"Les voix ont pris le contrôle" : ce que révèle l'expertise psychiatrique du suspect du meurtre dans la mosquée de Grand-Combe
Franceinfo a pu consulter l'expertise psychiatrique qui conclut à l'abolition du discernement du suspect. Si elle est confirmée, il ne sera pas jugé pour avoir tué un fidèle d'une mosquée près de Nîmes, dans le Gard, en avril dernier.
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Le suspect du meurtre de la mosquée de Grand-Combe sera-t-il jugé un jour ? Franceinfo a pu consulter l'expertise psychiatrique rendue le mercredi 25 juin, qui estime que cet homme de 21 ans présentait une abolition totale de son discernement au moment des faits. Si cette hypothèse est confirmée, il ne pourra pas être jugé pour avoir tué de 40 coups de couteau Aboubakar Cissé, un fidèle qui priait dans une mosquée près de Nîmes (Gard), le vendredi 25 avril.
Dans cette expertise de cinq pages, le psychiatre estime que le suspect présente un trouble psychotique qui a débuté dans l'enfance mais qui n'a jamais été traité. "Un trouble psychotique chronique de type schizophrénique, avec hallucinations auditives impératives, vécu dissociatif, désorganisation cognitive et affective", décrit-il.
Aîné d’une fratrie de sept enfants, le suspect a soutenu qu’il "entend des voix" depuis l’âge de 7 ou 8 ans, "des voix que je ne connais pas, certaines de femmes et certaines d’hommes, des voix normales" qui lui ordonnent de se suicider ou de tuer. Selon lui, ce sont ces voix qui ont guidé ses gestes le jour des faits. "Ce n'était pas moi, elles ont pris le contrôle. J'étais comme aspiré, comme dans une bulle", affirme le suspect.
Un acte prémédité
Après le meurtre d'Aboubakar Cissé, ce fidèle de la mosquée de Grande-Combe, Olivier H. raconte que les voix "rigolaient". "Elles étaient fières, contentes", poursuit le suspect qui assure être athée et n'avoir rien contre la religion. Ces affirmations sont confirmées par le psychiatre, qui estime qu'il n'existe aucune motivation rationnelle à ce geste ou revendication idéologique organisée. "Le passage à l'acte présente les caractéristiques d'un épisode psychotique aigu non maîtrisé", écrit-il. D'où le fait que le psychiatre a conclu à l'abolition du discernement. Si cette expertise est confirmée, le suspect ne pourra pas être jugé, même si le geste apparaît comme prémédité.
Olivier H. avait largement part de ses intentions sur les réseaux sociaux, notamment via la plateforme Discord. Sous le pseudonyme "BloodScary", il racontait son désir de tuer, de violer des femmes et des cadavres. Une jeune femme en contact avec lui avait même envoyé son profil à la plateforme de signalements de contenus illicites en ligne Pharos, plusieurs mois avant le meurtre. Ce signalement est resté sans réponse.
Le suspect interné en hôpital psychiatrique
C'est également sur Discord que le suspect a envoyé une vidéo tournée à côté du corps ensanglanté de sa victime, le matin du vendredi 25 avril. Il y tient des propos insultants envers la religion et plus particulièrement l'islam. Après le meurtre, il est rentré chez lui et a demandé à l'un de ses frères et sœurs de l'aider à se raser la tête pour changer d'apparence avant de prendre la fuite vers l'Italie.
Olivier H. est actuellement dans un hôpital psychiatrique, dans lequel il a été interné sous contrainte, après plusieurs semaines de détention provisoire à l'isolement. Cette mesure est destinée, en partie, à le protéger de lui-même. Le jeune suspect a avoué au psychiatre avoir eu des pensées suicidaires dès l'âge de 8 ans. Il en parle alors à ses parents qui lui disent avoir les mêmes envies. Le petit garçon n'en reparlera plus jusqu'à une tentative de suicide à sa majorité. "J'ai attaché une corde à un truc en haut", raconte le suspect, "mais ça n'a pas marché".
Une contre-expertise à venir
Le suspect va faire l'objet d'une contre-expertise pour valider ou non l'absence de son discernement. Cette hypothèse est contestée par l'avocat de la victime qui parle d'une "imposture", d'une "expertise partielle et complaisante basée seulement sur les déclarations de l'auteur des faits ". Selon Me Yassine Bouzrou, l'abolition du discernement ne peut pas exister pour un suspect qui a préparé sa fuite et quitté le territoire.
Pour Me Adrien Gabeaud, l'avocat du suspect, ce profil psychiatrique doit, au contraire, permettre de nuancer les propos tenus par son client après les faits, notamment ses paroles antimusulmanes. Cette contre-expertise conditionnera le renvoi, puis le jugement du suspect devant une cour d'assises. Il reste pour l'instant mis en examen pour "assassinat commis en raison de la race ou de la religion".
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