"Emmanuel Macron est tenté de retourner sa veste" : les agriculteurs de la Confédération paysanne manifestent à Paris contre l'accord UE-Mercosur

Alors que le projet d'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur passera bientôt devant le Conseil européen, la Confédération paysanne appelle à la mobilisation mardi.

Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des agriculteurs manifestent à l'appel de la Confédération paysanne contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, à Paris le 14 octobre 2025. (EDOUARD MARGUIER/RADIOFRANCE)
Des agriculteurs manifestent à l'appel de la Confédération paysanne contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur, à Paris le 14 octobre 2025. (EDOUARD MARGUIER/RADIOFRANCE)

Une nouvelle fois, des tracteurs défilent à Paris contre le projet de traité entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paragay, Bolivie). La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, manifeste à son tour mardi 14 octobre.

"Mercosur mort à coup sûr", est écrit sur la banderole installée sur l'un des quatre tracteurs avec l'hôtel des Invalides en toile de fond. Quelques centaines de personnes présentes dans le cortège et dénoncent notamment les futures importations sud-américaines de bœuf, de porc, de volaille ou encore de sucre. Pour Roger, maraîcher et éleveur dans les Bouches-du-Rhône, l'avenir de l'agriculture française est en jeu : "Ce sont des accords qui vont privilégier l'agriculture industrielle, comme d'habitude, et qui vont pénaliser les petits paysans."

La France ne ferme plus la porte

Officiellement, la France ne veut pas de ce projet de traité. Au dernier salon de l'agriculture de Paris, le président Emmanuel Macron a de nouveau affirmé qu'il était opposé au texte "en l'état", mais n'a pas repris la parole depuis les dernières annonces de la Commission en septembre. L'exécutif européen s'est prononcé en faveur de mesures de sauvegarde "robustes" pour les produits agricoles "sensibles".

Ce mécanisme permettra d'arrêter les importations à la moindre perturbation de marché dans un État membre. Le gouvernement français salue des progrès, et en coulisse, l'Élysée ne ferme plus la porte à cet accord. Thomas Gibert, porte-parole national de la Confédération paysanne qui anticipe un changement de position du chef de l'État : "On voit qu'il est tenté de retourner sa veste et de dire qu'avec ces quelques miettes, on pourrait estimer que le traité est acceptable. Nous, ce que l'on répète, c'est que ça ne changera en rien dans les conséquences dramatiques que ça aura sur notre agriculture et notre alimentation."

La majorité des pays européens est pour : l'Allemagne en tête, l'Italie, réticente, a fini par se déclarer en faveur du traité. La minorité de blocage un temps recherchée par la France semble désormais impossible à atteindre. Les eurodéputés avaient nettement rejeté deux motions de censure début octobre, l'une venant de l'extrême droite, l'autre de la gauche radicale. La Commission veut aller vite et espère la validation des États membres avant la fin décembre. Le texte est dorénavant sur la table du Conseil européen.

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