Disparition d'Estelle Mouzin : l'État jugé pour "faute lourde" et "déni de justice" à Paris

Dans l'enquête sur la disparition de sa fille, Éric Mouzin estime que "tout a été mal fait". Il espère une condamnation de l'État "pour le symbole".

Article rédigé par Margaux Stive, David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le père d'Estelle Mouzin, Éric Mouzin, le 14 décembre 2023, lors du procès de Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret. (JULIEN DE ROSA / AFP)
Le père d'Estelle Mouzin, Éric Mouzin, le 14 décembre 2023, lors du procès de Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Éric Mouzin veut faire condamner l'État pour "faute lourde" et "déni de justice" dans la conduite de l'enquête sur le meurtre de sa fille Estelle, selon les informations de franceinfo. L'audience se tient mercredi 11 juin à 14h au tribunal judiciaire de Paris, plus de six ans après le lancement de la procédure par Éric Mouzin.

Estelle Mouzin avait 9 ans quand elle a disparu le 9 janvier 2003 à Guermantes, en Seine-et-Marne. Dans cette affaire, Monique Olivier a été condamnée, le 19 décembre 2023, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans pour complicité dans les enlèvements suivis de meurtre de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.

Dans l'enquête sur la disparition de sa fille, Éric Mouzin estime auprès de franceinfo que "tout a été mal fait". Ses avocats Didier Seban et Marine Allali évoquent notamment, dans leur requête que franceinfo a pu consulter, les dix juges d'instruction qui se sont succédé depuis le début de l'affaire, soulignant qu'un magistrat "met des mois, voire plus d’une année, pour prendre connaissance de l’importante procédure". Ils déplorent également que "toutes les informations" dont disposait Éric Mouzin "ou tous les témoignages qu’il recevait" n'étaient pas traités par la justice.

"Un déni de justice"

La requête des avocats souligne surtout la piste de Michel Fourniret que les policiers ont longtemps refusé de creuser. Cette piste "apparaissait dès juin 2003, soit quelques mois seulement après le début de l’instruction", notent les avocats. "L'institution judiciaire n’a pas pris en compte cet axe d’enquête pendant près de 16 ans, délai particulièrement déraisonnable." Des années perdues qui empêcheront le tueur en série, mort en mai 2021, d'être jugé. "L’État s’est dès lors rendu coupable d’une violation de l’obligation de résultat qui pesait sur lui" et constitue "un déni de justice".

Éric Mouzin explique à franceinfo avoir "assisté à toute cette dérive alors qu'on était dans une urgence pour retrouver Estelle". Selon lui, "la justice ne faisait pas, ne répondait pas, faisait de l'obstruction. Le résultat est qu'on ne sait pas ce qu'il est advenu réellement d'Estelle". Éric Mouzin confie que "depuis 2003", il voit "une espèce de brouillard, de tunnel". "Je n'avais plus aucune disponibilité pour faire quoi que ce soit, y compris vivre."

Éric Mouzin espère une condamnation de l'État, "pour le symbole", dit-il, mais aussi pour que l'on puisse tirer des leçons et ne pas reproduire, dans d'autres dossiers, les mêmes erreurs que dans l'affaire Estelle. Il réclame 150 000 euros en réparation du préjudice matériel et financier, 200 000 euros en réparation du préjudice moral subi et 10 000 euros au titre des frais de justice.

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