Athènes, Zaanse Schans, Barcelone, Venise... Comment s'organise la lutte contre le surtourisme
Face à l'afflux massif de touristes, les autorités locales et les associations de préservation du patrimoine montent au créneau.
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De plus en plus de sites touristiques saturent et l'expriment. En Europe, après Venise ou Barcelone, la grogne émane ces derniers jours du village pittoresque de Zaanse Schans aux Pays-Bas et d'Athènes. "Depuis plusieurs années, le Zaanse Schans est un symbole national du surtourisme", regrette l'adjoint au maire de la ville voisine de Zaanstad, Wessel Breunesse.
Très (trop ?) photogénique avec ses moulins à vent et ses maisons à pignons en bordure de rivière, Zaanse Schans et ses bâtisses centenaires s'avèrent incontournables pour qui visite les Pays-Bas. Le débat houleux autour de l'entrée à 17,50 euros prévue pour 2026 s'inscrit dans un contexte mondial de rejet du tourisme de masse, qui a conduit des destinations convoitées, comme Venise, à devenir payante pour la journée.
Un péage pour financer la préservation du site
Pour le conseil municipal de Zaanstad, l'entrée payante est indispensable pour préserver le patrimoine, les vieux bâtiments subissant une "forte pression" due au nombre de touristes. Environ 2,6 millions de touristes s'y sont rendus l'année dernière. Si personne n'agit, ce chiffre devrait passer à 3 millions dans les années à venir, selon le conseil municipal. Un droit d'entrée pourrait réduire le nombre annuel de visiteurs à environ 1,8 million et financer la préservation des bâtiments historiques. "Ne rien faire n'est pas une option. Sans ressources suffisantes pour assurer un entretien adéquat, le patrimoine sera perdu à court terme (cinq à sept ans)", alerte la commune dans un communiqué envoyé à l'AFP.
Ce que beaucoup de touristes ignorent, c'est que si la plupart des bâtiments du village datent du XVIe siècle, le site lui-même est en quelque sorte une création artificielle. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les vieilles maisons à pignons en bois étaient menacées de disparition dans toute la région. Soucieux de préserver cet héritage, le maire Joris in 't Veld a élaboré un plan : déplacer ces maisons vers un nouveau site protégé.
Le premier moulin est arrivé en 1955, la première maison quelques années plus tard. Finalement, le site "Zaanse Schans" est devenu suffisamment célèbre pour être officiellement "inauguré" par la reine Juliana en 1972. "Le Zaanse Schans n'a jamais été conçu pour attirer les foules internationales comme c'est le cas aujourd'hui, avec des millions de visiteurs venus du monde entier", a fait remarquer l'adjoint au maire Breunesse.
Conscient de l'hostilité de certains habitants, le conseil municipal s'est engagé à ce que le site reste gratuit pour les habitants et à ce qu'aucune clôture physique ne soit installée autour de la zone. Bien que le dispositif soit prévu pour l'année prochaine, un amendement a été introduit pour permettre un éventuel report de la mesure.
Un cadre législatif plus protecteur
En Grèce, c'est le cœur historique d'Athènes qui suscite l'exaspération. Les visiteurs y affluent. Giorgos Zafeiriou, président de l'association des résidents du quartier de Plaka où il vit depuis plus de trente ans, ne reconnaît plus ses rues. Pour lui, son quartier "est menacé par le surtourisme", alerte-t-il. C'est "le quartier le plus vieux d'Europe qui a été habité sans interruption depuis l'Antiquité. Nous ne pouvons pas le voir perdre son âme", renchérit Lydia Carras, à la tête de l'association pour la préservation de l'environnement et de l'héritage culturel, Ellet. Surnommé le "quartier des Dieux", Plaka est niché en contrebas de l'Acropole qui abrite le Parthénon, temple du Ve siècle avant J.-C., visité par près de 4,5 millions de touristes en 2024.
Cette année, 10 millions de visiteurs, soit deux millions de plus que l'an dernier, sont attendus dans la capitale grecque qui rencontre un succès grandissant. Depuis la fin de la pandémie de covid-19, Athènes est devenue une destination en soi, et plus juste un point de transit entre l'aéroport international et le port du Pirée, tout proche, pour rejoindre en bateau les îles de la mer Egée. Athènes "figure maintenant parmi les 10 premières villes les plus visitées au monde", confie à l'AFP Haris Doukas, le maire de la capitale grecque. Toutefois, "il y a des zones comme Plaka qui sont saturées de touristes, reconnaît l'édile. Nous ne sommes pas encore au stade de Barcelone, mais nous devons agir avant qu'il ne soit trop tard." Alors que dans la cité espagnole, des habitants en colère dénoncent en manifestant les excès du tourisme de masse.
À Athènes, une "unité d'intervention" pour Plaka a récemment été créée pour faire respecter les règles, avec le soutien de la police municipale, dans ce quartier protégé par un décret présidentiel. En 1993, ce décret avait obligé à fermer les clubs, protéger les habitations et spécifier l'utilisation de chaque bâtiment dans le quartier. Des hôtels peuvent ouvrir leurs portes à Plaka mais uniquement dans des rues précises. Pour le compte d'Ellet, l'avocat a saisi le Conseil d'État sur la légalité de 16 bâtiments convertis entièrement en locations saisonnières et qui, selon lui, masquent en fait des établissements hôteliers, car ils disposent de réception ou servent des petits-déjeuners en terrasse. La décision, attendue d'ici à septembre, pourrait faire jurisprudence.
Une limitation les locations saisonnières
Pour l'ensemble du centre d'Athènes où le nombre de locations saisonnières s'élevait déjà, en 2024, à plus de 12 000, entraînant une hausse inédite des loyers, le gouvernement conservateur a voté l'interdiction de nouveaux enregistrements d'appartements sur les plateformes de locations de courte durée pour au moins un an. "Le problème en Grèce n'est pas de voter des lois, mais de les faire appliquer", estime Dimitris Melissas.
Les cas de Zaanse Schans et d'Athènes font écho à différentes remises en question récente du tourisme de masse et ses effets, entre autres, en termes d'immobilier et de loyers, en Europe, mais pas seulement. Il y a notamment Barcelone, sa crise du logement et ses transports publics évoqués dans des reportages du printemps 2024. Et il y a surtout Venise, en crise depuis de nombreuses années, qui a modifié récemment sa taxe touristique et s'est insurgée contre l'organisation du mariage du milliardaire Jeff Bezos, lequel a déplacé finalement le lieu de la cérémonie.
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