Ce que l'on sait du coup de filet après des enlèvements dans le milieu des cryptomonnaies, dans lequel 25 personnes ont été mises en examen

Vingt-cinq personnes ont été mises en examen. Les investigations portent notamment sur la tentative d'enlèvement de la fille et du petit-fils du PDG de Paymium, le 13 mai, en pleine rue à Paris.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le tribunal judiciaire de Paris, porte de Clichy, le 29 mai 2025. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)
Le tribunal judiciaire de Paris, porte de Clichy, le 29 mai 2025. (HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / AFP)

Elles ont été interpellées lors d'un vaste coup de filet. Vingt-cinq personnes ont été mises en examen, samedi 31 mai, pour tentative d’enlèvement en bande organisée et association de malfaiteurs, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte, notamment, sur la tentative d'enlèvement de la fille et du petit-fils du PDG de la société de cryptomonnaies Paymium, le 13 mai, en pleine rue à Paris.

Les investigations portent aussi sur "d'autres projets non aboutis" dans ce secteur devenu la cible d'enlèvements et de tentatives d'enlèvements, a précisé le parquet de Paris. Franceinfo résume ce que l'on sait à ce sujet.

Six mineurs parmi les 25 personnes mises en examen  

Parmi les 25 personnes mises en examen figurent six mineurs, a précisé le parquet de Paris. Dix-huit personnes ont été placées en détention provisoire, trois ont sollicité un débat différé devant des juges des libertés et de la détention, et quatre ont été placées sous contrôle judiciaire.

Les personnes interpellées sont pour la plupart nées en région parisienne, l'une à Chatellerault (Vienne), trois autres au Sénégal, en Angola et en Russie, entre janvier 2002 et mai 2009, a ajouté le parquet. Ils sont donc âgés de 16 à 23 ans.

Cette salve d'arrestations a débuté lundi, avec l'interpellation d'une dizaine de personnes à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, et à Nantes, en Loire-Atlantique. Elles sont soupçonnées d'avoir été des exécutants dans le cadre de ces enlèvements ou tentatives d'enlèvements.

Une violente tentative d'enlèvement en plein Paris au cœur de l'enquête 

L'information judiciaire ayant mené à ce coup de filet porte notamment sur la tentative d'enlèvement de la fille et du petit-fils du PDG de la société spécialisée Paymium, le 13 mai en pleine rue, dans le 11e arrondissement de la capitale. 

Des hommes cagoulés avaient surgi d'une camionnette blanche siglée Chronopost alors que cette femme, son mari et leur enfant marchaient sur le trottoir. Après plusieurs minutes de lutte, et l'intervention de passants, les malfaiteurs avaient fini par prendre la fuite. La brigade de répression du banditisme (BRB) avait été saisie de l'enquête, ouverte pour "tentative d’arrestation", "enlèvement", "séquestration ou détention arbitraire commise en bande organisée" et "violences aggravées". Selon une source proche de l'enquête à franceinfo, tout le commando impliqué dans cette tentative d'enlèvement a désormais été interpellé.

Les investigations ont révélé qu'un précédent passage à l'acte avait été tenté la veille, et interrompu en raison de problèmes matériels, et qu'une équipe se constituait dans le projet de commettre un autre fait similaire, a indiqué le parquet de Paris. Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait réuni, mi-mai, les professionnels de la cryptomonnaie pour "prendre ensemble des mesures pour les protéger".

Un projet d'enlèvement près de Nantes et la séquestration du père d'un entrepreneur à Paris

L'information judiciaire porte aussi sur un projet d'enlèvement près de Nantes, déjoué in extremis par les forces de l'ordre dans la nuit de lundi à mardi. L'intervention a été menée par les enquêteurs de la BRB, autour de 3h30, dans un quartier tranquille de la banlieue nantaise. Le suspect, propriétaire d'une camionnette blanche sur laquelle on pouvait lire "déménageurs", projetait d'enlever un homme d'affaires qui a fait fortune dans la cryptomonnaie.

Cette vague d'interpellations s'inscrit aussi dans le cadre de l'enquête ouverte après l'enlèvement, le 1er mai à Paris, du père d'un entrepreneur à succès du secteur. Séquestré pendant deux jours dans une maison de l'Essonne, il avait été mutilé (un doigt sectionné) pour exiger une rançon de 5 à 7 millions d’euros.

La brigade de recherche et d'intervention l'avait libéré le 3 mai, et cinq suspects ont été interpellés et mis en examen dans ce dossier. Agés de 18 à 26 ans, nés en Algérie, à la Réunion, au Chesnay (Yvelines) et à Levallois (Hauts-de-Seine), ils ont déjà été condamnés pour des faits de violences ou d'extorsion, ou de nature différente, avait précisé la procureure de la République, Laure Beccuau. 

Les investigations vont désormais "s'attacher à explorer les liens existant entre chacun des protagonistes, à exploiter l'ensemble des éléments recueillis au cours des perquisitions et à identifier l’ensemble des personnes impliquées dans les faits révélés", a fait savoir le parquet samedi.

Des profils de mis en cause jeunes, "hameçonnés par de l'argent" 

Pour Ambroise Vienet-Legué, qui défend l'un des suspects du volet nantais, ce dossier se caractérise par des "profils très jeunes, hameçonnés par de l'argent puis pris dans une dynamique qui les dépasse""Mon client a reconnu avoir été l'un des fusibles d'une machine criminelle" et "regrette amèrement", a assuré son avocate auprès l'AFP. Son client, âgé de 18 ans, a été placé en détention provisoire.

"Mon client, fraîchement 18 ans et recruté par des personnes aguerries, risque d'aller en détention à cause d'un contexte où la justice veut faire passer un message, sans individualiser", s'est inquiété Sobieslaw Bemmoussat, autre avocat qui défend l'un des mis en cause. 

Alors que certains ont été placés sous contrôle judiciaire, "il est rassurant de constater que dans un dossier à fort écho médiatique les magistrats fassent la part des choses et tiennent encore compte de la minorité des mis en examen", a commenté Julien Fresnault, avocat d'un adolescent de 16 ans, accusé d'être impliqué dans une première tentative d'enlèvement avortée des proches du PDG de Paymium, le 12 mai. 

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