Reportage Près du Pont du Gard, des capteurs connectés par satellite pour détecter au plus tôt des départs d'incendie

Une expérimentation a été lancée autour du célèbre site, avec 121 capteurs installés sur des arbres par les pompiers. Ces appareils sont capables de détecter la moindre fumée à 200 mètres à la ronde et de signaler plus vite que l’homme les départs de feu.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Guiboud-Ribaud, chef du groupement prévision chez les sapeurs-pompiers du Gard, devant un capteur qui détecte les incendies dans les forêts. (MATHILDE VINCENEUX / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Eric Guiboud-Ribaud, chef du groupement prévision chez les sapeurs-pompiers du Gard, devant un capteur qui détecte les incendies dans les forêts. (MATHILDE VINCENEUX / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Des capteurs connectés par satellite pour mieux détecter les départs de feu : c'est l’expérimentation lancée dans le massif forestier autour du pont du Gard. Les données récoltées permettront d’aider les pompiers dans la lutte contre les incendies, alors que 121 capteurs ont été installés par les pompiers. Le dispositif, financé par l’Etat, est voué à s’étendre sur tout le territoire français.

Ces capteurs sont reliés à 25 satellites en orbite et ressemblent à des petits boîtiers équipés d’un panneau solaire et d’une antenne. "On fait un petit trou dans l'arbre avec une mèche et on vient fixer le capteur", décrit Eric Guiboud-Ribaud, chef du groupement prévision chez les sapeurs-pompiers du Gard.

"Le 'Minority Report' du feu de forêt"

Ces capteurs sont capables de détecter la moindre fumée à 200 mètres à la ronde et donc de signaler plus vite que l’homme les départs de feu. Mais ils mesurent aussi tous les paramètres météo qui permettent aux pompiers d’anticiper le comportement d’un incendie, sa vitesse, son ampleur. "La température, la pression atmosphérique et surtout, le plus important pour nous, l'hygrométrie, c'est-à-dire l'humidité dans l'air, précise Eric Guiboud-Ribaud. Si on a un végétal chargé en humidité, il est moins inflammable rapidement. L'herbe qui est verte brûle moins bien que l'herbe sèche, qui est de la paille".

Grâce aux données collectées par ces capteurs, les pompiers espèrent pouvoir, dans un futur proche, anticiper avec précision les risques de feux. "C'est le Minority Report du feu de forêt, lance le lieutenant-colonel Philippe Meresse, directeur du pôle innovation à l'Entente pour la forêt méditerranéenne, en référence au film de Steven Spielberg, avec Tom Cruise. C'est-à-dire : il va y avoir un feu dans les 12 heures qui viennent à tel endroit."

"L'objectif serait d'envoyer les moyens soit pour éviter qu'il s'allume, soit pour l'éteindre le plus rapidement possible."

Philippe Meresse, directeur du pôle innovation à l'Entente pour la forêt méditerranéenne

à franceinfo

Et ces capteurs ne sont pas placés au hasard, ils doivent être proches des zones d’activités humaines. "Des zones de parking, des pistes, des zones de randonnée, égrène-t-il, ça peut être aussi en bordure des lignes SNCF, des autoroutes, parce que 90% de l'allumage des feux est lié à l'activité humaine." Connecter ces capteurs à l’espace a des avantages, puisqu'ils peuvent être installés dans des zones où les téléphones ne captent pas. "On peut les installer n'importe où, explique Eric Nicolas, de la société Kinéis, propriétaire des satellites. Aujourd'hui, on a de très bons réseaux mobiles en France, néanmoins, en particulier dans les forêts, il y a beaucoup de zones blanches."

L’objectif, après cette expérimentation dans le Gard, est de déployer plus de 10 000 capteurs en France d'ici à la prochaine saison des feux de forêt, du Finistère au Centre-Val de Loire, en passant par le Jura.

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