carrière pour protéger plus de 34 000 habitants
Un investissement colossal, accompagné sur les hauteurs de la ville par le creusement d'une énorme carrière. Ici, le plus grand bassin de rétention de Nîmes prend forme. "On est en train de descendre au fond d'un trou qui fait plus de 30 mètres de profondeur et plus de 500 mètres cubes de stockage hydraulique, c'est-à-dire l'équivalent de quasiment 200 piscines olympiques", indique Jean-Luc Nuel, responsable de Service prévention des inondations de la Métropole de Nîmes.
Dans cette cuvette, les eaux de pluie seront stockées, de quoi protéger plus de 34 000 habitants. "On a cette grande cuve qui ramène toutes les eaux de ruissellement de l'ensemble du bassin et qui vient remplir la carrière. Et donc, une fois que l'événement est fini, on a ce volume d'eau qu'on vient pomper de manière très progressive pour pouvoir le rejeter au milieu naturel", poursuit-il.
Encore cinq ans de travaux avant que ce bassin ne soit opérationnel.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter