"Un festival de qualité, accessible à tout le monde" : spectateurs et cinéphiles évoquent leur édition 2025 du festival De l'écrit à l'écran
Le festival a fermé ses portes jeudi soir. Plus de 32 000 spectateurs ont assisté aux projections de plus d'une trentaine de longs-métrages. Rencontre avec les festivaliers entre les salles obscures et le "Village" du festival.
La 14e édition du festival De l'écrit à l'écran, en fermant ses portes dans la soirée du jeudi 25 septembre, a livré son palmarès. Dans la compétition Cinéma et littérature qui a réuni six films, Dites-lui que je l'aime de Romane Bohringer, adapté du roman éponyme de Clémentine Autain, est reparti avec le Prix du public. Celui de la presse est allé à La Disparition de Josef Mengele de Kirill Serebrennikov, une adaptation du roman éponyme d'Olivier Guez. Enfin, le nouveau Prix de l'image Pierre-William Glenn a été décerné au directeur de la photographie Piotr Sobocinski Jr. pour Lumière pâle sur les collines de Kei Ishikawa, adapté de l'œuvre éponyme de Kazuo Ishiguro. Des films que de nombreux festivaliers ont pu voir du 19 au 25 septembre à Montélimar. Nous en avons rencontré certains entre deux projections.
Nathalie, 62 ans, et sa tante Joëlle, 72 ans, sont d'incurables cinéphiles qui ont profité de cette édition du festival pour voir "plein de choses". Dans leur escarcelle : 16 séances réparties sur les 7 jours de festival. L'un de leurs coups de cœur cette année est au palmarès, Dites-lui que je l'aime de Romane Bohringer. Nathalie, qui vivait en région parisienne et qui a emménagé il y a trois ans à Montélimar, a découvert le festival l'année dernière.
Cinéphiles de tout âge
Emballée, elle a convié cette année sa tante, qui vit désormais à Tours. "Je suis venue spécialement pour le festival", précise-t-elle dimanche 21 septembre, confortablement installée au "Village" du festival. À leur table également, Charlette, 84 ans. Est-elle aussi cinéphile que ses voisines ? "Oui", mais poursuit-elle, "j'habite la campagne, c'est compliqué". L'octogénaire, résidant au Puy-Saint-Martin, a fait 20 km pour venir profiter de la programmation, soit "une bonne demi-heure" donc, pour arriver à Montélimar. "Quand vous êtes à 20 km, ça change tout." Mais rien ne décourage Charlette.
Samedi, elle a découvert L'Étranger de François Ozon. "Ça m'a fait très plaisir de le voir parce que j'ai retrouvé les émotions et les interrogations que j'avais eues, l'espèce de mal-être dans lequel on était en finissant le bouquin. C'est plombant." Un avis que partage Joëlle et Nathalie qui ont pu, elles, assister à la soirée d'ouverture la veille. "On a commencé avec La Femme la plus riche du monde [film d'ouverture de Thierry Klifa]. Laurent Lafitte est magistral. On a envie de le claquer pendant tout le film parce que c'est une belle performance. Je pense qu'un film est bien fait quand vous l'analysez encore mieux le lendemain."
Et se tournant vers Charlette, Joëlle lance : "Je ne sais pas si vous êtes d'accord, Madame, mais Ma Frère [de Lise Akoka et Romane Gueret] était époustouflant." Charlette n'en pense pas moins. "J'étais directrice d'établissement spécialisé. J'avais des enfants avec des problèmes, des gros, des petits et des moyens. J'ai pris une claque parce que je me suis dit que je n'étais plus à la page sur la jeunesse, qu'il fallait que je révise un peu mes classiques."
"Tous les artistes sont accessibles"
Si Joëlle et sa nièce sont devenues des inconditionnelles du festival De l'écrit à l'écran, c'est pour son accessibilité. "Nous sommes très cinéphiles. On fait aussi le Festival de Cannes en tant que cinéphiles, mais ça devient compliqué", explique Nathalie. "On ne peut plus avoir d'accréditation maintenant", poursuit Joëlle. "Ici, c'est à la portée de tout le monde", indique Nathalie. "Les comédiens, les scénaristes, les réalisateurs, même les chanteurs... Tous les artistes sont accessibles. L'année dernière, j'avais déjà été scotchée parce que je ne m'attendais pas à trouver une telle programmation. Il faut vraiment le souligner, c'est accessible à tout le monde."
Elles craignent déjà que le festival, qui célébrera sa 15e édition en 2026, ne le devienne moins, car de plus en plus couru. Il a réuni "plus de 32 000 spectateurs" pour l'édition 2025 pour plus d'une trentaine de séances proposées.
Les festivalières apprécient également l'accueil, ces moments de convivialité qu'elles peuvent partager au "Village", lieu de rencontres et de restauration. "C'est un événement culturel important, un moment d'échanges et de rencontres", souligne Bérénice, 58 ans, qui connaît l'événement depuis ses débuts. "Je suis danseuse. J'ai fait ici un hommage dansé au cinéma pendant dix ans et je continue à venir même si ça a changé. Mais c'est très bien cette évolution."
À ses côtés, Isabelle, 67 ans. "C'est la quatrième année que je viens et je viens à fond. Je me rends disponible la semaine du festival. Ce que j'aime, c'est l'ambiance. C'est ce qui se passe, se présente, ce qu'on peut saisir. C'est l'écran qui suscite tout cela. J'ai rencontré des gens ici et nous avons plaisir à nous revoir d'année en année."
Dimanche, Joëlle et Nathalie ont vu Dites-lui que je l'aime qu'elles ont beaucoup aimé. "Un vrai coup de cœur" pour toutes les deux, "un film à la fois intime et pudique", ajoute Nathalie. "Quand je suis sortie de la séance, je ne pouvais pas parler. Je disais à [Romane Bohringer], même moi, ce que j'ai connu de personnel – une mère qui perd sa fille – je peux le transposer dans ce récit. Son film est vraiment très beau."
Nathalie a aussi beaucoup apprécié Marcel et Monsieur Pagnol, "œuvre originale qui nous apprend encore beaucoup de choses sur l'auteur". Joëlle, pour sa part, a donné une mention spéciale à La Bonne Étoile de Pascal Elbé, "une 'tragicomédie' digne de La Grande vadrouille et de La Vie est belle" ou encore à Qui brille au combat de Joséphine Japy, "film pudique et vrai".
"Faire le lien avec nos cours d'histoire"
Les coups de cœur de Bruno, 58 ans, assidu depuis "quatre ou cinq ans" sont aussi multiples. Résidant à Viviers, en Ardèche, à une quinzaine de kilomètres de Montélimar, il est particulièrement sensible à la philosophie du festival. "C'est très puissant que ce soient des films sortis de romans qui soient projetés", a confié Bruno après la projection dimanche soir de La Petite Dernière, le film de Hafsia Herzi, qui a reçu le Prix De l'écrit à l'écran cette année. "Il y a une dimension qui permet la réflexion, de se poser des questions."
C'est exactement ce que souhaite Vanessa Lhoste, la directrice du festival. "De plus en plus, on arrive à creuser presque une catégorie parallèle qui prend le pouls de la société. Ce qui était vraiment une volonté scolaire d'arriver à proposer des réponses sur des grandes questions", confirme-t-elle. C'est beau, ce lien qui se tisse dans la programmation, note-t-elle par ailleurs, avec les enseignants et les élèves." De l'écrit à l'écran reçoit "environ chaque jour 2 000 scolaires". Lundi matin, ceux de terminale ont découvert 13 jours, 13 nuits", film de Martin Bourboulon adapté du récit de Mohamed Bida, qui a été en charge de la sécurité de l'ambassade française, sur l'évacuation de cette dernière à Kaboul après l'arrivée surprise des talibans dans la capitale afghane en août 2021.
La classe de terminale d'Alan, Ninon et Gabin, tous âgés de 17 ans, a eu un cours sur l'Afghanistan avant la projection du film et le débat organisé par la suite avec Mohamed Bida, le 22 septembre. "C'est bien parce qu'on peut élargir notre culture, voir des films et là, on a directement rencontré le héros du film", constate Alan. "Des gens que l'on n'aurait jamais rencontrés", poursuit Gabin.
"Cela nous a permis de faire le lien entre nos cours d'histoire, ce que les profs nous apprennent", explique encore Ninon. La classe devrait de nouveau aborder la thématique après la projection. "En tout cas, merci d'organiser ça", un message que la lycéenne souhaite voir être transmis aux organisateurs. Nathalie et Joëlle les remercient tout autant pour ce "très beau festival, un festival de qualité".
Le palmarès complet de la 14e édition du festival De l'écrit à l'écran :
Prix du public
Dites-lui que je l'aime de Romane Bohringer, adapté du roman éponyme de Clémentine Autain
Prix de la presse
La Disparition de Josef Mengele de Kirill Serebrenikov, adapté du roman éponyme d'Olivier Guez
Prix de l'image Pierre-William Glenn
Lumière pâle sur les collines de Kei Ishikawa, adapté du roman éponyme de Kazuo Ishiguro (directeur de la photographie : Piotr Sobocinski Jr.)
Prix du jury jeune
La Danse des renards de Valérie Carnoy
Et une mention pour Le Gâteau du président de Hasan Hadi
Prix du jury diversité
Qui brille au combat de Joséphine Japy
Et une mention coup de cœur pour TKT de Solanfz Cicurel, adapté du roman Tout ira bien d'Elena Tenace
Prix du jury senior
Dites-lui que je l'aime de Romane Bohringer, adapté du roman éponyme de Clémentine Autain
Et une mention coup de cœur pour L'Inconnu de la grande arche de Stéphane Demoustier, adapté du roman La Grande Arche de Laurence Cossé
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