Procès de Monique Olivier : l'ex-femme de Michel Fourniret condamnée à la réclusion à perpétuité pour complicité dans trois meurtres, dont celui d'Estelle Mouzin
L'ancienne épouse du tueur en série a été déclarée coupable de complicité dans l'enlèvement, la séquestration et la mort de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.
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Le délibéré aura duré plus de dix heures. Au terme de trois semaines de procès, Monique Olivier a été condamnée mardi 19 décembre à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans, par la cour d'assises des Hauts-de-Seine, à Nanterre. L'ancienne épouse du tueur en série Michel Fourniret, mort en mai 2021, a été déclarée coupable de complicité dans l'enlèvement, la séquestration et la mort de Marie-Angèle Domèce, 19 ans, Joanna Parrish, 20 ans et Estelle Mouzin, 9 ans. Le parquet avait demandé la peine maximum encourue pour ces faits, soit la perpétuité assortie de 22 ans de sûreté.
Dans la lecture des motivations de la cour, le président a qualifié la peine prononcée de "juste, adéquate et proportionnée à l'extrême gravité des faits où son implication est totale" et à "la personnalité" de Monique Olivier, "sans empathie" ni "affect pour des victimes déshumanisées". Rappelant ses aveux dans ces trois affaires, Didier Safar a néanmoins mentionné une "vraie tentative de questionnement" soulevée par une récente expertise chez cette dernière. L'accusée n'a pas réagi à l'énoncé du verdict.
"Je confirme ce que j'ai dit et je regrette tout ce que j'ai fait, avait déclaré Monique Olivier, mardi, lors de ses derniers mots devant la cour . Je demande pardon aux familles des victimes tout en sachant que c'est impardonnable tout ce que j'ai fait." Pendant les débats, l'ex-femme de "l'ogre des Ardennes", 75 ans, a euphémisé sa participation aux crimes de Michel Fourniret. Mais elle a maintenu les déclarations faites à l'issue de l'instruction dans ces trois dossiers, qui ont bien failli demeurer des affaires non classées avant leur reprise en main par la juge d'instruction Sabine Khéris.
Des aveux réitérés, mais guère plus
S'agissant de Marie-Angèle Domèce, disparue à l'âge de 19 ans le 8 juillet 1988, Monique Olivier a confirmé le terrible et habituel scénario du couple : la jeune fille repérée par Michel Fourniret dans le village de l'Yonne où ils habitaient, Saint-Cyr-les-Colons, "l'accostage" quelques jours plus tard avec son épouse, enceinte de sept mois, comme "appât", et la Peugeot 304 qui "emprunte un chemin de terre". Monique Olivier a affirmé ne pas avoir assisté à la suite, le meurtre par étranglement de la jeune femme et l'enfouissement du corps, jamais retrouvé.
Quant à Joanna Parrish, une étudiante anglaise de 20 ans retrouvée morte près de deux ans plus tard, le 17 mai 1990, à Monéteau (Yonne), Monique Olivier a admis avoir accompagné Michel Fourniret au rendez-vous – pour de prétendus cours d'anglais – et être restée dans "la C15", une fourgonnette, pendant que Michel Fourniret violait la jeune femme avant de la tuer. Pourquoi être restée cette fois ? "Il ne m'avait pas demandé de descendre. Bêtement, j'écoutais ce qu'il me demandait de faire. Je suis restée comme une idiote", a bredouillé l'accusée.
Dans l'affaire Estelle Mouzin, dont la disparition le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne) a hanté toute "une génération", comme l'a plaidé Marine Allali, une des avocates de la famille, Monique Olivier a livré un peu plus de détails sur la façon dont elle avait gardé plusieurs heures la fillette au lendemain de son enlèvement, dans la maison insalubre et glaciale de Villes-sur-Lumes, dans les Ardennes. Elle a raconté s'être assise à côté d'elle sur le matelas où l'ADN mitochondrial d'Estelle Mouzin a été retrouvé, puis l'avoir emmenée aux toilettes et lui avoir donné un verre d'eau. "Elle était triste, un peu endormie mais pas attachée, a-t-elle assuré. Et puis elle a pleuré. Elle m'a dit qu'elle voulait sa maman. Je lui ai dit qu'elle allait bientôt la voir."
Pas libérable avant 2035
Reconnaissant qu'elle aurait dû "l'emmener loin de là" plutôt que la laisser aux "grosses mains" de Michel Fourniret, Monique Olivier a maintenu, malgré les suppliques des parties civiles, qu'elle ignorait où se trouvait le corps de l'enfant. En dépit des nombreuses fouilles menées sur ses indications dans la forêt ardennaise, il n'a jamais été retrouvé. "Je veux que ces crimes vous hantent dans vos nuits en maison d'arrêt", a lancé vers le box Didier Seban, l'avocat des familles Mouzin et Domèce, lors de sa plaidoirie.
Fustigeant le "silence" et "l'indifférence" de cette femme, "complice active" du tueur en série et non épouse "passive" et "soumise" comme certains experts-psychologues l'ont décrite, le parquet a estimé qu'elle avait infligé une "double peine" aux familles de victimes. "Non seulement elle a participé au vol de ces vies, mais elle a laissé ces parties civiles dans l'ignorance, a fustigé l'avocate générale, Stéphanie Pottier. Madame Olivier, vous n'êtes pas complice à ce moment-là, vous êtes auteure du choix de vous taire."
"Sans les aveux de Monique Olivier, on n'est pas là aujourd'hui dans aucune de ces trois affaires. Ils sont le ciment de toutes les preuves" recueillies contre Michel Fourniret, a opposé son avocat, assurant que sa cliente s'était "engagée dans un autre chemin" depuis 2018. Richard Delgenes a confirmé, lors de sa plaidoirie, qu'il ne ferait pas appel du verdict pour ne pas "infliger un second au procès aux parties civiles". Cette nouvelle peine se confond avec les précédentes. Avec ses condamnations à la perpétuité et à vingt de prison en 2008 et 2018, assorties de périodes de sûreté de 28 et 10 ans, le parquet a fait le calcul : Monique Olivier ne sera pas libérable avant 2035. Elle aura 87 ans.
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