Incendies : comment fait-on pour évaluer quasiment en temps réel les surfaces brûlées ?
L'incendie qui a pris mardi après-midi dans l'Aude est le plus gros recensé en France depuis au moins 19 ans. En quelque 24 heures, il avait déjà parcouru 16 000 hectares.
Les villages du massif des Corbières restent sur le qui-vive jeudi 7 août, au troisième jour d'un incendie d'une ampleur inédite. Mercredi soir, il avait déjà parcouru quelque 16 000 hectares. Pour suivre le parcours d'un incendie, deux moyens sont utilisés.
Au sol, dans le ciel ou depuis l'espace
En premier lieu, les équipes au sol, évidemment. Les pompiers sont les premiers à pouvoir estimer les surfaces brûlées puisqu'ils sont en contact direct avec les flammes. Ils peuvent s'appuyer sur les avions, les Canadair, les Dash mais aussi sur les drones, de plus en plus utilisés pour surveiller l'évolution du feu.
Et puis, bien plus haut, il y a les satellites Sentinel de l'observatoire européen Copernicus, qui scrutent en permanence la Terre, ou encore des satellites météo de dernière génération, les MTG. Ils permettent d'avoir de nouvelles images toutes les dix minutes, avec une capacité de vision infrarouge, ce qui permet notamment de détecter rapidement des départs de feu.
Avantages et inconvénients
Chaque technique a ses points forts et ses points faibles. Les observations de terrain permettent un suivi très précis, mais la compilation des données au niveau national prend du temps et il faut attendre plusieurs mois pour avoir une vision d'ensemble de l'impact des incendies sur le territoire. Les satellites, au contraire, assurent une observation plus rapide. Mais ils peuvent surestimer les surfaces brûlées puisqu'ils ne font pas la différence entre les feux de forêts et les opérations de brûlage dirigées, qui permettent justement de prévenir les incendies, ou encore l'écobuage, qui est une pratique agricole classique de gestion des terrains.
Résultat : si vous allez sur les bases de données en ligne, vous pouvez voir de grandes différences en termes de surfaces brûlées. Si on prend 2024 par exemple, la base de données française sur les incendies de forêt fait état de près de 3 000 hectares brûlés seulement alors que la base européenne de Copernicus table sur 13 000 hectares.
Malgré ces écarts, la multiplication des feux violents est une réalité. Et sous l'effet du réchauffement, il faut s'attendre à des incendies plus intenses, comme celui qui touche l'Aude en ce moment. D'après Météo France, avec un scénario à + 4 degrés d'ici 2100, la saison des risques de feux de forêt rallongerait d'un à deux mois et s'élargirait vers le nord du pays.
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