L'exposition des femmes au chlordécone associée à un allongement du délai pour concevoir un enfant, selon une étude
Les chercheurs de l'Inserm n'établissent cependant pas de lien de cause à effet, l'infertilité féminine pouvant avoir de multiples origines (syndrome des ovaires polykystiques, endométriose...).
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L'exposition des femmes au chlordécone, insecticide longtemps utilisé aux Antilles, est associée à un allongement du délai pour concevoir un enfant, selon une étude de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) publiée jeudi 16 octobre. Plusieurs travaux ont déjà montré un lien avec des effets néfastes sur la grossesse (risque augmenté de prématurité) et le développement de l'enfant (moins bons scores aux tests cognitifs et difficultés comportementales après une exposition prénatale et postnatale), notamment aux Antilles, rappelle l'organisme scientifique français.
La nouvelle étude, parue dans la revue Environmental Health, exploite des données recueillies auprès de 668 femmes enceintes en Guadeloupe entre novembre 2004 et décembre 2007, réparties ensuite en quatre groupes selon leur niveau d'exposition. Résultat : "Plus les femmes ont été exposées à des niveaux élevés de chlordécone, plus elles ont mis de temps à concevoir leur enfant", résume Luc Multigner, coauteur de l'étude et directeur de recherche émérite à l'Inserm.
Une étude à venir sur les liens avec l'infertilité
S'il est difficile d'attribuer l'allongement du délai à concevoir uniquement aux femmes, faute de mesure d'exposition des conjoints, "des études précédentes en Guadeloupe chez les hommes, à des niveaux d'exposition similaires à ceux des femmes, n'avaient montré aucun effet sur la qualité du sperme ni sur les hormones de la reproduction", note Luc Multigner. Chez des animaux de laboratoire, le chlordécone a déjà été associé à une baisse de fertilité des femelles.
L'étude n'établit cependant "pas formellement de lien de cause à effet", explique l'Inserm sur son site. "L'infertilité féminine peut avoir de multiples origines" (syndrome des ovaires polykystiques, endométriose...). Une autre recherche, en Guadeloupe, permettra de "mieux préciser les liens entre l'exposition au chlordécone et l'infertilité féminine", ajoute le responsable scientifique de l'étude, Ronan Garlantézec (université de Rennes). Ce dernier invite sans attendre à poursuivre les efforts pour "réduire l'exposition au chlordécone, en particulier chez les femmes en âge de procréer".
Insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien, le chlordécone, interdit dès 1977 aux Etats-Unis, a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Interdit en France en 1990, il a été utilisé jusqu'en 1993 par dérogation aux Antilles. Toujours présent dans les sols, où il peut rester jusqu'à 600 à 700 ans, il se retrouve dans certaines denrées d'origine végétale ou animale et sources d'eau potable.
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