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Incendies : on vous explique la différence entre un feu "fixé", "maîtrisé", "circonscrit" ou "noyé" et entre des hectares "parcourus" ou "brûlés"

Derrière ces termes, il y a des définitions précises pour les soldats du feu. On vous explique les nuances souvent subtiles qui les séparent.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les pompiers utilisent un vocabulaire bien précis pour caractériser l'évolution du feu. Photo d'illustration. (FLORENT SELVINI / MAXPPP)
Les pompiers utilisent un vocabulaire bien précis pour caractériser l'évolution du feu. Photo d'illustration. (FLORENT SELVINI / MAXPPP)

Quelles différences y-a-t-il entre des hectares "parcourus" et "brûlés" ? Qu'est-ce qu'un incendie "fixé", "maîtrisé", "éteint" et "noyé" ? On vous explique, grâce notamment au réseau ICI (ex-France Bleu), le vocabulaire utilisé par les pompiers pour décrire les feux de forêt.

Hectares "parcourus" ou "brûlés" ? 

Les flammes peuvent se propager sur de nombreux hectares sans brûler la totalité de la végétation sur leur passage, en faisant des "sauts" de végétation, par exemple : poussées par le vent, les braises s'envolent et mettent le feu à une zone plus éloignée. Ainsi un incendie peut avoir "parcouru" dix hectares mais n'en avoir "brûlé" que huit. C'est aussi la raison pour laquelle, lors de gros incendies, il arrive que le bilan final des surfaces brûlées soit moindre par rapport aux estimations en cours de feu.   

Le feu est déclaré "fixé" quand l'incendie ne progresse plus sur son axe principal

Quand un incendie est "fixé", cela signifie qu'il ne progresse plus, rappelle France Bleu. Le feu est toujours en cours, mais la zone où les flammes se propagent n’évolue plus. 

Il s'agit du premier objectif des pompiers lorsqu’ils sont mobilisés sur un incendie. "On dit qu’un feu est fixé lorsque son axe de propagation est arrêté en tête de feu", c’est-à-dire dans l’axe principal du vent, expliquait à franceinfo le capitaine Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). Le feu "n’avance plus" mais les flammes peuvent rester vives et l’incendie "actif sur les côtés". Pour résumer, un feu fixé n’est pas forcément maîtrisé.

Le feu est déclaré "fixé" : l'incendie ne progresse plus sur son axe principal, mais des flammes peuvent rester vives. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
Le feu est déclaré "fixé" : l'incendie ne progresse plus sur son axe principal, mais des flammes peuvent rester vives. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Le feu est "maîtrisé" quand les flammes les plus importantes sont éteintes

Le glossaire officiel du feu précise que "la maîtrise vise quant à elle à circonscrire le feu par un dispositif continu et à supprimer toute flamme sur les lisières". Un incendie est considéré comme "maîtrisé" lorsque les flammes les plus importantes sont éteintes. Quand on dit qu'un feu est "fixé" mais pas encore "maîtrisé", cela veut dire que l'incendie ne progresse plus, mais que les flammes les plus importantes sont toujours allumées.

Le feu est "maîtrisé" par les pompiers : les flammes les plus importantes sont éteintes. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
Le feu est "maîtrisé" par les pompiers : les flammes les plus importantes sont éteintes. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Le feu est déclaré "circonscrit" quand les pompiers entourent le feu

En plus de la fixation et de la maîtrise de l’incendie pour éviter les risques de reprise, les pompiers entourent le feu. On utilise alors l’expression de "feu circonscrit ", car l'incendie est cerné de tous les côtés pour éviter qu'il ne se propage. Les pompiers vont "mettre en œuvre une stratégie, bien positionner les moyens à gauche et à droite (...), anticiper et prévoir en calculant par exemple la vitesse de propagation du feu en fonction du vent et de la pente", explique le capitaine Éric Brocard.

Le feu est déclaré "circonscrit" : les pompiers entourent le feu. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
Le feu est déclaré "circonscrit" : les pompiers entourent le feu. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Le feu est "noyé" : les pompiers empêchent tout départ de feu en arrosant le sol

Une fois le feu "fixé", "maîtrisé" et "circonscrit", les pompiers suppriment tout point incandescent en "noyant" les derniers points chauds, précise Les Echos. Ils vont devoir arroser le sol et gratter le sol pour éviter les reprises. Une opération qui peut s’avérer très longue et très laborieuse pour les soldats du feu. L'objectif va être d’éteindre de manière définitive "les derniers points chauds actifs pour éviter les reprises", explique le capitaine Éric Brocard : "On noie le feu jusqu’à ce que tout devienne noirâtre dans le but d’éviter toute reprise."

Le feu est "noyé" : les pompiers empêchent tout départ de feu en arrosant le sol. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
Le feu est "noyé" : les pompiers empêchent tout départ de feu en arrosant le sol. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Le feu déclaré "éteint" : les pompiers peuvent regagner la caserne

Lorsque les brasiers sont définitivement éteints par l'opération de "noyage", le feu est considéré comme éteint. Les pompiers peuvent alors regagner leurs casernes. 

Le feu déclaré "éteint" : les pompiers peuvent regagner la caserne. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)
Le feu déclaré "éteint" : les pompiers peuvent regagner la caserne. (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

Avec ses 17,5 millions d'hectares couvrant 32% du territoire métropolitain, la forêt française subit en moyenne environ 2 500 incendies par an depuis le début du XXIe siècle. Ces feux détruisent en moyenne plus de 11 000 hectares de bois ou végétation par an, d'après la base de données sur les incendies de forêts (BDIFF) que gère l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN). 

Mais le nombre d'incendies et les surfaces brûlées fluctuent extrêmement d'une année sur l'autre en fonction surtout des conditions météo. Selon le ministère de la Transition écologique, après une saison des feux 2022 d’une intensité exceptionnelle les années 2023 et 2024 ont été caractérisées par un nombre de feux de forêt et de végétation inférieur à la moyenne des 15 dernières années. La surface brûlée a été historiquement basse en 2024. Une année qui a été particulièrement humide et figure parmi les dix années les plus pluvieuses depuis 1959.

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