Dior, Yiqing Yin, Saint Laurent, Agnès B. : neuf expositions mode, dans et hors musées, dans l'Hexagone, cet été

La mode s'affirme comme un phénomène culturel et s'expose. Elle est considérée comme un art plus accessible où le vêtement n'est plus du tout perçu comme superficiel car la question du corps est plus centrale aujourd'hui dans l'identité, et particulièrement pour les jeunes générations.

Ainsi ces derniers mois, Paris a accueilli, entre autres, Louvre Couture, Dolce & Gabbana, Azzedine Alaïa, Thierry Mugler. 1980-1990, Au fil de l'or. L'art de se vêtir de l'Orient au Soleil-Levant et Wax. Les régions n'ont pas été en reste avec, par exemple, S'habiller en artiste au Louvre-Lens, Le Jardin d'Hélène au Musée provençal du costume et du bijou à Grasse.

Alors que Paris vibre au rythme de la Fashion Week masculine printemps-été 2026 (du 24 au 29 juin) et de la semaine de la haute couture automne-hiver 2025-2026 (du 7 au 10 juillet), en régions, des expositions consacrées aux créateurs méritent le détour. En voici neuf pour vous régaler tout au long de cet été !

"Élégance et modernité. L’Art déco a 100 ans !" à Saint-Quentin

L'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris, célébrant le design et l'innovation de l'époque, a marqué l'apogée du style Art déco, laissant une empreinte durable sur l'architecture, le design et les arts décoratifs. En 2025, pour célébrer son centenaire, Saint-Quentin organise Elégance et modernité. L’Art déco a 100 ans ! offrant l'opportunité de redécouvrir ce mouvement et son influence sur le patrimoine culturel, tout en mettant à l’honneur un siècle de créativité et d’élégance. Cette exposition prend place au cœur du Palais de l’Art déco, édifice emblématique de l’architecture Art déco de la ville. Elle est conçue comme une déambulation à travers les pavillons iconiques de l’Exposition de 1925 : le pavillon de l’Élégance, le pavillon des Diamantaires, le pavillon du Collectionneur. Le parcours met en lumière le savoir-faire des grandes maisons, dont certaines perdurent aujourd’hui comme Vuitton, Guerlain ou Lanvin, ainsi que les innovations artistiques et techniques qui ont contribué à la démocratisation du style Art déco dans la vie sociale. À travers une sélection de 300 œuvres et objets – bijoux, vêtements, cristallerie, orfèvrerie, mobilier et arts graphiques -, découvrez la diversité des styles et la richesse créative de cette période d’intense effervescence.

Exposition "Elégance et Modernité. l'art déco a 100 ans", jusqu'au 21 septembre. Palais de l’Art Déco : 14, rue de la Sellerie. 78180 Saint-Quentin.

"Dior. Jardins enchanteurs" à Granville

Depuis 1997, année d’ouverture au public de la maison d’enfance du couturier, le musée Christian Dior organise des expositions thématiques mettant en valeur ses créations et celles de ses successeurs. Plus de vingt ans après l’exposition Dior côté jardins en 2001, les jardins sont à nouveau à l’honneur. Essentiels dans la vie de Christian Dior, ils ont été une source d’influence majeure pour le couturier tant en matière de mode qu’en matière de parfums. À leur tour, les directeurs artistiques de la maison Dior aujourd’hui - directeur de la Création Parfums ainsi que les créateurs des accessoires, de la joaillerie ou encore des arts de la table - s’emparent des jardins qu’ils déclinent avec élégance et fantaisie. Cent vingt ans après la naissance de Christian Dior à Granville, relire le jardin de son enfance à travers le prisme de ses créations et celles de ses successeurs est une occasion de célébrer un créateur qui se disait autant parfumeur que couturier.

Exposition "Dior, jardins enchanteurs", jusqu'au 2 novembre. Musée et jardin Christian Dior. Villa Les Rhumbs. 1, rue d’Estouteville. 50400 Granville.

"Yiqing Yin. D’air et de songes" à Calais

Cette exposition met en lumière l’hybridation des disciplines artistiques entre rêve et exploration des sens de Yiqing Yin. En invitant la première créatrice d’origine chinoise à recevoir l’appellation française de haute couture, le musée propose une immersion dans un travail d’une grande densité et délicatesse. À la croisée des arts, ses œuvres sculpturales et évanescentes tissent un dialogue entre la fragilité de l'humain et la force créatrice de la nature. Grand couturier, directrice artistique, créatrice de costumes et muse, Yiqing Yin est une artiste pluridisciplinaire reconnue internationalement. Le parcours de l’exposition invite à pénétrer au cœur du processus créatif, à saisir l’idée avant même la réalisation de la robe. Le hasard, l’inattendu et l'indéterminé sont les clefs du voyage sensoriel où l'œuvre se révèle. L’artiste puise son inspiration dans le minéral, le végétal et l’animal, élaborant ainsi une poétique du vivant qui tisse le fil rouge de l’exposition. Chaque création se révèle comme un paysage onirique, où rêve et éveil des sens s'entrelacent en une esthétique de la métamorphose. Robes haute couture, images (photographies, films, dessins), textures sonores (murmures, bruissement d’air) et sillages olfactifs rythment ce parcours immersif, invitant à une exploration intime de son imaginaire.

L'exposition "Yiqing Yin. D'air et de songes", jusqu'au 4 janvier 2026. Cité de la dentelle et de la mode. 135 quai du Commerce. Calais.

"Raoul Dufy et la mode" à Hyères

Le Musée des Cultures et du Paysage d’Hyères célèbre l’union de l’art et de la mode avec l’exposition Raoul Dufy et la mode transportant les visiteurs dans l’univers chatoyant et novateur de cet artiste majeur du XX^e siècle. Peintre, dessinateur, graveur et décorateur français (1877-1953), il est reconnu pour son style caractérisé par des couleurs vives et des motifs dynamiques. Son œuvre, ancrée dans la modernité de son époque, a influencé les arts décoratifs et la mode. Dès les années 1920, il collabore avec la maison de soierie Bianchini-Férier et le couturier Paul Poiret, créant des motifs audacieux qui révolutionnent l’industrie textile. Cette exposition est réalisée en co-commissariat avec la maison Brochier Soieries et Bianchini-Férier. Elle réunit plus de 25 robes, signées Paul Poiret et d’autres grands noms de la haute couture ainsi que des costumes de scène. En plus des robes, près de 60 motifs, gouaches, dessins, tissus et soies tendues sont présentés, explorant les thématiques chères à l’artiste : les animaux, la mythologie, les fleurs, l’abstraction et les scènes de vie. Une scénographie évoquant un atelier de soierie et d’essayage plonge le visiteur dans l’atmosphère créative de l’époque. L’exposition se tient au moment où la Villa Noailles, institution emblématique de la mode et de la haute couture, célèbre le 40e anniversaire du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires.

Exposition "Raoul Dufy et la Mode"du 18 juillet au 16 novembre. La Banque. Musée des Cultures et du Paysage. 14, avenue Joseph Clotis. 83400 Hyères.

"agnès b. On aime le graff !!" à Roubaix

Styliste, galeriste, collectionneuse, mécène et photographe, Agnès B., pour qui la mode s’inspire de la rue, nous fait partager son goût pionnier et éclairé pour le graff. Au fil de ses collections, elle dédie plusieurs thèmes à cet art qui renouvelle la pratique de la peinture et collabore avec des graffeurs de renom. "Ce qui me tient à cœur et que je ne cesse de répéter, c’est que le graffiti n’est pas une pollution. Au contraire, c’est un art riche. Quelque chose qui embellit la vie, qui embellit la ville", déclare-t-elle. L'exposition agnès b. On aime le graff !! présente des confrontations inédites mêlant vêtements et œuvres originales. Depuis plusieurs années, la ville de Roubaix est devenue le terrain de jeu favori des artistes de l’art urbain. Longtemps marginalisés, graffitis, collages et pochoirs sauvages ont déferlé sur les murs de la ville "aux mille cheminées". Cette exposition est organisée dans le cadre de Fiesta, 7e édition de lille3000, et de la 4e édition du festival URBX, organisé jusqu'au 29 juin 2025 à Roubaix et dans la métropole lilloise.

Exposition "agnès b. On aime le graff !!" du 27 juin au 11 janvier 2026. La Piscine. 23, rue de l’Espérance. 59100 Roubaix.

"Vêtements bavards" à Roubaix

Artiste aux multiples terrains de jeux, Mahjoub Ben Bella collabore avec La Redoute au début des années 2000, faisant voyager son écriture de la toile de ses peintures à celle des robes et chemises de la créatrice belge Souâd Feriani. Ce motif-signature est le point de départ de ce nouvel accrochage des cabines Mode de La Piscine. Présentant de planes et mobiles surfaces, les vêtements sont porteurs de messages. À l'image d'une page blanche prête à accueillir les lettres du poète et du publiciste, ils se parent de mots qui décorent, définissent, suggèrent et clament. L’habit prononce silencieusement les discrètes initiales d’un propriétaire brodées sur l’envers et murmurent sur l’endroit slogans publicitaires, noms de maisons et traits d’esprit.

Exposition "Vêtements bavards" du 27 juin au 28 septembre. La Piscine. 23, rue de l’Espérance. 59100 Roubaix.

"Jean Barthet. Le prince des chapeaux ou l'art de l'accentuation" à Nay

La Maison Carrée de Nay (dans le département des Pyrénées-Atlantiques) présente la première exposition jamais consacrée au modiste Jean Barthet (1920-2000) créée en collaboration avec son fils, Alexandre Barthet. Ce chapelier a imprimé une marque indélébile sur l’histoire de la mode pendant plus de quarante ans. Servant à la fois les stars - de Grace Kelly à Brigitte Bardot en passant par Sophia Loren, Lauren Bacall, Michael Jackson ou Catherine Deneuve - et les plus grandes maisons de couture, l’artisan a traversé les décennies. Son nom résonne encore sur les shootings photo d’Annie Leibovitz pour Lady Gaga. Success-story et destin hors norme, gloire d’un métier, imaginaire du luxe et du glamour sont au menu de cette exposition où l'on peut découvrir trente chapeaux ! Mais aussi quatre-vingt photos, quinze esquisses et dessins, vingt archives de presse, quatre dédicaces et quatre extraits de films. 

Exposition "Jean Barthet. Le prince des chapeaux ou l'art de l'accentuation" jusqu'au 11 octobre. La maison Carrée de Nay. Place de la République. 64800 Nay.

Nefeli Papadimouli et la Saison Textile à Nîmes

Dans le cadre de la Saison Textile, Nîmes présente un parcours d’œuvres textiles contemporaines de l’artiste Nefeli Papadimouli. Sa pratique transdisciplinaire mêle costume, installation, performance, architecture, sculpture et action participative, dans une approche qui brouille les frontières entre ces différents médiums. Si le textile y est prédominant, elle pense surtout ses œuvres comme des exercices poétiques interrogeant nos constructions culturelles et nos relations sociales. Présenté dans trois musées et un centre d’art nîmois jusqu'au 21 septembre, le parcours est composé de six installations. La direction artistique du parcours a été confiée à Anna Labouze & Keimis Henni. Ces œuvres - exposées de manière à entrer en dialogue avec les lieux où elles sont accueillies - sont présentées à Carré d’Art - Musée d’art contemporain de Nîmes, au Musée du Vieux Nîmes, au Musée des beaux-arts de Nîmes et au CACN - Centre d’art contemporain de Nîmes.

"Yves Saint Laurent et la photographie" à Arles

Pour la première fois aux Rencontres d’Arles, une exposition, conçue à partir de la collection photographique du musée Yves Saint Laurent Paris, explore une histoire de la mode autant qu’une histoire de la photographie. Yves Saint Laurent est l’un des couturiers les plus photographiés et l’un de ceux qui a le plus prêté attention aux grands photographes du XXe siècle spécialistes de mode ou non : Avedon, Bailey, Beaton, Bourdin, Doisneau, Horst, Issermann, Lartigue, Meerson, Moon, Seidner, Sieff. L’exposition Yves Saint Laurent et la photographie montre la relation qu’entretenait le couturier avec ce médium et ces photographes. Un premier parcours, réunissant 80 œuvres, retrace chronologiquement l’évolution des images de mode et des portraits emblématiques. Du portrait d’Irving Penn en 1957 à celui de Patrick Demarchelier en 2004, en passant par les clichés expérimentaux de William Klein en 1962 et les prises de vue backstage de Bettina Rheims dans les années 1980, chaque image témoigne d’une époque. Reconnaissables, ces photographies ont participé au rayonnement d’Yves Saint Laurent dans le monde et ont marqué l’imaginaire collectif. Un deuxième parcours, conçu comme un cabinet de curiosités, retrace ces mêmes années à travers la présentation de 200 objets issus des archives du musée Yves Saint Laurent Paris : planches‑contacts, cahiers de publicité, catalogues de campagne, coupures de presse, magazines et photographies personnelles témoignent du rôle central de la photographie dans sa vie comme dans l’histoire de sa maison de couture.

Exposition "Yves Saint Laurent et la photographie", du 7 juillet au 5 octobre. Les rencontres de la photographie d'Arles.