Procès Le Scouarnec : l'accusé avoue avoir agressé sexuellement sa petite-fille, alors que son fils, père de l'enfant, témoigne à la barre

L'enfant, née en août 2012, est évoquée dans plusieurs écrits du pédocriminel, consultés par franceinfo, dont certains datent de 2014, 2015 et 2016.

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joël Le Scouarnec, lors de son procès face à la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, le 28 février 2025. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)
Joël Le Scouarnec, lors de son procès face à la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, le 28 février 2025. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCE TELEVISIONS)

Sous les yeux de son fils aîné, Erwann*, vendredi 28 février, Joël Le Scouarnec avoue d'un trait : "Oui, je reconnais avoir commis des actes d'abus sexuels sur ma petite-fille, sur sa fille, Marie*. Erwann, je te demande pardon". La salle d'audience du tribunal de Vannes se fige. Erwann, venu témoigner devant la cour criminelle du Morbihan, encaisse le choc. Il semble paralysé. Le témoin et sa compagne, mère de l'enfant, sont ensuite pris en charge par des psychologues.

Lors du précédent procès de son père, à Saintes en 2020, face à la cour d'assises de Charente-Maritime, Erwann avait eu connaissance, au moins en partie, de certains écrits de l'ex-chirurgien, concernant sa fille. Des passages de ses carnets intimes avaient été ainsi lus devant lui par l'avocat général. 

"Ça m'a plongé au fond, moralement et physiquement"

Cet homme aujourd'hui âgé de 44 ans, qui n'avait pas été informé au préalable de l'existence de ces écrits, s'en souvient comme un moment de grande violence pour lui. "Je ne sais pas comment vous décrire à quel point ça m'a plongé au fond, moralement et physiquement", explique-t-il cinq ans plus tard, précisant avoir sombré dans l'alcool pendant deux ans. "Est-il possible que vous ayez pu oublier de manière défensive ce que l'on vous a lu ?", lui demande ce vendredi Maxime Tessier, l'avocat de Joël Le Scouarnec. "C'est possible", répond Erwann.

Ce dernier n'a pas déposé plainte à l'époque, considérant que les passages lus "ne relevaient pas d'agressions directement". "Je n'ai pas bien dû analyser ce qui m'a été dit à Saintes", avance le quadragénaire, acceptant de consulter les écrits à l'issue de cette audience.

Sa fille, née en août 2012, est évoquée dans plusieurs écrits du pédocriminel, consultés par franceinfo, dont certains datent de 2014, 2015 et 2016. Il s'agit essentiellement de fantasmes et de faits d'exhibition. Dans un de ces passages, Joël Le Scouarnec se décrit comme "un grand-père incestueux". "Pardonne-moi, mon Erwann, mais j'aime tant les petites filles !", ajoute-t-il. Les faits avoués par l'accusé vont donc sans doute au-delà des faits consignés dans ses carnets.

La présidente de la cour criminelle du Morbihan, Aude Buresi, a immédiatement demandé que ces déclarations soient inscrites au procès-verbal de l'audience. Marie étant aujourd'hui toujours mineure, les actes sont "non prescrits", a souligné pour sa part Stéphane Kellenberger, l'avocat général. Le parquet de Lorient précise vendredi soir que "des suites judiciaires" seront données à ces révélations. 

*Les prénoms ont été modifiés. 

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