Vidéo Un catamaran à moitié en lin pour une navigation plus durable

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Article rédigé par Olivier Chauve
Radio France

À Nice, le sommet des océans était l'occasion de mettre en avant des solutions pour naviguer en se passant des matières et des énergies fossiles. Le We Explore, catamaran de croisière présenté par le skipper Roland Jourdain, est le fruit de 15 ans de recherche pour réduire l'utilisation de fibre de verre et les résines issus de pétrole dans la navigation de plaisance.

"Là, on flotte sur un champ de lin d'un hectare et demi". Debout sur le pont arrière de son catamaran "We Explore" amarré dans le port de Nice pour la 3e conférence des Nations-Unies sur les océans, Roland Jourdain dit "Bilou", deux victoires de la Route du Rhum au compteur, nous accueille pour une visite de ce laboratoire flottant.

"C'est un bateau de croisière habituel qu'on a fait pas tout à fait habituellement", résume le navigateur. Le "We Explore" est le fruit de quinze ans de travail sur la fibre de lin, en commençant par un paddle pour aboutir à ce catamaran d'une quinzaine de mètres de long. Construit sur la base d'un modèle "de série" des chantiers Outremer, ici, la fibre de verre, "un matériau non renouvelable, qui demande beaucoup d'énergie pour être construit, et qui est très difficilement recyclable", utilisé par la quasi-totalité de la flotte de plaisance, est remplacé à 50% par de la fibre de lin.

"En France, on a le meilleur lin du monde."

Roland Jourdain, skipper

à franceinfo

"Alors pourquoi le lin ?", anticipe le skipper. "En France, on a le meilleur lin du monde. Ça, c'est plutôt sympa", poursuit-il. "Donc on voulait aussi être dans une logique de circuits courts et de relocalisation."

À l'intérieur, le travail pour se passer des dérivés du pétrole se poursuit : des éléments de cuisine montés avec des vis pour se passer des résines de synthèse, une table à manger en matériau 100% biosourcé, etc.

Des matériaux biosourcés, première étape d'une navigation plus sobre

L'aménagement lui-même du bateau répond à une logique de sobriété. "On peut parfois imaginer se passer d'une technique complète si on ose changer un peu son usage", développe Roland Jourdain. Ainsi, sur le "We Explore", pas de frigo. "Typiquement, pour l'alimentation, si on est d'accord de s'alimenter un peu autrement, on peut conserver des aliments sans avoir besoin de groupe de froid, qui est le premier poste énergétique sur un bateau." Un four solaire qui remplace le four électrique traditionnel, un double robinet eau de mer/eau douce qui permet de réduire les besoins de désalinisation, ou encore une douche-brumisateur qui réduit, elle aussi, les consommations d'eau douce : à bord, de multiples astuces pour réduire les besoins énergétiques du bateau sont testées.

"La technique et la technologie vont nous aider à passer quelques paliers dans la transition énergétique ou au niveau des ressources, mais on n'arrivera pas 'au zéro impact' si, en parallèle de ça, on ne change pas nos usages et nos comportements. Parce que si c'est pour continuer à faire pareil qu'avant, mathématiquement ça ne marche pas", conclut le loup de mer écolo.

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