"Nous sommes toujours en mode dégradé" : à Mayotte, plus de huit mois après le passage du cyclone Chido, la rentrée est toujours compliquée

En décembre 2024, le cyclone Chido dévastait Mayotte et sur son passage, 40 % des écoles. En cette rentrée de nombreux élèves ne bénéficient toujours pas de conditions dignes pour étudier.

Article rédigé par franceinfo
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Un jeune Mahorais jette un œil à son école par-dessus le mur, le 19 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido sur l'archipel de Mayotte. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
Un jeune Mahorais jette un œil à son école par-dessus le mur, le 19 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido sur l'archipel de Mayotte. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Sur l'archipel de Mayotte, les élèves sont censés avoir fait leur rentrée lundi 25 août. Mais on est loin de la rentrée "normale", "dans les mêmes conditions qu'avant le cyclone", que promettait la ministre de l'Education. La semaine dernière Elisabeth Borne était en déplacement à Mayotte, et malgré sa venue, un élève sur dix n'a pour l'instant cours que deux heures par jour.

Environ 6 000 enfants sont concernés en primaire et ne peuvent s'asseoir sur les bancs de l'école que dix heures par semaine, au lieu des 24 heures habituellement prévues. Une situation indigne pour Rivomalala Rakotondravelo, le secrétaire à Mayotte du SNUIPP, le syndicat des enseignants du premier degré. "Huit mois après le cyclone Chido, nous sommes toujours en mode dégradé. On ne peut pas continuer à relativiser cette situation", s'insurge-t-il.

Un sentiment de mépris

La moitié de ces enfants est scolarisée dans la grande ville de Mamoutzou. Leurs écoles n'ont pas été reconstruites, parce que l'Etat n'a pas tenu ses promesses, dénonce le maire, Ambdilwahedou Soumaïla. "Les entreprises ont pris sur leur trésorerie, elles ont avancé, certaines ont pris des crédits, beaucoup d'entreprises sont au bout du rouleau, rappelle l'édile. On nous dit : 100 millions d'euros pour accélérer la reconstruction, fonds d'urgence, lois d'urgence... Ça n'a eu d'urgence que le nom."

Des rotations organisées pour accueillir les élèves par groupes, seulement quelques heures. Et de plus en plus souvent, ces cours ont lieu dans des préfabriqués. Ce n'est pas nouveau à Mayotte, le secteur scolaire était en crise bien avant le cyclone.

Mais en cette rentrée, Aidar Atoumani Saïd, qui représente les parents d'élèves de la FCPE, parle de mépris. "J'ai horreur qu'on me dise que c'est normal parce que c'est Mayotte. C'est une insulte, en quelque sorte. C'est intolérable." Lundi, pour manifester leur colère, des parents ont décidé de bloquer plusieurs écoles. Ils les ont cadenassées.

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