"Je dois aller jusqu'à 67 ans, vous imaginez ?" : avant la déclaration de politique générale, des membres de la CFDT attendent un geste de Sébastien Lecornu sur les retraites

Le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale mardi devant les députés. Le sort réservé à la réforme des retraites sera crucial.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De gauche à droite, Ibtissem da Fonseca, Nadia Lamda et Gabriel Lahaye sont membres du syndicat CFDT. (SANDRINE ETOA / RADIO FRANCE)
De gauche à droite, Ibtissem da Fonseca, Nadia Lamda et Gabriel Lahaye sont membres du syndicat CFDT. (SANDRINE ETOA / RADIO FRANCE)

Ils travaillent comme caissières, employés de la restauration, dame de ménage ou dans les services à la personne… Ces membres de la CFDT font des métiers dits "essentiels" et participent à un ouvrage collectif qui sort le 17 octobre intitulé Essentiels si essentiels, aux éditions de L'aube. À quelques heures de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu pour fixer la feuille de route du gouvernement, l'avenir de la réforme des retraites est au centre de l'attention.

De ce discours de Sébastien Lecornu, Nadia Lamda, originaire de Grande-Synthe, dans le Nord, "n'attend plus rien". "Sincèrement, pour améliorer notre quotidien, on ne pense pas au gouvernement. Moi et mes collègues, on se pose toujours la question, le 15 du mois : comment on va finir le mois ? Et je gagne un peu plus que le Smic, un tout petit peu plus, après quand même trente ans de boîte", explique-t-elle.

L'âge de départ comme première préoccupation 

Cette mère de trois enfants, 51 ans, déplore un âge de départ à la retraite "surréaliste" : "J'espère que Monsieur Lecornu va procéder au retrait de cette fameuse réforme parce que j'ai pris des congés parentaux pour élever mes enfants, donc ça me rallonge encore une fois mon âge de retraite. Si je veux avoir une retraite à taux plein, je dois aller jusqu'à 67 ans. Vous imaginez ? 67 ans, c'est très compliqué physiquement et moralement, j'y pense même pas."

Si le Premier ministre assure que "tous les débats sont possibles, dès lors qu’ils sont dans un cadre réel et réaliste", il n'a pas exprimé d'intention claire concernant la réforme. Pourtant, il sera peut-être obligé d'accéder à l'exigence du PS d'une "suspension immédiate et complète" s'il veut éviter la censure.

En attendant, Gabriel Lahaye préfère aussi éviter de penser au jour où il rendra son tablier. Mais ce gérant dans la restauration collective en Vendée souhaite que Sébastien Lecornu se prononce pour une abrogation pure et simple de la réforme. "Ça n'engage que moi", dit le délégué CFDT, qui se sait à rebours de son syndicat, favorable à une simple suspension. "Il faut y réfléchir différemment parce qu'aujourd'hui il y a un déficit, je l'entends, il faut être responsable. Maintenant, on ne peut pas travailler jusqu'à 64 ans sur des métiers physiques et manuels. Si je vais jusqu'à 64 ans, j'ai commencé à 15 ans et demi, donc ça va faire presque cinquante ans d'activité. C'est peut-être un peu beaucoup pour une seule personne", estime-t-il.

"Il n'y a pas la pénibilité du travail prise en compte et ce n'est pas normal."

Gabriel Lahaye, employé dans la restauration collective et délégué CFDT

à franceinfo

Autre aberration, l'injustice fiscale, estime Ibtissem da Fonseca, ancienne agente de propreté à l'hôpital devenue responsable de site : "Je pense qu'il y a des personnes qui sont quand même bien riches et que si on pouvait commencer par eux, ce serait pas mal parce qu'en général, ils sont plutôt forts pour ne pas contribuer." La théorie du ruissellement, ça ne marche pas, selon la trentenaire qui attend aussi une annonce forte de Sébastien Lecornu sur le pouvoir d'achat.

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