Pétition contre la loi Duplomb : le désarroi des producteurs de noisettes

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min - vidéo : 2min
Article rédigé par France 2 - B. Six, M.-P. Cassignard, G. Bonnassié, F. Fort, A. Alvarez. Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Le Conseil constitutionnel doit se prononcer, jeudi 7 août, sur la très contestée loi Duplomb. La pétition contre le texte a dépassé les deux millions de signatures. Le principal point de crispation est la réintroduction d'un pesticide interdit, mais jugé indispensable par les producteurs de noisette pour protéger leurs cultures. Reportage dans le Lot-et-Garonne.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

À trois semaines de la récolte, Jérôme Bissières, producteur de noisettes à Labretonie (Lot-et-Garonne), répand encore des insecticides comme ceux que l'on retrouve, par exemple, dans les produits antiparasitaires pour chiens et chats : "Cette année, c'est la dixième fois", explique-t-il. Depuis 2018, la France interdit les néonicotinoïdes, des pesticides plus puissants autorisés dans les autres pays européens. Pour rester dans la course, Jérôme Bissières traite plus souvent, un combat nécessaire avec l'arrivée d'un nouveau ravageur : la punaise diabolique. Elle a ravagé l'an dernier 60 % de ses cultures.

Avec la loi Duplomb, il pourrait réutiliser un néonicotinoïde appelé l'acétamipride, un produit accusé de causer de graves problèmes de santé, mais autorisé chez les particuliers, une incompréhension pour l'agriculteur : "Ce produit-là, on le trouve en biocide partout dans le commerce et n'importe quel usager peut l'utiliser pour lutter contre les fourmis dans sa maison", pointe Jérôme Bissières.

D'autres méthodes testées

Pour sauver la filière, ses collègues étudient aussi d'autres solutions plus naturelles. Dans son verger de Cancon (Lot-et-Garonne), Grégory Bordes cultive une parcelle en bio. Un lâcher de guêpes microscopiques devrait paralyser les œufs de la punaise, mais la méthode est encore en phase de test. Le producteur n'applique aucun traitement chimique depuis cinq ans. Et le bilan est mitigé : deux fois moins de noisettes, et des pertes. "Quand on espère que la nature régule elle-même les choses, on voit que ça ne marche pas, puisqu'ici vous avez un bouquet de trois noisettes et les trois sont pourries et vides", déplore Grégory Bordes.

Lui aussi plaide en faveur de la loi Duplomb pour sauver son exploitation, quitte à renoncer à ses convictions pour l'instant. "Si on parle forcément du sujet de l’acétamipride, au niveau européen, l'EFSA, l'agence sanitaire européenne, autorise cette matière active en Europe jusqu'en 2033", souligne-t-il. 90 % des noisettes consommées en France viennent déjà des autres pays d'Europe.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.