"C'est complètement fou" : les riverains entre satisfaction et inquiétude après la suspension du chantier de l'A69
Le soulagement chez les opposants, l'incompréhension pour les partisans. Le tribunal administratif de Toulouse a tranché pour l'annulation des travaux de l'A69 et laisse les riverains de l'autoroute partagés.
C'est une première pour l'environnement : le chantier d'une autoroute a été mis à l'arrêt par la justice, après deux ans de bras de fer entre les autorités et les opposants au projet. Le tribunal administratif de Toulouse a annulé jeudi 27 février les autorisations environnementales accordées par les préfectures du Tarn et de la Haute-Garonne pour la construction de l'A69, qui devait relier Toulouse à Castres.
Située au bord de la nationale, la boulangerie d'Émilie se trouve à mi-chemin entre les deux villes et à deux pas du chantier. Les clients ne sont donc pas indifférents à la décision du tribunal. "J'ai les deux parties : certains sont déçus et aimeraient l'autoroute et d'autres sont contents", relate-t-elle.
Les riverains divisés
Pour la boulangère, "c'est une très bonne chose que ce soit arrêté". Émilie détaille : "Déjà pour la nature. On habite ici et depuis qu'il y a les travaux, chez nous on a deux fois plus de sangliers, deux fois plus de biches qui fuient le secteur de l'autoroute et qui viennent de l'autre côté".
"Ils ont tout détruit, donc il n'y a plus d'habitat pour les animaux, c'est dommage."
Émilie, boulangère proche de l'A69à franceinfo
La destruction de la faune et de la flore a en effet été déclarée illégale par le tribunal, les juges considérant trop limités les bénéfices de l'A69. L'autoroute ne ferait gagner que 15 à 25 minutes par rapport à la nationale, pour faire Castres-Toulouse. Michel, un riverain, approuve. "Je vais à Toulouse assez souvent, je ne prendrai jamais l'autoroute. À ce prix-là, c'est de la folie !", lâche-t-il. Lui qui estime que sur la nationale, "on roule très bien".
Pour les actifs et les entreprises en revanche, l'A 69 peut être intéressante selon Vladimir. Ce gérant de garage automobile s'interroge toutefois sur l'avenir du chantier : "Je pense qu'ils vont faire un appel d’offres pour remettre tout ça en état, ça va être encore plus compliqué. Pour moi, c'est complètement fou".
Une situation en suspens
L'État annoncé qu'il allait faire appel de la décision du tribunal. Le ministre des Transports espère même une décision favorable de la cour administrative d'appel, pour une reprise rapide des travaux. Malgré tout, Delphine demeure sceptique. "Avec la nationale, ils nous ont fait des déviations de partout. Si l'autoroute ne se fait pas, la déviation va rester. Il y a des ronds-points de partout", s'agace la riveraine.
"C'est de l'argent gaspillé, du bitume en plus pour rien."
Delphine, riveraineà franceinfo
Pour elle, beaucoup de questions restent en suspens. En attendant, les pelleteuses et autres engins de terrassement restent à l'arrêt, protégés par des agents de sécurité comme Mohammed. "Toute la nuit on fait des rondes parce qu'il reste beaucoup de matériel. Ils ont avancé à 65 %, il reste 35 % pour finir le chantier. C'est dommage", lance l'agent. Comme lui, près d'un millier d'ouvriers travaillent sur ce chantier et attendent un nouveau rebondissement judiciaire.
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