Procès des geôliers d'ex-otages français : "Ce matin, c'était dur parce qu'il fallait se rappeler des copains morts", raconte l'ex-otage Edouard Elias

Mehdi Nemmouche, auteur de l'attentat contre le Musée juif de Bruxelles en 2014, et quatre autres hommes, sont accusés d'avoir retenu en otages quatre journalistes français en Syrie dont Edouard Elias. Il s'exprimait publiquement pour la première fois sur sa détention, rapporte France Inter.

Article rédigé par franceinfo
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Edouard Elias, photojournaliste, à la Cour d'assises spéciale de Paris le 17 février 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
Edouard Elias, photojournaliste, à la Cour d'assises spéciale de Paris le 17 février 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

"Ce matin, en effet c'était dur parce qu'il fallait se rappeler des copains morts, des conditions de détentions qui étaient abominables", raconte mercredi 19 février à France Inter Edouard Elias. Ce photographe, aujourd'hui âgé de 33 ans, a été enlevé en 2013 par le groupe jihadiste naissant État islamique.

C'est la première fois qu'Edouard Elias s'exprimait publiquement sur sa détention. Il a témoigné mercredi au procès de Mehdi Nemmouche, accusé avec quatre autres hommes d'avoir été le geôlier de Nicolas Hénin, Didier François, Edouard Elias et Pierre Torres, quatre journalistes français. Il est jugé pour actes de tortures et de barbarie, séquestration, association de malfaiteurs terroriste. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine à laquelle il a déjà été condamné en Belgique en 2019 pour l’attentat du musée juif de Bruxelles en 2014.

"Privé de nourriture et de sommeil"

En parallèle de l'audience, Edouard Elias a également raconté à France Inter ses conditions de détention et se rappelle avoir eu "une serviette remplie d'eau, avec de l'eau qui rentrait dans les poumons". Il détaille avoir été "privé de nourriture, de sommeil".

"C'est vrai qu'on a tendance parfois un peu à minimiser, confie-t-il, parce qu'il faut surtout se rappeler que c'est le peuple syrien qui a souffert de ça." Edouard Elias raconte qu'il les entendait "se faire torturer, massacrer, tuer à longueur de journée dans cet espèce d'abattoir qu'était l'hôpital ophtalmologique d'Alep et dans les autres endroits où on a été. C'est donc aussi par pudeur envers eux". Le photographe souligne la différence, selon lui, entre le peuple syrien et eux, "des journalistes occidentaux qui ont décidé de se rendre en Syrie en tant que professionnels". Des journalistes qui gardent donc "aussi se côté de témoins".

S'il était présent à la barre aujourd'hui c'est parce que "c'est important en tant que citoyens". Il estime que c'est important "de contribuer à la justice". "On est là aussi parce qu'on a entendu des voix françaises, on sait que ce sont des gens qui sont dangereux." Edouard Elias a d'ailleurs affirmé lors de sa prise de parole à la barre avoir "formellement" reconnu la voix de Mehdi Nemmouche.

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