Reportage "J'avais 38 degrés dans ma cuisine !" : en Seine-Saint-Denis, des habitants épuisés par la canicule dans leur bouilloire énergétique

Article rédigé par Adel Beloumri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme ferme les volets chez elle pour lutter contre la chaleur. Image d'illustration. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)
Une femme ferme les volets chez elle pour lutter contre la chaleur. Image d'illustration. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

La chaleur devient insupportable pour ces habitants d'Aubervilliers, dont les logements sont mal isolés. Beaucoup dorment mal la nuit et tentent de se rafraîchir comme ils peuvent en journée.

Vous avez sans doute mal dormi cette nuit, à cause de la chaleur et de cette canicule en France. Il a fait 25 degrés par endroits. Mardi 1er juillet, la vigilance est rouge pour canicule dans 16 départements, dont ceux d'Ile-de-France et du Centre-Val de Loire. 68 autres départements sont en vigilance orange en métropole. Jusqu'à 41 degrés sont attendus dans l'après-midi à Paris et en petite couronne pour le paroxysme de cet épisode caniculaire, selon Météo France.

Toute cette chaleur est parfois emmagasinée dans les logements les plus mal isolés, les bouilloires thermiques, qui touchent de plus en plus de monde, selon la Fondation pour le logement. Selon leur dernière étude, près d'un Français sur deux a souffert de la chaleur dans son logement en 2024.

Des appartements où la température a beaucoup de mal à redescendre. Pour certains habitants, impossible de rafraîchir son logement et il est très difficile de dormir. C'est le cas notamment à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Dans cette résidence, le sujet est sur toutes les lèvres à la tombée de la nuit, alors que beaucoup de volets sont fermés ou des fenêtres sont grandes ouvertes. "J'avais 38 degrés dans ma cuisine", lance une habitante.

Les enfants partagent des astuces

Plusieurs habitants se racontent leur calvaire au pied de ces immeubles en brique rouge d'avant la Seconde Guerre mondiale. "On ne peut pas rester à la maison, il fait trop chaud, c'est étouffant", souffle cet homme. "Heureusement qu'il y a les ventilateurs, il fait beaucoup plus chaud dans les appartements que dehors", raconte Houda, 31 ans. Elle cherche un peu de fraîcheur dehors avec ses deux enfants, l'un a six ans et l'autre six mois. "C'est hyper compliqué parce que la chaleur le rend nerveux, explique-t-elle à propos du plus petit. Il a du mal à s'endormir, il se réveille constamment. J'évite de lui mettre les ventilos ou la clim, parce qu'il tombe très vite malade, avec le chaud et le froid, donc ça veut dire que je subis. Il ne dort pas, je ne dors pas."

"Il fait tellement chaud que le ventilateur dégage de l'air chaud. C'est irrespirable."

Houda, 31 ans

à franceinfo

Pendant que les plus petits enfants font des batailles d'eau, les plus grands de 12 ans partagent leurs astuces. "On met un ventilateur et on met un drap un peu dessus, et avec le vent ça rafraîchit", explique l'un. "J'ai la technique où je mets un pantalon sur un ventilateur, je prends un bout et ma sœur prend un bout", de façon à faire deux tunnels, raconte un autre. 

Trente-deux degrés dans la chambre

Système D obligatoire pour contrer la chaleur. "C'est un four. Vous ouvrez le four, vous mettez la tête dedans quand il vient de chauffer, c'est la même chose." Ici depuis 35 ans, Laurent accepte de nous faire visiter son logement au quatrième étage, et dans la chambre de sa fille, exposée au sud-ouest, le thermostat sur le ventilateur affiche "32 degrés", montre-t-il, alors qu'il est 21h30. "Vu que le réfrigérateur est à côté de ma chambre, je fais souvent des allers-retours pour essayer de me rafraîchir, sinon je ne dors pas", raconte sa fille, Shéraze, 17 ans.

"Je bois de l'eau, je mange des salades fraîches, j'essaie de me rafraîchir du mieux possible."

Shéraze, 17 ans

à franceinfo

Dans la chambre parentale, même chaleur. "Le soir, il n'y a aucun vent, toute la nuit on reste comme ça, décrit-il. J'ai acheté un ventilateur que j'ai fixé au plafond, on est un petit peu mieux le soir, avec les fenêtres ouvertes." L'inconvénient : les fenêtres donnent sur une avenue très fréquentée qui mène au périphérique parisien. "On entend les voitures. Je commence à travailler à 5 heures du matin, pour dormir, ce n’est pas faisable." Épuisé, Laurent compte les jours. Lui et sa famille partent en vacances à la fin de la semaine.

En Seine-Saint-Denis, des habitants épuisés par la canicule dans leur bouilloire énergétique - le reportage d'Adel Beloumri

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