Le prix Nobel d'Économie Philippe Aghion favorable à une "interruption" de la réforme des retraites pour éviter "l'instabilité"

Interrogé sur France Inter mardi, Philippe Aghion estime qu'une telle mesure permettrait également d'éviter l'arrivée du Rassemblement national au pouvoir.

Article rédigé par franceinfo
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L'économiste Philippe Aghion, le 9 décembre 2022 à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
L'économiste Philippe Aghion, le 9 décembre 2022 à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Philippe Aghion, qui a reçu lundi le prix Nobel d'Économie, se dit mardi 14 octobre sur France Inter favorable à une "interruption" de la réforme des retraites pour éviter "l'arrivée du Rassemblement national" et "l'instabilité". Cette "interruption" de la réforme des retraites "va coûter de l'argent" mais "c'est un prix modique à payer pour une stabilité économique et politique", assure l'économiste.

Philippe Aghion milite pour une "interruption d'horloge", c'est-à-dire "stopper" l'âge de départ à la retraite à 62 ans et 9 mois jusqu'à la présidentielle de 2027 et "si quelqu'un veut changer la réforme des retraites, qu'un nouveau gouvernement propose une nouvelle réforme en 2027", dit-il. "S'il ne se passe rien, l'horloge reprend à ce moment-là."

"Un prix modique à payer"

Mettre en pause la réforme des retraites "va coûter de l'argent" mais "le coût de l'instabilité, notamment en termes de flambée des taux d'intérêt, serait beaucoup plus grand", estime-t-il. La suspension de la réforme des retraites, demandée par les socialistes, coûterait au moins 3 milliards d'euros en 2027 selon Matignon, ce qui fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat. La déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mardi après-midi, sera scrutée particulièrement sur ce sujet.

S'il annonce une interruption de la réforme des retraites, Philippe Aghion, qui a soutenu la campagne de François Hollande en 2012, "espère que les socialistes vont accepter, vont réaliser que c'est une grande concession et qu'ils vont dire 'avec ça, on peut fonctionner'". L'économiste espère que le PS "va dire 'l'interruption d'horloge, eh bien, je prends, je prends parce que je sauve le pays du danger de l'arrivée du Rassemblement national. Je ne veux pas l'arrivée du Rassemblement national en France et je ne veux pas de l'instabilité politique à laquelle conduirait une nouvelle censure. Donc je pense que c'est un prix modique à payer pour une stabilité économique et politique", insiste-t-il.

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