Proposition de loi Duplomb : le sénateur Laurent Duplomb, favorable à la réintroduction de l'acétamipride, dénonce "une naïveté coupable" de l'opposition

3 500 amendements ont été déposés avant l'examen de cette proposition de loi au Sénat, ce qui pourrait empêcher le vote sur le texte. Le sénateur à l'initiative de la proposition de loi défend désormais plutôt un passage devant une commission mixte paritaire.

Article rédigé par franceinfo
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Le sénateur Laurent Duplomb espère que sa proposition de loi agricole sur la réintroduction des néonicotinoïdes pourra être adoptée via une commission mixte paritaire. (DANIEL PERRON / HANS LUCAS / VIA AFP)
Le sénateur Laurent Duplomb espère que sa proposition de loi agricole sur la réintroduction des néonicotinoïdes pourra être adoptée via une commission mixte paritaire. (DANIEL PERRON / HANS LUCAS / VIA AFP)

Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire, agriculteur lui-même, auteur de la loi agricole dite Duplomb, sur la réintroduction de pesticides néonicotinoïdes, notamment l'acétamipride, dénonce lundi 26 mai sur franceinfo "une naïveté coupable" de l'opposition face à la concurrence européenne. Ce texte qui divise les députés est en discussion dans l'Hémicycle, alors que les agriculteurs manifestent devant l'Assemblée nationale pour faire pression sur les parlementaires. Il y a également des barrages filtrants et des opérations escargots en Ile-de-France. Selon lui, l'acétamipride en France "a été interdite sur une décision politique", parce que "les 26 autres pays d'Europe l'autorisent".

"Des incertitudes majeures" demeurent sur les effets neurodéveloppementaux de l'acétamipride, résumait notamment en 2024 l'agence sanitaire européenne, l'Efsa. Il faudrait de "nouveaux éléments" pour pouvoir en "évaluer de manière adéquate les risques et les dangers", insistait l'agence, appelant pour l'heure à abaisser nettement les seuils auxquels ce pesticide est jugé potentiellement dangereux. Et pourtant, le sénateur Laurent Duplomb défend son texte face à ceux qui veulent faire jouer le principe de précaution : "Aujourd'hui, ce qui est factuel, c'est que l'Efsa autorise la molécule acétamipride", insiste-t-il.

A la question de savoir si on peut dire aujourd'hui que cette molécule est sûre à 100%, le sénateur de Haute-Loire, ne donne pas de réponse. Il préfère aborder le sujet de la concurrence déloyale dont sont victimes les agriculteurs français face à leurs homologues européens qui utilisent l'acétamipride. "Ce que je vois, c'est qu'aujourd'hui la France et les Français consomment 70% de fruits qui sont importés, 60% de légumes qui sont importés de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne", explique-t-il. "Pourquoi les producteurs de noisettes qui vont perdre 60 à 70% de leur rendement redemandent l'acétamipride ? Tout simplement parce que les Italiens qui font de la noisette ont l'acétamipride et qu'aujourd'hui ils fournissent ce que nous on ne produit pas", constate Laurent Duplomb.

Vers une commission mixte paritaire

Avec 3 500 amendements, dont 1 500 venant des écologistes et 800 des insoumis, hostiles au texte, il faudrait 100 à 150 heures de débats. Ce qui est impossible matériellement pour aller au bout de l'examen du texte d'ici la fin de semaine. La proposition de loi risque de ne pas être discutée à l'Assemblée nationale et de faire l'objet d'une motion de rejet préalable. Dans ce cas-là, les débats auront lieu au sein d'une commission mixte paritaire [CMP], composée de sept sénateurs et de sept députés, et où la droite et le centre sont majoritaires.

Laurent Duplomb dénonce une "vraie obstruction" des écologistes et des insoumis mais se montre confiant sur le passage de cette proposition de loi en CMP. "Ce travail-là, nous le mènerons en CMP, promet-il. Nous prendrons tout le temps qu'il faut parce que là, pour le coup, nous ne serons pas contraints par la durée. La CMP peut durer une semaine, quinze jours, trois semaines… Nous discuterons article par article, entre sept sénateurs et sept députés, et nous essaierons de trouver un texte qui soit un texte de compromis pour qu'il ait le plus de chance possible d'être voté après les conclusions de la CMP à l'Assemblée nationale."

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