"Je me sentais là où je devais être" : le questionnaire de Proust d'Elisabeth Platel, directrice de l'école de danse de l'Opéra de Paris

Écrivains, musiciens, photographes, comédiens, couturiers, cinéastes… Durant tout l'été, des artistes se livrent à ce jeu pour franceinfo Culture. Aujourd'hui, Élisabeth Platel, une danseuse étoile qui a cotoyé les plus grands et rêve de se téléporter au temps de Louis XIV.

Article rédigé par franceinfo Culture - Propos recueillis par Valérie Gaget
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Élisabeth Platel, directrice de l'école de danse de l'Opéra national de Paris, lors d'un gala en hommage à Patrick Dupond, au Palais Garnier, le 21 février 2023. (YONATHAN KELLERMAN / ONP)
Élisabeth Platel, directrice de l'école de danse de l'Opéra national de Paris, lors d'un gala en hommage à Patrick Dupond, au Palais Garnier, le 21 février 2023. (YONATHAN KELLERMAN / ONP)

Élisabeth Platel est l'une des danseuses classiques les plus brillantes de sa génération. Nommée étoile de l'Opéra de Paris en 1981 pour son interprétation de Giselle, elle fut l'une des interprètes préférées de Rudolf Noureev dont elle dansa l'ultime création, La Bayadère, en 1992. Cette ballerine dirige depuis plus de vingt ans l'école nationale de danse de l'Opéra de Paris, où elle a formé plusieurs générations d'artistes. L'école organise en juillet un stage d'été pour les 10-19 ans, de 30 nationalités différentes.

Franceinfo Culture : Cet été, vous serez plutôt travail ou plutôt sieste ? En tournée, en studio ou en congés ?
Élisabeth Platel :
Cet été sera mixte. J'accompagne 12 élèves de Première division [la dernière année pour les élèves de l'école de danse] à Tokyo, au Japon, pour deux spectacles, puis je goûterai quelques petites semaines de repos.

Le ballet "Napoli", chorégraphié par Auguste Bournonville, qui sera dansé à Tokyo, au Japon, par les élèves de l'école de l'Opéra national de Paris en juillet 2025. (SVETLANA LOBOFF / ONP)
Le ballet "Napoli", chorégraphié par Auguste Bournonville, qui sera dansé à Tokyo, au Japon, par les élèves de l'école de l'Opéra national de Paris en juillet 2025. (SVETLANA LOBOFF / ONP)

En vacances, vous préférez la montagne ou la plage ? Le nord ou le sud ?
J'aime la montagne, le silence des randonnées, le lever du soleil dans la fraîcheur du matin.

Si un danseur disparu pouvait se réincarner, vous choisiriez de danser avec qui ?
Jeune danseuse, j'ai beaucoup admiré Jean-Pierre Bonnefous, étoile de l'Opéra de Paris puis au New York City Ballet. J'aurais adoré être sa Terpsichore dans l'Apollon Musagète de George Balanchine.

Vous préférez le travail en studio ou l'adrénaline de la scène ?
J'aime l'adrénaline du studio et le travail qui conduit à la liberté sur scène.

Quel est le ballet ou le danseur que vous n'avez jamais vu et rêveriez de voir ?
Le Ballet de la nuit pour savoir comment Louis XIV battait son entrechat [un saut bien connu de la danse classique].

Votre meilleur souvenir de danseuse ?
Il y a de nombreux meilleurs souvenirs. Un des plus marquants fut mon premier défilé du ballet lors de mon entrée à l'école de danse, il y a cinquante ans. Je me sentais là où je devais être.

Et votre pire cauchemar ?
Il y a des spectacles où tout se passe merveilleusement et il y a ceux où il y a une cascade de problèmes. Ce fut le cas pour un remplacement au pied levé dans le ballet Giselle.

Si vous étiez vous-même un ballet, ce serait lequel et pourquoi ?
Je serais La Dame aux Camélias de John Neumeier, pour le personnage, pour la musique de Chopin et pour John, chorégraphe de l'émotion.

Quelle musique, quelle phrase, quelle rencontre a bouleversé votre vie ?
Je vibre à la musique d'Alexandre Glazounov ; je garde comme maxime la phrase de Rudolf Noureev : "Pas parler, faites ! "

Quels sont les personnages de ballet que vous avez détestés ?
Il y a eu des rôles plus difficiles à aborder par leur difficulté technique ou leur profil psychologique, mais à force de travail, on a fait ami-ami.

Et ceux qui vous ont toujours accompagnée ?
Raymonda, Odette-Odile dans Le Lac des cygnes, La Sylphide, Gamzatti et Nikiya dans La Bayadère, Giselle et Myrtha et tant d'autres sont mes sœurs chorégraphiques.

Quel est le lieu où vous vous sentez chez vous ?
Une maison dans le Sud-Ouest qui s'est imposée à moi, un vrai coup de foudre.

Quel est le lieu qui vous inspire ?
Dans cette maison, devant une flambée, sur un air d'opéra.

Quelle est la question qui vous horripile ?
"À part la danse, qu'est-ce que vous faites ?"

Et celle que l'on ne vous a jamais posée ?
Je l'attends…

L'école de danse de l'Opéra de Paris organise jusqu'au 12 juillet un stage d'été auquel participent dans ses locaux de Nanterre quelque 200 danseurs de 10 à 19 ans. Les élèves les plus capés de l'école danseront sur la scène du New National Theater de Tokyo les 18 et 19 juillet.

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